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Kaba Diawara (sélectionneur de la Guinée): "Je pense que la CAN va se jouer"

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Nommé sélectionneur de la Guinéele 12 décembre, Kaba Diawara a répondu ce mardi aux questions de RMC Sport. L'ancien attaquant passé notamment par Bordeaux, l'OM, Nice, Arsenal et le PSG a partagé sa confiance quant à la tenue de la Coupe d'Afrique des nations du 9 janvier au 6 février 2022 malgré le Covid-19. Le technicien a aussi expliqué comment il espérait convaincre certains binationaux de jouer avec la Guinée.

On connaissait bien évidemment Kaba Diawara en tant que joueur, vous avez ensuite été adjoint et vous voilà sélectionneur, votre idée a-t-elle toujours été d’entraîner après votre carrière?

Non, on m’avait d’ailleurs proposé de prendre l’équipe à 35 ans mais j’avais dit non car il y avait beaucoup de joueurs avec lesquels j’avais joué et je ne trouvais pas ça bien. J’ai pris le temps d’avoir mon diplôme de management mais je n’ai pas pu avoir le poste tout de suite. J’ai d’abord commencé comme manager mais après la CAN 2019 j’ai voulu prendre du recul car j’avais vu certaines choses qui ne me plaisaient pas.

Lesquelles?

Des comportements qui n’étaient pas bons. Quand tu es manager, c’est toi qui emmène l’équipe d’un point A à un point B donc tu vois certaines choses dont je ne parlerai pas ouvertement. Mais j’avais dénoncé ces comportements au coach qui n’avait pas voulu ou pas pu prendre de décisions. C’est à ce moment-là que j’ai souhaité prendre du recul mais on m’a alors proposé le poste d’adjoint que j’ai accepté car je pouvais avoir une attitude différente avec les joueurs.

Vous avez été confirmé à votre poste de sélectionneur de la Guinée, était-ce votre ambition au moment de prendre la suite de Didier Six en octobre?

Je ne sais pas si on peut parler d’ambition, une fois qu’on te dit de prendre l’équipe, c’est ton pays donc on ne peut pas dire non. J’ai fait beaucoup de sacrifices, y compris familiaux, pour être un jour en situation de…

Didier Six a eu des mots durs à votre encontre dans la presse, allant même jusqu’à dire que vous lui avez "glissé la peau de banane"…

On se croisera et on réglera ça en face. C’est très facile de se tirer dessus par presse interposée. Moi je ne me permettrai pas de parler de certaines choses dans la presse. Qu’il se permette de dire ça, sachant ce qu’on a traversé… Bref, j’attendrai de le voir pour qu’on puisse aplanir les choses.

Didier Six, l'ancien sélectionneur de la Guinée
Didier Six, l'ancien sélectionneur de la Guinée © Icon Sport

Vous êtes le cinquième sélectionneur en 5 ans, la Guinée semble avoir besoin de stabilité, comment l’instaurer?

Avec des résultats, déjà. Ce n’est pas un problème guinéen, cela concerne l’Afrique en général. Si les résultats ne sont pas là, on ne laisse pas le temps aux techniciens d’en faire. Donc il faut des résultats pour gagner du temps et pouvoir instaurer un projet de jeu collectif.

Votre liste pour la CAN, sortie aujourd’hui, comporte quelques surprises, comme les absences de François Kamano ou Mady Camara…

Il fallait une certaine forme de rupture avec ce qu’il se passait depuis deux ans donc j’ai fait des choix. Mais ce que je veux dire c’est que j’ai eu les joueurs qui ne sont pas là dans la liste pour leur expliquer et surtout mettre les choses au clair, rien n’est fermé pour personne. Pour tous les joueurs, il s’agit de montrer à chaque fois pourquoi ils doivent être là.

"Des individualités qui ne jouent pas forcément ensemble"

La Guinée n’a pas pu se qualifier pour la Coupe du monde 2022, c’est une grosse déception?

Ce n’est pas de ne pas s’être qualifié la grosse déception. On ne s’est jamais qualifié pour la Coupe du monde donc cela aurait été historique. La déception ce sont les résultats que l’on a eus, la manière dont on a perdu les matchs, c’est cela qui a causé la déception de tout le monde.

Comment analysez-vous l’équipe de Guinée aujourd’hui? De l’extérieur, elle donne l’impression d’avoir un potentiel pas tout à fait exploité…

Oui c’est aussi ce qu’on pense en interne. On a des individualités, beaucoup même, mais qui ne jouent pas forcément ensemble. À nous de donner l’alchimie entre jeunesse et expérience, de mettre en place un projet de jeu solide auquel les joueurs adhèrent. C’est le plus important parce que si les joueurs n’y adhèrent pas, tu peux courir dans tous les sens mais ça ne marchera pas. Le talent peut t’offrir une qualification mais pour aller loin dans une compétition, il faut jouer ensemble, il faut du courage, savoir souffrir ensemble. La CAN ça ne pardonne pas, si tu n’as pas tout ça tu te fais marcher dessus et tu rentres à la maison.

Quel est l’objectif pour la CAN?

C’est aller le plus loin possible. C’est facile de dire ça mais pour nous c’est réellement le cas. Ça se traduit au moins par sortir des poules et ensuite créer des exploits en fonction de nos adversaires.

À titre personnel aussi, il vous faut un résultat significatif?

J’en ai parlé avec le ministre des sports et oui la conclusion est la même, il faut aller le plus loin possible. Je n’ai pas signé deux ans donc si je veux être reconduit il me faut faire un résultat.

Diawara espère convaincre Guirassy et Simakan

Vous pouvez compter sur Ilaix Moriba (Leipzig) pour la compétition, est-ce une grande satisfaction?

Oui c’est une bonne trouvaille parce que c’est lui qui a émis le souhait de jouer pour la Guinée. Il peut être un joueur important pour nous. À lui de jouer et de bien jouer à ce niveau, de se mettre dans le coup pour postuler à une place dans l’équipe.

Cette CAN semble très incertaine en raison du Covid-19, avez-vous des nouvelles?

Il y a eu une réunion très importante dimanche mais rien n’a encore filtré. On continue de travailler avec la fédération, je pense qu’on va jouer cette CAN.

On parle souvent, en France, de la nécessité de convaincre les binationaux pour les nations africaines. Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie mettent des moyens pour y arriver, ça doit être le cas de la Guinée également?

On commence, oui. Dès que j’ai été confirmé, je suis parti à l’aventure pour voir certains profils. On a commencé le travail de fond, on risque d’ici peu d’avoir des garçons qui vont nous rejoindre. C’est pour ça que j’espère que la CAN se passera bien, pour leur montrer. C’est un travail compliqué, il faut un discours, une attitude pour faire comprendre que les intérêts sont partagés.

Mohamed Simakan avec Leipzig
Mohamed Simakan avec Leipzig © Icon Sport

Comment comptez-vous convaincre ces joueurs?

Au départ je les contacte par téléphone, il faut une première discussion, convenir ensuite d’un rendez-vous. J’ai été le premier binational dans les années 2000 et ce que j’ai connu à l’époque, ils n’auront pas à la connaitre. Sans se prendre pour ce que nous ne sommes pas, ce qu’on propose aujourd’hui, c’est vraiment pas mal. Il ne faut pas qu’ils aient peur de l’engagement mais pour se rendre compte que tout ce que je leur raconte n’est pas du flanc, il faut qu’ils viennent.

On parle de Guirassy (Rennes) par exemple, où en êtes-vous?

Ça avance parce qu’il n’est pas fermé, comme pour d’autres, sans trahir de secret.

Avez-vous d’autres noms en tête?

J’ai une vingtaine de noms, oui. Simakan de Leipzig, Diakhaby de Valence, Touré du Genoa ou encore Baldé (Le Havre), Traoré ou Mara (Bordeaux) pour les plus jeunes. Ce sont tous des joueurs avec qui je me suis entretenu récemment. Ils regarderont ce qu’on fera pendant la CAN, à nous d’être bons.

Loïc Tanzi