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Nice-Nantes: pourquoi Pallois doit tout à la Coupe de France

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Nicolas Pallois (34 ans), défenseur incontournable du FC Nantes, doit sa carrière professionnelle à la Coupe de France, compétition dans laquelle il a brillé en amateur avec Quevilly en 2010. Douze ans après, il en dispute la finale face à Nice (21h) au Stade de France samedi.

Hiver 2010, Quevilly n’en finit plus de faire tomber des équipes professionnelles en Coupe de France. Après Angers (Ligue 2) en 16e de finale, le petit club normand de CFA s’offre la tête de deux formations de Ligue 1 sur la pelouse de Diochon à Rouen: le Stade Rennais et Boulogne-sur-Mer. Au milieu de cette bande d’amateurs irrésistibles, un défenseur au physique de déménageur attire les regards. Son nom: Nicolas Pallois. Ce patronyme ne dit encore rien à la France du football.

Recalé du centre de formation de Caen quelques années avant, ce défenseur de 23 ans travaille à l’usine en parallèle du football. Il décroche même un CAP de menuisier. Rien ne prédestine ce défenseur rugueux au football professionnel. "Quand je suis arrivé à Quevilly (en 2008), au bout de trois semaines, j’ai dit à mes adjoints: 'Mais c’est qui lui?', raconte aujourd’hui Régis Brouard, actuellement sur le banc de Bastia (L2). Je ne connaissais pas du tout ce Nicolas Pallois. Il était puissant, il allait vite et avait un bon jeu long, mais il n’avait aucune exigence du haut niveau!" Son ex-coéquipier Grégory Beaugrard parle lui "d’une force de la nature, un joueur surpuissant".

Nicolas Pallois avec Quevilly en 2010
Nicolas Pallois avec Quevilly en 2010 © ICON Sport
Nicolas Pallois lors de sa signature à Valenciennes en 2010
Nicolas Pallois lors de sa signature à Valenciennes en 2010 © ICON Sport

Régis Brouard se souvient surtout aussi "d’un mec tranquille, qui était chez lui avec ses copains", très détaché du football comme il l’est encore aujourd’hui, mais aussi d’un joueur "capable de se mettre au niveau d’une équipe de DH ou d’une Ligue 1". Beaugrard ajoute: "Il ne se prenait pas la tête, il avait une vie sympa, il avait un boulot et de quoi manger. Après avoir travaillé dans une usine, il avait aussi bossé chez Leclerc Drive, la boite du président. Je pense quand même qu’il avait vécu une désillusion en n'étant pas gardé au centre de formation de Caen…"

"Il avait mangé Ludovic Giuly..." 

Le 14 avril 2010, Quevilly accueille le PSG de Kombouaré au stade Michel d’Ornano de Caen en demi-finale. "En championnat, il y avait 500 personnes au bord du terrain et on a pourtant réussi à remplir d’Ornano, se rappelle Nicolas Pallois. C’était une très belle fête. On perd 1-0…"

L’aventure s’arrête juste avant la Stade de France pour les Normands. Sur le terrain, Paris souffre. Ludovic Giuly surtout. "Nicolas Pallois, qui jouait latéral gauche, l’avait mangé, selon Régis Brouard. A la fin du match, il est venu me voir et m’a dit: 'coach, j’ai compris…'" Ce match a fait office de déclic pour le défenseur, cette épopée de "tremplin", - selon les termes de Pallois - vers le monde professionnel.

Régis Brouard encore: "Il a compris ce soir-là qu’il pouvait jouer au-dessus. Que la N2 ou le National, ce n’était pas son niveau. Il s’est alors imposé des choses…"

Doué de ses mains – "c’est lui qui avait fabriqué tous les casiers en bois du vestiaire à Quevilly", dixit Régis Brouard -, Nicolas Pallois réalise qu’il n’est pas si maladroit que ça avec ses pieds.

"Dans la foulée de la demi-finale contre le PSG, je signe à Valenciennes. Beaucoup d’équipes professionnels me suivaient à ce moment-là", raconte l'intéressé. Un contrat de trois ans l’attend alors au VAFC en Ligue 2. Un an après son arrivée dans le Nord, il est prêté à Laval puis rejoint Niort en 2012 où il crève l’écran. Figurant dans l’équipe type de L2 lors de la saison 2013-2014, Pallois rallie alors Bordeaux et la Ligue 1, où il s’impose au fil du temps comme une valeur sûre de l’élite du football français. Avant de signer à Nantes en 2017 et de prolonger à 34 ans son contrat jusqu’en 2024 il y a quelques semaines. "Nico est devenu un joueur confirmé de L1", estime Régis Brouard. "J'aurais aimé réaliser le quart de ce qu'il a déjà fait dans sa carrière", encense Beaugrard.

David Phelippeau