Comment le conflit entre la Russie et l’Ukraine impacte le sport mondial

Un message en lettres majuscules sur un drapeau bleu et jaune: "Pas de guerre en Ukraine". Vladyslav Heraskevych a brandi une pochette transparente pour partager son inquiétude, il y a deux semaines, lors des Jeux olympiques 2022. L’athlète de 23 ans, natif de Kiev et spécialiste du skeleton, a profité de son passage à Pékin pour réclamer la fin du conflit entre l’Ukraine et la Russie. "C’est ma position, je me bats pour la paix", a-t-il expliqué.
Un cri d’alerte lancé au moment où la tension est montée d’un cran dans le Donbass, à l’est de l’Ukraine. Après avoir déployé des milliers de soldats à la frontière, Vladimir Poutine a décidé lundi soir de reconnaître l’indépendance des régions séparatistes pro-russes de Donetsk et Lougansk. Ses troupes ont investi les environs. En réponse, l’Ukraine a annoncé un plan de mobilisation de ses réservistes. De quoi craindre une escalade militaire dans les prochains jours.
La finale de Ligue des champions à Saint-Pétersbourg menacée
Un contexte inquiétant qui impacte les compétitions sportives. Selon la BBC, l’UEFA réfléchit très sérieusement à relocaliser la prochaine finale de Ligue des champions, prévue le 28 mai à la Gazprom Arena de Saint-Pétersbourg, au nord-ouest de la Russie. Lors d’une intervention devant le Parlement anglais, Boris Johnson, le Premier ministre britannique, a indiqué aux députés qu’il n’y avait "aucune chance d’organiser des tournois de football dans une Russie qui envahit des pays souverains". Reste à savoir où cette finale de C1 pourrait se dérouler.
En attendant, Oleksandr Zinchenko, le défenseur de Manchester City, a pris position sur les réseaux. "Le monde entier s’inquiète de la situation dans mon pays, a écrit l’international ukrainien (48 sélections), qui portait le brassard lors de l’Euro 2021. Je ne peux pas rester à l’écart et ne pas donner mon opinion. C’est le pays où je suis né et où j’ai grandi. Un pays dont je défends les couleurs sur la scène sportive internationale. Un pays que nous essayons de glorifier et de développer. Un pays dont les frontières doivent rester inviolables. Mon pays appartient aux Ukrainiens et personne ne pourra jamais se l’approprier. Nous n’abandonnerons pas! Gloire à l’Ukraine."
Dans la même veine, Vitali Klitschko, le maire de Kiev et ancien champion du monde de boxe (poids lourds), s’est engagé à protéger la capitale ukrainienne en cas d’invasion russe. "Nous espérons que ça n'arrivera pas, mais si des agresseurs viennent dans notre pays, nous n'aurons pas d'autre choix, nous devons défendre notre ville, notre pays, notre avenir", a déclaré l’homme politique de 50 ans au début du mois. Il s’est officiellement inscrit sur la liste des volontaires des troupes de réserve de l’armée, tout comme son frère Wladimir, lui aussi ex-champion de boxe.
Le Chakthior Donetsk contraint à l’exil
Le conflit dans le Donbass perturbe déjà le football européen depuis plusieurs années. L’UEFA a interdit "jusqu’à nouvel ordre" certains matchs entre équipes russes et ukrainiennes en Ligue des champions, en Ligue Europa et désormais en Conference League. Pour des raisons de sécurité. Une mesure adoptée en 2014 lors du début de cette guerre hybride, qui a fait des milliers de morts et forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leur domicile. Après la révolution de Maïdan, qui a abouti au renversement du gouvernement de Viktor Ianoukovitch, et l’annexion de la péninsule de Crimée à la Russie, le football local a été bouleversé.
Sur les cinq équipes majeures de l’est de l’Ukraine, trois ont dû s’exiler en urgence pour continuer à jouer. C’est le cas du Chakhtior Donetsk, l’une des plus grandes équipes du pays, actuellement en tête du championnat. Après le bombardement de la Donbass Arena, qui a accueilli la finale de l’Euro 2012, le club aux 13 titres de champion a migré à Lviv durant deux ans, avant de trouver refuge au stade olympique de Kiev. A 750km de son fief habituel. Le FK Zorya Lougansk, quatrième du classement, s’est installé à Zoporiya, à 400km de son stade. Le FC Olympik, un autre club de Donetsk, qui évolue en Persha Liga (deuxième division), est parti à Tchernigov, à 800km du Donbass.
Un déplacement du PSG Handball reporté
Les deux autres équipes importantes de la région, le FK Marioupol (qui a migré à Dnipro en 2014-2015) et le FK Kramatorsk, situées dans des zones contrôlées par l’Ukraine, utilisent toujours leurs infrastructures. Pour le moment. Depuis le début des tensions, deux clubs situés en Crimée ont quitté le championnat d’Ukraine: le FC Sevastopol et Tavriya Simferopol. Ils souhaitent être rattachés aux compétitions organisées en Russie, mais l’UEFA s’y oppose jusqu’à présent.
La semaine passée, le PSG Handball a vu son déplacement dans le sud-est de l’Ukraine annulé par la Fédération européenne. Les joueurs de la capitale devaient défier le Motor Zaporojie en Ligue des champions, mais la rencontre a été reportée. Elle pourrait se disputer sur terrain neutre, à une date qui n’a pas encore été annoncée.