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Coupe de France: Saint Denis rêve des 16es de finale, le graal du football ultra marin

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Le Saint Denis FC (R1) a parcouru plus de 9500km pour rallier la Normandie depuis l’Ile de la Réunion afin d’y affronter le club de Dives-Cabourg (N3) en 32e de finale de Coupe de France ce samedi après-midi. Après une petite semaine de préparation à Lisses, en région parisienne, les Réunionnais donneront tout pour faire partie du cercle très fermé des clubs ultra-marins qui ont atteints les 16es de finale.

"Un 32e de finale, c’est beau déjà. Ça fait son petit effet. Regarde, j’ai un micro RMC devant la bouche", balance Tony Derfla, gardien du Saint Denis FC. Malgré les rires et les vannes qui fusent sur le terrain d’entraînement de Lisses, très boueux, la concentration est maximale chez les amateurs Dyonisiens "à l'esprit pro", selon leur coach Fred Bachelier, une des légendes du football local, qui ne vient pas en classe découverte. "C’est un bon et un mauvais tirage à la fois. Le fait de jouer cette équipe de Nationale 3, et une très bonne équipe de N3, cela nous donne malgré tout une petite chance de jouer un 16e de finale."

Ce qui serait un authentique exploit pour le football ultra marin et réunionnais. Seuls le Geldar de Kourou (Guyane) en 1989, la JS Saint-Pierroise (Réunion) en 2020 et le Club Franciscain (Martinique) en 2021 ont réussi cet exploit. Le Saint Denis FC en rêve et s’en est donné les moyens.

"On a privilégié l’aventure en Coupe de France" confesse Bachelier, qui a dû se contenter d’une cinquième place finale en championnat. "J’ai voulu mettre plus d’énergie dans cette compétition et moins en championnat, à cause de l’écart entre nous et les trois premiers, du fait aussi d’un recrutement tardif (comme les internationaux Malgaches Berajo et Dorian Bertrand par exemple, arrivés seulement en juillet). Je ne me suis pas trompé dans mon choix. Jouer les 32ème de finale, c’est énorme !"

Saint Denis a fait trembler le Paris FC l’an dernier

Un "All In" sur la Coupe de France gagnant, sans oublier une expérience certaine des Réunionnais dans la compétition. Depuis 1998 et la renaissance du club sous sa forme actuelle après des ennuis financiers, le Saint Denis FC est venu jouer quatre fois en métropole. L’année dernière déjà, à l’occasion du 8ème tour, le club Réunionnais a cédé de peu face aux professionnels du Paris FC à Charléty. Une défaite 3-1 dans les dernières minutes qui reste dans la tête du gardien Tony Derfla.

"On fait vraiment un bon match et on s’effondre sur la fin, mais ce sont des pros en face… c’est dommage mais ce sera une autre histoire en Normandie". Le coach s’appuiera forcément sur ce déplacement parisien de fin 2023. "On en a tiré des enseignements. On a tenu 88 minutes à égalité quand même! J’ai vu des choses intéressantes, notamment dans l’animation défensive. L’expérience est là et le groupe est le même à 80% par rapport à l’année dernière. Alors même le froid, on s’y adapte facilement."

Pas de Clairefontaine pour les ultra-marins en 2024

Ce qui est moins simple avant d’aller en Normandie, ce sont les conditions d’entraînement. Vacances obligent à Clairefontaine, les ultra marins n’ont pas la chance d’aller voir de près le célèbre château de l’équipe de France. Il faut se contenter d’un espace bien-être à Lisses, près d’Evry-Courcouronnes, pour le logement et d’un terrain accolé. Le capitaine Jérémy Anilha s’en contente. "Je suis trop heureux d’être ici, ce n’est pas Clairefontaine, c’est vrai, il y a beaucoup de boue. Bon… j’espère quand même un meilleur terrain à Cabourg."

Des conditions pas idéales pour affronter Dives-Cabourg, équipe de N3, c'est-à-dire une division au-dessus. "Il faudra créer un exploit mais on y croit, on a un groupe fort, et soudé depuis 6-7 ans maintenant. On respecte Cabourg, mais on vient pour faire un résultat", prévient le capitaine Anilha.

10.000 supporters au Stade de l’Est au huitième tour à la Réunion

Le seul regret pour les Réunionnais, finalement, c’est de ne pas avoir l’opportunité de jouer ce type de grand match à domicile, sur leur Île. A partir des 32ème de finale, le règlement impose aux ultras marins de venir en métropole, ce qui explique aussi la rareté des résultats positifs pour eux. D’autant plus qu’au 8ème tour de cette Coupe 2024-2025, le Saint-Denis FC s’est régalé en éliminant Vertou, équipe de Loire-Atlantique de N3, aux tirs-au-but, à domicile. "Le public Réunionnais aime ces tours-là! On veut vibrer pour ce genre de matches", prêche Tony Derfla. "On l’a vu au huitième tour, il y avait plus de 10.000 supporters au Stade de l’Est, chez nous ! On aimerait recevoir bien sûr, mais c’est comme ça, on s’adapte."

Le déplacement en métropole, de quasiment une semaine, est en plus problématique pour des amateurs. Le gardien est par exemple directeur de la logistique dans un Décathlon. "Il faut allier foot et vie professionnelle… mais dans mon entreprise on aime le sport, alors mes patrons essaient de m’arranger. Ils me laissent poser des congés sans problème." Le coach Fred Bachelier rappelle aussi qu’il y a "le fait de laisser sa famille dans une période de fête". Mais tous se disent "ravis d’être là", pour rêver à un 16ème de finale historique pour le football dyonisien, réunionnais et ultra marin.

Aurélien Tiercin