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L’ancien doc des Bleus décrypte le dossier Ribéry

Franck Ribéry

Franck Ribéry - -

Document RMC Sport - L’ancien médecin de l’équipe de France (1998-2008), Jean-Pierre Paclet, regrette que Franck Ribéry n’ait pas accepté le traitement préconisé par le staff des Bleus. Et que ce refus ait été étalé sur la place publique.

Docteur Paclet, Franck Ribéry a refusé de se faire injecter de la cortisone. Mais quel est exactement ce produit ? Et comment l'utilise-t-on ?

La cortisone sert essentiellement en matière de traumatologie du sport. On l’utilise uniquement pour ses vertus antiinflammatoires. On injecte une dose minime de corticoïdes qui vont avoir un effet tout à fait localisé. Le mot cortisone fait peur au grand public parce qu’on pense aux traitements lourds, qui sont prescrits dans certaines maladies graves.

Il ne s'agit pas de dopage ?

La cortisone est interdite par voie générale et elle est alors considérée comme un produit dopant parce qu’elle a des effets secondaires qui sont dopants. Mais par voie locale, il n’y a aucun problème antidopage. Aujourd’hui, on n’a même pas besoin d’autorisation pour un usage thérapeutique. Il n’y a aucun problème ni dans l’usage, ni dans les indications. Là, c’est le mot qui fait peur mais c’est parce que les gens ne connaissent pas ce médicament.

Franck Ribéry a-t-il eu raison de ne pas prendre ces injections ?

Je sais qu’il est allé consulter à la Pitié (Salpétrière, ndlr) des gens très compétents, comme le professeur Gérard Saillant. Si ces gens-là ont préconisé une injection de corticoïdes, c’était efficace et sans risque.

En tant qu'ancien médecin de l'équipe de France, cela vous est-il déjà arrivé qu'un joueur refuse un de vos traitements ?

Vous savez maintenant, un joueur international appartient à son club, à son agent et très peu à l’équipe de France. Il a toujours un ou deux gourous qui tournent autour de lui, qui cherchent à l’accaparer. Malheureusement, bien souvent pour en profiter, se faire une publicité personnelle. Pour exister, ils vont à l’encontre de ce que dit la médecine officielle.

Justement, la méthode du docteur du Bayern Munich, Müller-Wohlfahrt, à base d'anti-inflammatoires traditionnels, est-elle plus efficace qu'un traitement à la cortisone ?

Si on considère un traitement efficace dans le cadre de la pathologie de Franck Ribéry, il est aussi logique de prescrire des anti-inflammatoires par voie locale, qui sont plus efficaces. Ça ne me surprend pas trop du docteur Müller, qui cherche surtout à prouver qu’il est le champion des médecins parce qu’il est le médecin des champions.

Vous aviez eu quelques problèmes avec lui en 2008 concernant l'état de santé de Patrick Vieira. Peut-il semer le trouble dans les staffs médicaux des équipes professionnelles ?

A partir du moment où c’est aussi le médecin du Bayern, il a aussi une autorité sur les joueurs du Bayern, même s’il joue en équipe de France et cela peut interférer sur les relations entre médecin et malade en sélection.

Selon vous, Franck Ribéry n'a pas franchi la ligne jaune en refusant ce traitement ? Il a suivi ce que son instant lui disait de faire...

Il l'a fait. Mais à la sortie, il ne joue pas la Coupe du monde. C’est dommage.

S'il avait suivi à la lettre les recommandations des médecins des Bleus, aurait-il disputé la Coupe du monde ?

Je ne peux pas vraiment y répondre. Je ne connais pas le cas précis de Franck Ribéry. Mais si Franck Le Gall lui proposait quelque chose, il fallait au moins essayer. Ces querelles-là n’ont pas à être mises sur la place publique. On ne peut pas en parler. Le secret médical empêche l’un et l’autre de parler du cas Ribéry. On reste sur les sous-entendus et les non-dits, et je crois que ça ne fait de bien à personne.

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Propos recueillis par Pierre Fesnien