Coupe de France: Trois ans après la finale face au PSG, où en sont les Herbiers?

Plus de trois ans après, ils ne sont plus que trois. Vendredi soir, 19 h 30, les Herbiers (N2), finalistes de la Coupe de France contre le PSG en 2018, accueillent Bastia (Ligue 2) lors du 8e tour de la Coupe de France. Avec dans ses rangs, seulement un trio de "rescapés" de l’inoubliable épopée des Vendéens: Stéphane Masala, l’entraîneur, et les deux défenseurs, Kalifa Traoré et Benjamin Brélivet. "Avec le temps, on m’en parle moins", sourit le dernier nommé, qui avait participé à l’ensemble du parcours sauf la finale. Mais toujours un peu quand même. "C’est devenu l’ADN du club, on vit avec…", estime l’entraîneur. Impossible par exemple de manquer l’affiche XXL, barrée d’une grande inscription "Les Herbiers terre de géants" avec la date de la finale du 8 mai 2018, apposée sur le fronton du bâtiment administratif du club lorsque vous arrivez au centre d’entraînement de Massabielle, théâtre des premiers exploits des Herbretais.
"La finale restera longtemps dans les esprits, c’est exceptionnel ce qui nous est arrivé, raconte Michel Landreau, le président. Partout, où on va, on nous dit 'Tiens, on va jouer le finaliste de la Coupe de France!'" Une "étiquette", selon Brélivet, impossible à décoller. Une marque prestigieuse indélébile. "On ne sera jamais maintenant un club normal, poursuit le défenseur 'rescapé'. On est le finaliste de la Coupe de France 2018 contre le PSG." Et ça, le monde du foot n’est pas près de l’oublier.

Une relégation en N2 juste après la finale
Pourtant, aujourd’hui, le pain quotidien des Herbiers, c’est la Nationale 2. Bien loin des projecteurs, des stars du PSG, des paillettes et de l’engouement populaire. A deux jours d’une rencontre qui pourrait propulser le club vers un nouveau 32e de finale de la Coupe de France, dans un froid sec et venteux, mais sous un soleil généreux, Stéphane Masala prépare ses joueurs dans l’anonymat. Ce mercredi matin, pas un supporter à l’horizon. Seul un ouvrier travaillant sur un chantier à côté du terrain d’entraînement fait le curieux le temps d’une pause. Benjamin Guillou, l’adjoint de Stéphane Masala, anime le début de la séance. Le coach en chef, stoïque, un bonnet vissé sur la tête, ne loupe pas une miette de l’investissement des siens. "Pas de merguez! Ne frappe pas le ballon comme si tu tapais dans un paquet de je ne sais pas quoi! Mets une galette…" L’adjoint donne de la voix. A quelques mètres, Anthony Payet, frère de Dimitri, s’étire. Il soigne une petite contracture qui devrait le priver (comme l’ancien Amiénois Emmanuel Bourgaud aussi blessé) de la rencontre contre les Corses.
Le temps d’une soirée, Les Herbiers vont retrouver l’ambiance des grands soirs. Plus de 2.000 spectateurs sont attendus. Une parenthèse de plaisir dans une saison plutôt galère. Onzième (sur seize) du groupe D de N2, le club vendéen aura toutes les peines du monde cette saison à grimper en National, objectif annoncé et espéré. S’extirper de la quatrième division nationale, les Herbiers essaient depuis… 2018. Quatre jours après la finale perdue, les Rouge et Noir, encore euphoriques, tombent de haut à Béziers. Une relégation de N1 à N2.
Le club a implosé
"Malheureusement, on descend de peu cette saison-là, regrette aujourd’hui le président Landreau. Tous les résultats nous avaient été défavorables à la dernière journée…" Stéphane Masala n’a pas oublié: "Après cette finale, il y a eu cette chute aux enfers et cette descente en N2. Joueurs, staff technique… Tout le monde est parti." Plus de 20 éléments quittent la Vendée. Michel Landreau: "Logiquement, les joueurs ont été sollicités par des clubs de Ligue 2 et étrangers et c’était normal avec la mise en lumière qu’il y avait eu sur eux." Encore aujourd’hui, le technicien vendéen s’interroge: "On se pose souvent une question: qu’aurait donné cette équipe l’année d’après avec ces liens tissés avec ce parcours?" On ne le saura jamais.
Avec "la coquette somme [entre 1 et 1,5 million d’euros] », dixit le président, empochée avec le parcours en Coupe de France, les Herbiers auraient pu flamber sur le marché des transferts pour remonter tout de suite. "Non, on n’a pas eu la folie des grandeurs », coupe tout de suite Michel Landreau. Les fonds récoltés ont été déposés "dans une société". "On a continué à bien structurer le club. On est amateur, il faut garder la tête froide. Quand les lumières sont là, on est contents, mais il ne faut pas se griser. La vie continue." Tout proche de regrimper dès la saison d’après ("on manque la montée de deux points", selon Masala), le club vendéen a ensuite traversé la période Covid "plus difficilement sportivement qu’économiquement". Aujourd’hui, bien qu’en N2, Les Herbiers restent le club phare du département, et l’un des deux derniers rescapés vendéens (avec la Roche-sur-Yon, N3) encore en course. "Je n’aime pas dire qu’on est une équipe de Coupe, mais cela fait quatorze ans que je suis président, explique Michel Landreau. On a fait six 32es de finale [six depuis 1999-2000] et deux 16e de finale et une finale. Là, l’objectif est d’aller en 32es. On a eu tellement de plaisir en 2018. On veut revivre ça."