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Nantes: le jour où la Coupe de France 1979 a été volée... par des syndicalistes lorrains

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En août 1979, des militants de la CFDT du nord de la Lorraine sont venus exprès à Nantes pour voler la Coupe de France à la Jonelière. Retour sur cette drôle d'histoire, avant la finale de l'édition 2022 entre les Canaris et Nice, samedi soir.

"Les Nantais n’ont pas de chance. On leur a volé la Coupe de France !" Au JT du 9 août 1979, la nouvelle annoncée par le présentateur Léon Zitrone crée la stupeur. Et pour cause : les Canaris, tout juste auréolés de leur première Coupe de France, ont perdu leur trophée ! Il s’est volatilisé du centre d’entraînement de la Jonelière, fraîchement construit.

D’emblée, les dirigeants du club nantais pensent à "une plaisanterie de potaches, d’un collectionneur", comme l’avouera un jour l’ancien directeur sportif du club, Robert Budzynski, à la presse locale. La réalité est bien différente… Rapidement, les "malfrats" sont identifiés. Philippe Laurent, ancien joueur et actuellement en charge du dossier musée au FCN, raconte cette histoire insensée : "En fait, des militants de la CFDT du nord de la Lorraine sont venus exprès à Nantes pour voler la Coupe de France à la Jonelière dans la nuit du 8 août 1979. Leur but: attirer l’attention. Ils voulaient faire valoir leurs difficultés et mettre en avant leur combat." A cette époque-là, la fermeture des hauts fourneaux de leur région et la disparition progressive de leur profession font la Une des journaux.

Ils rendent la Coupe de France quelques jours plus tard

Les "malfaiteurs" expliquent qu’ils n’ont pas volé le trophée mais qu’ils l’ont... emprunté pour faire parler d’eux. "On essayait d'inventer des trucs spectaculaires qui marquent l'opinion. On s'était discrètement renseigné : pas besoin d'être Arsène Lupin pour réussir le coup !", avait confessé quelques années plus tard dans la presse locale Robert Giovanardi, l'un des quatre auteurs de l'"emprunt". La quatuor de sidérurgistes immortalise son "larcin" en se faisant prendre en photos à visages découverts et… avec des cagoules.

Deux jours après, les syndicalistes annoncent qu’ils vont rendre la Coupe. "Le 12 août, en l’absence du président Louis Fonteneau, ils restituent le trophée à Camille Plantier, trésorier du FCN", raconte Philippe Laurent. Et pour se faire pardonner, ils offrent une assiette en porcelaine de Longwy. Là encore, la scène est immortalisée par quelques clichés. Le trophée, intacte, reprend sa place dans la vitrine et est rendu à la Fédération française de football quelques mois plus tard pour le futur lauréat de la compétition…

Aussi incroyable que cela puisse paraître, la malédiction sur le trophée de 79 se poursuit quelques années plus tard. En effet, la réplique de cette Coupe a disparu de la Jonelière. Elle est introuvable. "Un entraîneur m’a dit que la dernière fois qu’il l’avait vue, elle était sur le bureau d’un président de l’époque, rapporte Philippe Laurent. Est-ce qu’elle est partie dans une famille d’un des dirigeants et qu’un jour elle ressortira et regagnera sa place définitivement ?" Peut-être. En attendant, le FCN possède bien les répliques des Coupes de France de 1999 et 2000…

David Phelippeau