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Croatie-Angleterre, le France-Bulgarie anglais

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La demi-finale de la Coupe du monde entre la Croatie et l’Angleterre, ce mercredi (20h, à suivre sur TF1, beIN Sports et RMC à la radio) est aussi synonyme de traumatisme pour les Anglais, privés d’Euro 2008 après une défaite cinglante et toujours dans les mémoires à Wembley en 2007.

La trajectoire de Gareth Southgate est intimement liée à celle de Steve McLaren. Mais le sélectionneur anglais n’a pas du tout l’intention de connaitre le même sort que celui dont il a souvent emboité le pas. A quelques heures de diriger l’Angleterre pour la troisième demi-finale de Coupe du monde de son histoire (face à la Croatie, 20h), Southgate conserve certainement, dans un coin de sa tête, le douloureux souvenir de la rencontre face à ces Croates, cui comptaient déjà Luka Modric et Ivan Rakitic dans leurs rangs, en novembre 2007. Le 21 précisément. 

Ce jour-là, il pleuvait sur Wembley et c’est un élément fondamental de l’histoire. Ce jour-là surtout, les Anglais n’avaient besoin que d’un match nul face à des Croates déjà qualifiés. La soirée avait rapidement tourné au vinaigre sur une frappe de Niko Kranjcar que Scott Carson avait laissé filer dans sa lucarne sur une boulette digne des plus grands gardiens anglais (0-1, 8e). Ivica Olic avait éteint Wembley cinq minutes plus tard (0-2).

"L’abruti au parapluie"

Sur son banc de touche, McClaren avait vite cogité sur sa décision de ne pas titulariser le revenant David Beckham pour lui préférer Shaun Wright-Philips dans son 4-5-1 très défensif également privé de Gary Neville, Rio Ferdinand, John Terry ou Ashley Cole, tous laissés sur le banc. Avec le "Spice Boy" sur le terrain en deuxième période, l’Angleterre avait réussi à recoller grâce à un penalty de Frank Lampard et un but de Peter Crouch, sur une passe splendide de David Beckham. Mais une frappe de Mladen Petric (77e, 2-3) avait mis fin aux rêves des Anglais, qui avaient manqué leur premier rendez-vous depuis 1994. Une sorte de France-Bulgarie anglais.

Comme Gérard Houllier, Steve McClaren avait payé le prix fort. Nommé en 2006 pour prendre la succession de Sven Goran Eriksson, il est démis de ses fonctions le lendemain de ce cuisant échec. Il conserve, surtout de cette journée noire, une image qui lui colle à la peau avec une légende encore plus terrible : "L’abruti au parapluie", comme l’avait qualifié le Daily Mail.

"Je ne vais pas mettre ce bonnet, je vais me faire tuer pour ça!"

"J’ai toujours aimé regarder l’échauffement mais je suis sorti et il tombait de la pluie, a-t-il confié à FourFourTwo en avril dernier. J’ai vu Slaven Bilic (alors sélectionneur de la Croatie, ndlr) avec un bonnet et je me suis dit: "je ne vais pas mettre ça, je vais me faire tuer pour ça!" Il y avait ce parapluie de la FA (fédération anglaise) qui trainait, alors j’ai pensé: "je vais le prendre, soutenir la FA et rester au sec!" Après m’être dit que je me serais fait tuer pour avoir porté un bonnet, je me suis fait tuer pour avoir tenu un parapluie."

L’image lui colle à la peau, depuis, même jusqu’aux Pays-Bas, où il a ensuite entrainé Twente (2012-13). "Plus tard, j'ai entraîné au Pays-Bas et au stade d'Heracles il n'y a pas d'abri pour le staff et les remplaçants, il y a juste des bancs, rappelait-il encore. Tout le monde avait son parapluie. En sortant des vestiaires, on m'a demandé: "Coach! Vous voulez un parapluie?" J'ai dit "Non, je vais sans doute ressembler à un rat trempé, mais je ne prendrai pas de parapluie"." Après avoir pris sa succession sur le banc de Boro (où McClaren l’avait fait venir comme joueur en 2001) en 2006, puis les rênes de la sélection anglaise en 2016, Gareth Southgate ne veut pas revivre le même genre de traumatisme. La cinglants tabloïds anglais rodent. Mais il ne devrait pas pleuvoir ce mercredi soir à Moscou.

Nicolas Couet