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"Sortir du canapé et se mettre en face d’eux": comment le FC Bourgoin-Jallieu va vivre sa fête des voisins contre l'OL

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L'Olympique Lyonnais se déplace ce mercredi à Bourgoin-Jallieu lors des 16es de finale de la Coupe de France. Un duel face au club local après un déplacement d'une cinquantaine de kilomètres où tout est réuni pour une belle soirée aux allures de fête entre voisins entre les Gones et le club de National 3.

Les 16es de finale de la Coupe de France vont voir ce mercredi soir une rencontre entre voisins: proches au niveau géographique, séparés d’une cinquantaine de kilomètres, Lyon et Bourgoin ne le sont plus dans la hiérarchie du foot. Sur le papier, cette rencontre demeure en effet très déséquilibrée compte-tenu des quatre divisions d’écart entre les deux clubs. Si l'OL continue de jouer les premiers rôles en Ligue 1, le FC Bourgoin-Jallieu joue, lui, le championnat de National 3 (D5).

Mais comme la rencontre se joue chez le "petit", dans l'habituel antre de l'équipe de rugby de la ville au stade Pierre-Rajon, l’idée de l’exploit majuscule circule dans les rangs du club berjallien. Le tout avec un club local qui grandit à l’ombre de la grande institution rhodanienne, avec des liens tissés au sein d’un partenariat technique entre les deux. Sans oublier des joueurs, soit issus de la formation lyonnaise, soit supporteurs de l’OL (voire les deux). Et si la fête des voisins devenait un moment historique de la Coupe de France avec une performance inoubliable?

"Si l'OL met à 80% de son potentiel, on n'existera pas"

Car la performance du tour précédent avec l'élimination de Martigues, la lanterne rouge de la Ligue 2, en 32e de finale juste avant Noël (4-1) donne une échelle de valeur à Freddy Morel, l’entraîneur du FC Bourgoin-Jallieu. Le technicien peut ainsi peut mesurer la tâche à accomplir.

"Ce n'est pas une Ligue 2, cette fois", remarque-t-il avant la réception de l'imposant voisin lyonnais. "Je parlais de performance pour battre Martigues. Aujourd'hui, c'est la dimension de l'exploit pour exister face à l'OL. Aujourd'hui, il faut aussi être objectif. C'est une équipe, même si elle se met à 80% de son potentiel, on n'existera pas."

L’un de ses cadres, Nicolas Seguin affine le jugement du coach: "Tout dépend de ce que l'OL mettra. Sur le papier, ils sont ultra favoris. S'ils viennent en se disant 'on se qualifie', ils se qualifieront. S'ils viennent en se disant 'fait chier d'être là, terrain de merde' et compagnie... Là, ça se nivellera. Mais sur le papier, ils sont largement favoris."

À Bourgoin, on veut "profiter et se faire plaisir"

Pour motiver ses joueurs, le staff berjallien peut compter sur l’un des anciens du groupe, le milieu Sofiane Atik, qui jouera pour la troisième fois de sa carrière amateur face à l’OL en Coupe de France.

"Moi, j'ai 38 ans et aujourd'hui, si je fais un résumé rapide de ma carrière, ce sont les moments de Coupe de France qui reviennent le plus vite possible", glisse le cadre du FCBJ. "Il faut croquer vraiment sur ces moments et profiter de chaque instant. Profiter, ne pas stresser parce que c'est que des moments de joie. Mais profiter et se faire plaisir, surtout."

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Et ce même si pour l’instant, les deux précédents sonnent comme autant d’échecs: en 2013 avec La Duchère (défaite 3-1) et en 2020 avec Bourg en Bresse (0-7). De quoi lui donner quelques atouts et une expérience précieuse dans la préparation du groupe.

Et le milieu de se souvenir: "Je me rappelle de la première fois que je les ai affrontés. C'est ce que je disais aux gamins de l'équipe. La veille, je n'arrivais pas à dormir. Quoi que je fasse, je pensais au match. C'est ce qui va se passer pour certains. On est tellement excités que l'adrénaline, on bouge dans le lit, on n'arrive pas à dormir."

"Après, quand vient le moment du match, il y a deux possibilités. Soit les jambes elles tremblent, soit on fait un gros match et on oublie tout. J'espère que ce sera la deuxième solution pour les copains."

Comment Bourgoin s'inspire de "l'exemple" OL

Des "copains" et un groupe mis dans les meilleures conditions pour vivre ce moment d’histoire par le président du club. Conscient de l'importance de l'affiche, ce sera le premier 16e de finale du club berjallien à l'aune de son 90e anniversaire en 2026, Djemal Kolver a fait les choses bien pour ses joueurs avant de défier les Gones.

Ex-joueur, capitaine et désormais bouillant patron qui est "né" au foot en décembre 1996 dans un match entre Bourgoin et… Martigues de Coupe de France. Ce soir-là, supporteur du FCBJ, éliminé au 7e tour de la compétition, le dirigeant en est aujourd’hui un acteur. Et même un acteur déterminant, au cœur d’une ascension du club, élevé à un rang de référence régionale avec son budget passé de 400.000 euros à 1,3 million d’euros (grâce à 200 partenaires) en cinq ans de présidence.

Sur la période, le FC Bourgoin-Jallieu s'est véritablement structuré avec le recrutement de plusieurs salariés et pas moins de 38 feuilles de paie sorties chaque mois. Le club compte également 650 licenciés et des partenariats sportifs avec pas moins de neuf autres équipes du bassin du Nord-Isère.

"L’OL, c’est un exemple pour nous tous", savoure ainsi Djemal Kolver. "Aujourd'hui, les affronter en niveau égal, c'est magnifique. Nous avons la moitié des joueurs qui sont passés par l'OL. C'est comme une institution. C'est une belle institution."

Le stade rempli en trois heures

Le président berjallien qui a tout fait pour que le match ait lieu au stade Pierre-Rajon, alors que Chambéry, il y a deux ans dans un même cas de figure de rencontre entre voisins et partenaires, avait choisi de recevoir l’OL... au Groupama Stadium. Les 6.400 places se sont arrachées en moins de trois heures.

"On voit que le football a toute sa place à Bourgoin", explique encore le dirigeant du FCBJ. "Ce territoire finalement historiquement 'rugby' montre que le football y a toute sa place. Aujourd'hui, tout le monde nous remercie de nous emmener le match à Bourgoin aussi. Comme si on a l'accomplissement d'une mission qui datait de longtemps."

Des Berjalliens entre excitation et impatience

Parmi ces joueurs "made in OL", et même s’il est incertain à la suite d’une blessure contractée lors du nul contre Espaly (1-1) en National, Nicolas Seguin, savoure l’instant. Touché lors du duel entre Petits Poucets de la Coupe de France, le défenseur attend le choc contre Lyon de pied ferme.

"Je ressens beaucoup de fierté, très heureux de les rencontrer, ce sera la première fois pour l’équipe première alors que l’équipe réserve, on la joue régulièrement", a noté l'expérimenté joueur, qui va évoluer contre le club de sa ville natale. "J’ai beaucoup d'émotions dans ces jours d’avant. On ne va pas se mentir, même si au coup d'envoi, pour moi, ça restera un match comme un autre."

Alors difficile de rencontrer ses voisins en Coupe France? Freddy Morel inverse la réflexion: "Non, ce n'est pas difficile parce que ça reste une rencontre inédite et c’est, d’abord excitant."

Et l'entraîneur de Bourgoin-Jallieu d'ajouter: "On les regarde toutes les semaines et cette fois, il va falloir sortir un petit peu du canapé pour se mettre en face et voir la différence qu'il y a entre des joueurs de niveau européen et ce qu'on peut faire, nous aussi."

Bourgoin en route vers l'exploit?

Avec, donc, ce secret espoir de faire tomber l’OL qui ferait passer la soirée de fête des voisins, définitivement en heures historiques pour Bourgoin-Jallieu. "Je pense aussi qu'on est sur un groupe de joueurs qui est compétiteur", décrypte Freddy Morel. "Aujourd'hui, quand on est compétiteur, même si on est à regarder peut-être avec des yeux illuminés certains joueurs, je pense que quand l'arbitre siffle, ça reste des adversaires sur lesquels on va vouloir se confronter et montrer qu'on peut rivaliser."

Le coach du FCBJ continue: "Je disais que Martigues, c'était 20% de chance. Là, c'est peut-être 1% de chance. Mais pour autant, il est là, il existe. On ne s'interdit pas de se dire que ça peut exister, de faire un exploit maintenant. La tâche s'annonce rude. Bien sûr. (...) Il y a vraiment quelque chose d'excitant dans ce genre de matchs. On les regarde à la télé. Ce sont des stars. Il y en a qui sont en équipe de France. Il y en a qui ont gagné la Coupe du Monde. Ce n'est pas anodin. Mais il faut faire abstraction de tout ça. Si on veut jouer notre chance, surtout devant notre public, il ne faut pas les regarder jouer. D'être en face et d'être sûr de notre force, de notre football. On a une bonne équipe. On développe du jeu. Ils sont meilleurs que nous. Ils ont plus d'expérience."

Et Sofiane Atik d'ajouter en guise de conclusion: "Si on les respecte trop et qu'on les regarde jouer, on va en prendre cinq. Il faut les respecter, bien sûr. Mais sur un match de foot, il faut donner toutes les chances. Pour ça, il faut leur rentrer dedans et jouer notre football. Après le match, on sera supporters de l’OL mais pendant, on va défendre notre club." Rien ne vaut une fête des voisins avec un gros rebondissement pour agiter la soirée. Et ce mercredi, cette surprise pourrait bien être l'exploit de Bourgoin-Jallieu.

Edward Jay