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CAN 2022: comment les Comores sont sortis en héros, au terme d’une journée chaotique

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Les Comores ont été éliminés en 8es de finale de la CAN 2022 par le Cameroun, lundi à Yaoundé (2-1). Mais les partenaires de Youssouf M’Changama resteront dans les mémoires pour leur talent et leur courage, au terme d’une journée où rien ne leur a été facilité.

Certaines victoires ne se lisent pas sur un tableau d’affichage. Malgré leur élimination en 8es de finale de la CAN 2022 face au Cameroun, lundi à Yaoundé (2-1), les Comores ressemblent à une équipe victorieuse. Celle qui a conquis les cœurs. Au lendemain de leur match de légende, les joueurs d’Amir Abdou surfent sur une vague de sympathie déferlant des quatre coins du globe. Tout le monde a été touché par leur courage, leur abnégation et leur dignité face à une suite d’événements aux allures d’injustice. Leur retour au pays s’annonce triomphal. Pour leur première participation à la Coupe d’Afrique des nations, les Comoriens ont marqué l’histoire au terme d’une journée chaotique, qui leur a permis de devenir des héros. Bien au-delà de leur archipel de l’Océan Indien...

L’imbroglio Ahamada

Du haut de son mètre 72, Chaker Alhadur a été contraint d’enfiler les gants pour jouer les intérimaires face au Cameroun. L’habituel défenseur s’est mué en gardien de fortune au stade Olembe (où un mouvement de foule a fait huit morts), avec un maillot au flocage rafistolé. Les Comores souhaitaient pourtant aligner Ali Ahamada, l’ancien portier de Toulouse. Mais un changement de règlement de dernière minute les en a empêchés. Après avoir contracté le Covid-19, Ahamada a présenté un test négatif avant la rencontre. Mais la Confédération africaine a refusé de l’inscrire sur la feuille de match, en évoquant un protocole soudainement modifié.

Depuis le début de la compétition, un joueur infecté pouvait être dépisté toutes les 48 heures. Ce qui aurait permis à Ahamada, testé positif samedi, de pouvoir affronter les Lions Indomptables. Mais quelques heures avant le match, la CAF a annoncé qu’il faudrait désormais cinq jours d’isolement avant de pouvoir effectuer un test PCR à 48 heures d’une rencontre. Un timing qui a fait grincer des dents aux Comores. D’autant que la veille, la Tunisie a bénéficié d’une dérogation pour faire entrer Wahbi Khazri contre le Nigeria (1-0), moins de cinq jours après son test positif. Mais cette dérogation a été refusée à Ahamada. De manière assez incompréhensible.

Une arrivée de dernière minute au stade

La vidéo a largement circulé sur les réseaux avant le match. En suscitant une vague d’indignation. On y voit les Comoriens en train de commencer à se préparer dans leur bus. Accroupis dans le couloir, des membres du staff strappent des joueurs dans des conditions très inconfortables. La personne qui filme peste contre l’organisation et sous-entend que le véhicule transportant les Cœlacanthes a été bloqué dans les embouteillages, faute d’escorte suffisante.

Le contenu, visiblement issu d’une story, explique que la scène a été tournée à 18h45. Soit une heure et quart avant le coup d’envoi. D’autres images, relayés par des supporters camerounais, montrent le bus des Comores arrivant au stade Olembe, en affirmant qu’il est 18h35. Difficile de savoir qui dit vrai. Mais il semble bien que la préparation des Comores n’ait pas été idéale avant ce choc contre le Cameroun.

Le capitaine exclu d’entrée

Après ce prologue mouvementé, le match a démarré par un nouveau coup du sort pour les Comores. Leur capitaine, Nadjim Abdou, a été exclu dès la 6e minute pour une semelle sur Nicolas Ngamaleu. Après l’intervention du VAR, l’arbitre éthiopien Bamlaku Tessema Weyesa a décidé de sortir le rouge direct. Une décision jugée un peu sévère à ce moment de la partie. De quoi plomber un peu plus la 132e nation mondiale.

Une résistance héroïque

Réduits à dix, sans vrai gardien, dans un stade hostile, les Comoriens ne se sont pas pour autant recroquevillés en défense. Au contraire. Portés par un superbe état d’esprit collectif, les partenaires d’El Fardou Ben Nabouhane ont cherché à produire de jeu, en ressortant proprement le ballon malgré le surnombre adverse. Ils se sont d’ailleurs créés de nombreuses situations dangereuses et André Onana a dû s’employer pour que le Cameroun ne concède pas l’ouverture du score.

Si les Lions Indomptables ont frappé plus de fois au but (19 à 13), ce sont les visiteurs qui ont le plus cadré (7 à 6). Malgré plusieurs arrêts spectaculaires (dont une double parade en seconde période), Charek Alhadur a fini par céder devant Karl-Toko Ekambi (29e) et Vincent Aboubakar (70e). Mais Youssouf M’Changama est parvenu à réduire la marque d’un somptueux coup-franc (81e). Le milieu de terrain de Guingamp (Ligue 2) a d’ailleurs été élu homme du match.

Un coup de sifflet final express

Il n’a même pas attendu que le temps additionnel aille à son terme. Après 2 minutes et 59 secondes de rab, M. Weyesa a sifflé la fin de la rencontre alors que les Comoriens avaient amorcé un contre dangereux dans l’espoir d’égaliser. Une goutte qui a un peu fait déborder le vase de patience des Cœlacanthes.

Les joueurs d’Amir Abdou sont venus exprimer toute leur frustration devant l’officiel impassible, qui a rapidement été entouré par le service de sécurité. En refusant de dialoguer avec eux. Malgré tous ces vents contraires, les Comoriens ont conclu leur soirée avec le sourire, en célébrant leur beau parcours dans les vestiaires, où le rappeur Rohff est venu les saluer. De quoi booster encore un peu plus leur cote de popularité.

https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport