Auxerre-Guingamp : comment l’AJA a repris sa formation en main

Depuis sa relégation en L2 en 2012, Auxerre est tombé dans le relatif anonymat qui accompagne les équipes du deuxième échelon. Mais l’AJA, historique du foot français, refait parler d’elle avec sa demi-finale de la Coupe de France, ce mardi face à Guingamp (21h00). Un rendez-vous important qui marque son renouveau basé sur ce qui a longtemps été sa marque de fabrique : la formation. Depuis septembre 2014, le club bourguignon dispose en effet d’un centre de formation dernier cri. Hébergement tout confort, terrain en synthétique dernière génération, pôle médical, piscine, jacuzzi, sauna… Tout a été mis en œuvre pour dorloter les futures pépites amenées à jouer en équipe première avant d’être revendu au prix fort. Coût total : 8 millions d’euros pour une recette qui a longtemps fait le succès du club.
« C’est l’ADN du club. L’AJA a toujours vécu par sa formation, acquiesce Jean-Luc Vanucchi, entraîneur de l’équipe première. Il a même été précurseur en la matière. Aujourd’hui, le président (Guy Cotret, ndlr) et l’actionnaire (Emmanuel Limido) veulent perpétuer cela. 40% de l’effectif est formé chez nous et huit jeunes (Lenogue, Castelletto, Ndong, Kilic, Lefebvre, Berthier, Gavory, Fumu Tamuzo) font partie intégrante de l’équipe professionnelle. » Depuis son inauguration, le centre a déjà accueilli plusieurs émissaires étrangers et le club cherche à signer des partenariats avec la Chine et l’Arabie Saoudite pour exporter son savoir-faire. « On avait pris un peu de retard sur les équipements, explique Baptiste Malherbe, directeur de l’AJA Academy. On voulait ce nouveau centre pour figurer parmi les meilleurs en France en termes d’infrastructures. Le savoir-faire était déjà présent. »
Téléphones portables brouillés à partir de 22h
Et cela fonctionne plutôt bien puisque plusieurs joueurs ayant remporté la Gambardella la saison dernière ont intégré l’équipe première. A l’instar de François-Xavier Fumu Tamuzo, jeune attaquant de 20 ans qui rêve d’embrasser la carrière de Djibril Cissé. « J’ai habité pendant un an et demi là-bas et on ne manquait de rien au niveau des cours, de la récupération confirme-t-il. On avait tout sur place, on était comme des rois. » Et pour que les jeunes footballeurs ne s’égarent pas, tout a été prévu : interdiction du portable pendant les cours et brouillage des ondes à partir de 22h pour que les joueurs ne puissent plus communiquer. Des méthodes que n’auraient pas reniées Guy Roux.
« Avec 65 jeunes hommes âgés de 14 à 20 ans, on est obligé d’imposer des règles de vie très stricte, justifie Baptiste Malherbe. Les parents nous les confient, donc c’est à nous de faire de la mission éducative et sociale. Il y a beaucoup de règles de vie parce qu’on est leur deuxième maison. » Les principaux intéressés semblent comprendre cette surprotection et obtiennent leur récompense en grattant du temps de jeu avec les pros, notamment en Coupe de France. « Quand on avait trois matches dans la semaine, on a envoyé pas mal de gamins au feu pour aller se qualifier dans des endroits un peu pièges, note Vanucchi. Ils ont grandement participé à cette épopée. »