Drame en Indonésie: "Des supporters sont morts dans le vestiaire" le récit glaçant d'un joueur d'Arema

"Je ne souhaite ça à personne." Abel Issa Camará, joueur d'Arema, a été l'un des témoins du drame ayant eu lieu lors du match entre son équipe et la ville voisine Persebaya Surabaya en Indonésie ce samedi. Des mouvements de foule mortels ont couté la vie à 125 supporters selon le dernier bilan publié par les autorités. Dans une interview pour le journal espagnol Marca, l'international bissau-guinéen raconte l'horreur.
"C'était un match de vie ou de mort"
"Nous savions il y a quinze jours que nous allions les affronter, mais leurs fans ne viennent pas dans notre stade et nos fans ne viennent pas dans le leurs, remet-il dans son contexte. Pendant la semaine, on parlait déjà beaucoup de ce match dans notre stade et de la rivalité, toute la ville parlait de ce match, car c'était un match qui allait au-delà des 3 points, c'était un match de vie ou de mort."
S'il se souvient qu'avant le match il y avait "déjà beaucoup de confusion à l'entrée de l'équipe adverse" et que celle-ci est repartie immédiatement après le match "en véhicules blindés", il ne s'attendait absolument pas à ce que la rencontre vire au cauchemar.
"Ils ont fini par mourir sur place"
"Nous sommes allés nous excuser auprès de nos supporters parce que nous avions perdu le derby et c'est à ce moment-là que les supporters ont commencé à escalader les barrières, raconte-t-il moins de 24h après. La police nous a aussitôt demandé de rejoindre les vestiaires parce qu'ils risquaient de perdre le contrôle de la situation tôt ou tard."
Les supporters finissent par rentrer jusque dans le tunnel et tentent de menacer leurs propres joueurs dans le vestiaire. Eux étaient cloitrés dedans, ayant barricadé la porte à l'aide d'une table. "Nous avons commencé à entendre des cris et des coups de feu et nous avons vu beaucoup de fumée, poursuit-il. Puis certains fans ont réussi à entrer dans notre vestiaire et ont fini par mourir sur place."
"40 ou 50 000 personnes dehors voulaient nos têtes"
"Je n'ai jamais vécu quelque chose comme ça avant, témoigne-t-il. Dans ces moments-là, tout ce à quoi vous pouvez penser, c'est que tout cela n'arrive pas. Quand tout a été terminé, le pire est arrivé, nous sommes sortis du vestiaire et nous avons commencé à voir beaucoup de sang, des chaussures, des baskets, des vêtements partout, les policiers disant que deux collègues étaient morts. Je ne souhaite ça à personne. En étant là-dedans, on craignait pour nos vies et il y avait 40 ou 50 000 personnes dehors qui voulaient nos têtes."
Abel Issa Camará dénonce la violence absolue des supporters et dit s'être senti piégé comme un rat. "Ce n'est ni sain ni sûr d'être comme ça dans un pays où, à tout moment, les supporters s'excitent et veulent frapper les joueurs", conclut celui qui songe déjà à quitter le pays une fois le deuil passé.
"Des fans sont morts dans les bras de mes joueurs"
Son entraîneur Javier Roca aussi a témoigné pour la radio espagnole Cadena Ser, expliquant qu'il n'avait pas vraiment compris la gravité de la situation immédiatement. "Nous n'avons jamais pensé que cela arriverait, les joueurs avaient une bonne relation avec les fans, s'étonne-t-il face à ce déferlement de violence. Je suis allé dans le vestiaire, et certains joueurs sont restés sur le terrain. Quand je suis revenu de la conférence de presse, j'ai découvert la tragédie et la situation à l'intérieur du stade."
"Les garçons passaient avec des victimes dans leurs bras", se souvient l'entraîneur d'Arema. Parmi tout cela, il y a une image qu'il n'oubliera jamais. "Le plus terrible, c'est quand les victimes venaient se faire soigner par le médecin de l'équipe. Une vingtaine de personnes sont venues et quatre sont mortes. Il y a eu des fans qui sont morts dans les bras de mes joueurs."