Carnet de bord de la Coupe du monde: A 78 ans, elles vivent leur première Coupe du monde

Jacqueline et Jill, supportrices anglaises de 78 ans - RMC SPORT
C’est le genre de rencontre que j’espérais faire en arrivant à Doha pour cette première Coupe du monde. Des supporters aux profils atypiques, aux histoires aussi sympa à entendre qu’à raconter. Jacqueline et Jill, jumelles, anglaises, fans de foot depuis 1958, aujourd’hui âgés de 78 ans, ont toute leur place dans cette catégorie.
La première chose qui frappe chez elle, c’est leur joie de vivre. Dans le hall d’accueil de leur hôtel, qui est aussi celui où je crèche pendant ce Mondial, tout le monde vient leur parler. Elles répondent avec un sourire naturel, leurs yeux bleus perçant laissant poindre un petit côté espiègle, qui se confirme quand on commence à parler avec elles.
Jacqueline et Jill sont de vraies jumelles. Un coup d’œil sur leur poignet suffit pour le comprendre. Elles portent exactement la même montre. Celle de Jill est à l’heure de Doha. Celle de Jacqueline, à l’heure britannique. Histoire de ne jamais perdre le lien avec leur pays.
Depuis quelques années, elles vivent ensemble, dans les Midlands. Elles sont fans de Wolverhampton, racontent avoir sillonné tous les stades d’Angleterre, de la première à la quatrième division. Jamais elles n’avaient vu de rencontre de Coupe du monde.
"On s’est dit, allez on y va ! Autant le faire tant qu’on peut encore le faire", s’amusent-elles.
Les jours de match de l’Angleterre, elles ont tout l’accoutrement du parfait supporter : le maillot, la veste, le short des Three Lions. Jill porte même au cou un pendentif représentant l’emblème de son équipe nationale. Des vraies supportrices, je vous disais. "Quand ça vaut la peine, on crie très fort en tribune", jure Jacqueline.
"Tout le monde veut des photos avec les jumelles!"
Je les crois sur parole. Car même si elles font, aucun doute possible, partie des fans les plus âgés de ce Mondial 2022 – "Je n’ai pas l’impression d’avoir vu des fans plus âgées que nous", jure Jill -, leur démarche assurée, déterminée me laisse penser qu’elles doivent aussi avoir un caractère bien trempé.
En attendant de l’exprimer pendant les matchs, elles se promènent le plus souvent sur la Corniche, cette longue balade piétonne le long de la mer. Elles profitent du soleil, visiblement moins intimidées que moi par la chaleur du milieu de journée. Elles prennent le soleil sur un banc avec la fille de Jacqueline, qui leur a organisé ce voyage.
"Tout le monde veut des photos avec les jumelles ! Je suis devenu leur photographe officielle!", s’amuse-t-elle. Je me laisserai aussi prendre au jeu. Parce que Jacqueline et Jill sont ce genre de personnage marquants, dont le discours, emprunt de joie et d’amour du foot, font relativiser les petits problèmes du quotidien.
Elles ne font que profiter de leur Mondial, un moment qu’elles attendent depuis plus d’un demi-siècle, peu importe les petits soucis qu’elles rencontrent. Alors en les quittant, face à leurs pouces levés et leur sourire, je leur fais la promesse : moi aussi, je vais profiter à fond. Car j’ai de la chance, je n’ai eu à attendre que 32 ans avant de connaître ma première Coupe du monde.