Du Zidane, du Henry et du Benzema: Désiré Doué, l’explosion d’un nouveau crack français?

À seulement 19 ans, Désiré Doué va disputer mardi une demi-finale aller de Ligue des Champions face à Arsenal. Une marche de plus franchie par le joyau parisien dans cette saison XXL, marquée aussi par ses débuts chez les A en équipe de France. Mais après Zinedine Zidane, Thierry Henry, Karim Benzema ou encore Kylian Mbappé, assiste-t-on à l’explosion d’un crack français? Eléments de réponse avec ceux qui ont vu exploser les grands noms du football tricolore.

Le 8 avril dernier, Désiré Doué se présente dans la salle de presse du Campus PSG de Poissy. Au moment de rentrer dans la pièce, un long silence s’installe. Le natif d’Angers longe les rangées de journalistes la tête haute, le visage fermé, avec un physique imposant. Du haut de ses 1,81m, le milieu offensif parisien apparaît avec une musculature impressionnante. "Je suis encore un très jeune joueur, j’essaie de progresser au quotidien. Au PSG, Les cadres sont là pour me recadrer dans les périodes plus difficiles", explique le numéro 14 du PSG. Mais depuis son arrivée au club, Doué ne cesse d’impressionner. Le bilan est aujourd’hui tout aussi bluffant: 13 buts et 8 passes décisives toutes compétitions confondues. Le tout alimenté des dribbles et des accélérations à faire douter les défenses les plus expérimentés du championnat et même d’Europe.

Paris protège (un peu plus) son joyau

"J’en fais parfois un peu trop, mais j’essaie de garder ma personnalité", a aussi indiqué l’ancien Rennais lors de son dernier passage face à la presse. Il a aussi eu de brefs moments de passage à vide, comme lors du match à Nantes (1-1) mardi dernier. Mais au club, l’heure est à la discrétion et la protection du nouveau joyau de l’effectif. Un moyen d’offrir à Désiré Doué l’espace pour vraiment s’épanouir alors qu’il entretient toujours une très bonne relation avec Luis Enrique. Cette ascension fulgurante provoque une grande prudence dans son entourage qui se méfie des superlatifs utilisés au quotidien. Une façon de protéger là aussi le joueur de 19 ans d’une chute plus dure après une progression rapide, en cas de contre-performance.

Benzema-Doué, la même maturité

Un contexte semblable à ce que d’autres "cracks" du football français ont connu par le passé. À commencer par Karim Benzema, lors de ses débuts en 2004 avec l’équipe première de l’Olympique Lyonnais. À l’époque, l’attaquant délivre une passe décisive pour Bryan Bergougnoux lors de son premier match de Ligue 1. "Les processus de formation, de préparation, d'acquisition des connaissances ont changé. Doué a appris avec Benzema... Déjà ça, cela a changé. Il a grandi avec ce type de profil. Karim a 15 ans quand il vient s'entraîner avec nous, ce n'était quand même pas la même chose. Il était en opposition avec de vieux briscards", confie Robert Duverne, ancien préparateur physique de l’OL.

Pour sa première saison, Benzema inscrit 12 buts en 14 rencontres. Pour Doué, son bilan lors de l’exercice actuel s’élève à 6 réalisations et 7 passes décisives. "C'est difficile de faire le parallèle avec autant d'années d'écart. Le football a changé. C'est aussi le cas avec Hatem Ben Arfa. Sa caractéristique principale c'est cette maturité qu'avait Benzema. Ils sont jeunes mais jouent comme de vieux joueurs", conclut Duverne.

Henry-Doué, la même force mentale

Dans ce modèle de précocité, Désiré Doué rejoint aussi Thierry Henry qui a fait ses débuts avec le groupe professionnel de Monaco à seulement 17 ans. Lors de sa première saison sur le Rocher (1994-1995), il inscrit trois buts en huit matchs de Ligue 1. "Sur le plan intellectuel se sont les mêmes. Ils savent où ils vont. Ils sont très intelligents, ils ont démarré très jeune. Je ne peux pas dire que Thierry Henry était au-dessus de Désiré Doué, mais c'est cette même force mentale. Henry c'était quelqu'un vraiment qui réfléchissait constamment, à ses étapes d'améliorations. Je serais fier aujourd'hui à la place de Doué d'être comparé à lui. Je lui souhaite la même carrière, si possible en restant en France", confie Luc Sonor, ancien défenseur de l’ASM.

Mais ce statut de "crack" naissant, Henry aura mis du temps avant de s’y faire. Pour s’écarter de la pression médiatique, l’ex-international français a pu s’appuyer sur son mentor Arsène Wenger. Comme Désiré Doué peut lui compter sur un entourage très présent avec son papa mais aussi son frère Guéla qui évolue du côté de Strasbourg. "Il ne faut pas le brûler. Il est dans une phase exceptionnelle. Il aura un trou, comme tout le monde. À partir du moment où il aura compris qu'il est à Paris et qu'il n'y a pas de titulaire indiscutable, cela ira parfaitement. Il fait un super début de carrière mais il n'a pas encore fait une carrière. Là il y a la Coupe d'Europe, cela va très vite pour lui. Mais quand je regarde ses interviews et ses matches, c'est un grand garçon. Ce n'est plus un bébé", conclut Sonor.

Zidane-Doué, les mêmes dribbles

"Mon modèle, c’est Neymar. Je pense que tout le monde le sait maintenant, même lui ! Il a tant accompli dans le monde du football, et il m’inspire encore. J’espère suivre ses traces dans ma carrière. Je lui ai déjà parlé et j’en suis très heureux", a expliqué le milieu parisien, qui est souvent comparé à la star brésilienne. Désiré Doué enchaîne les dribbles chaque semaine, comme son modèle, avec plus ou moins de réussite. De quoi le rapprocher d’une autre légende du football français: Zinédine Zidane.

"Il y a des ressemblances au niveau technique. Dans les dribbles et la même utilisation du ballon pour éliminer l’adversaire. Doué me semble un peu plus mature, il affiche un peu plus tôt ses objectifs. Avant on était un peu plus humble. Cela ne veut pas dire qu’il a la grosse tête, cela fait partie de la nouvelle génération. Rolland Courbis avait une gestion particulière de Zinedine Zidane aussi, il n’était pas tout le temps titulaire. En cela aussi ils se ressemblent", raconte Laurent Croci, ex-défenseur des Girondins de Bordeaux.

Le nouveau joyau du club de la capitale va connaître une nouvelle étape importante mardi soir à l’Emirates Stadium, pour sa première demi-finale de Coupe d’Europe. A seulement 19 ans… "Il peut amener sa pierre à l’édifice, surtout en cas de qualification. Bien sûr que cela peut faire basculer sa carrière ! Mais est-ce qu’il a besoin de cet évènement là pour dire qu’il est un futur crack ? Je ne pense pas", précise Croci.

Arthur Perrot