
Les syndicats à l’offensive contre la FIFA et le Qatar

Des syndicalistes manifestent devant le siège de la FIFA - -
Zürich, siège de la FIFA. Une centaine de manifestants brandissent un carton rouge. Le message est clair : « Pas de Coupe du monde sans droits pour les travailleurs ». Référence directe aux révélations du Guardian la semaine dernière, avec les 44 décès en deux mois cet été d’ouvriers népalais, indiens et pakistanais sur les chantiers de la Coupe du monde 2022. Et mise en condition des membres du comité exécutif de la Fédération internationale, qui se réunissent ce jeudi et ce vendredi. Car le Qatar, avec le débat interne à la FIFA sur le déroulement de la compétition en été ou en hiver, va animer cette session.
Deux syndicats suisses (UNIA et BWINT) ont ainsi profité de son ouverture pour protester contre les conditions dans lesquelles se construisent les infrastructures. « C’est absolument inacceptable que sur les chantiers de la Coupe du monde au Qatar, on ait des situations d’esclavage, de travail forcé, explique Vasco Pedrina, secrétaire national d'UNIA. Nous donnons un carton rouge à la FIFA. Elle a une responsabilité sociale, un grand pouvoir. Nous lui demandons d’intervenir auprès des autorités qatariennes pour que les droits du travail, les droits syndicaux et la dignité humaine soient respectés. »
Le directeur de la com' de la FIFA : « On essaye de faire pression sur le Qatar »
La FIFA n’est pas restée sans réponse. « Chaque mort est un mort de trop, a souligné Walter di Gregorio, directeur de la communication. C’est déplorable. On doit réagir. On est en contact avec Human Rights Watch et les syndicats depuis deux ans. On essaye de faire pression sur le Qatar pour changer une situation qui n’est pas acceptable. Mais ce n’est pas la FIFA contre le Qatar. Le Qatar veut changer, le Qatar est très ouvert à la discussion. Je suis convaincu qu’avec l’aide de tout le monde, on réussira à changer cette situation. » Mais pour les syndicats suisses, le temps presse. « Si ça continue à ce rythme, il y aura 4 000 morts, ce sera plus que le nombre de joueurs qui disputeront la Coupe du monde… » craint Annette Hug, une militante.
« Il y a deux ans, au même endroit, nous avions eu des discussions et des négociations avec la FIFA au sujet de la Coupe du monde au Qatar, rappelle Vasco Pedrina. On nous a fait des promesses. Nous constatons aujourd’hui qu’elles n’ont pas été tenues ou en tout cas, qu’elles n’ont pas d’effet sur le gouvernement qatarien. » Une délégation de 18 syndicalistes internationaux, dont des Népalais et des Indiens, se rendra la semaine prochaine à Doha pour aller à la rencontre des ouvriers immigrés et faire pression sur le gouvernement qatarien. Encore et toujours plus.
A lire aussi :
>> Faut-il maintenir la Coupe du monde 2022 au Qatar ?
>> Qatar : les chantiers de l’enfer
>> Blatter : « Il faut jouer cette Coupe du monde en hiver »