RMC Sport

Adil Rami : "J’ai du sang bleu en moi"

placeholder video
EXCLU RMC SPORT. Avant le coup d’envoi de l’Euro 2016 et l’entrée en lice des Bleus face à la Roumanie vendredi au Stade de France, Adil Rami s’est longuement confié au micro de RMC Sport. L’occasion pour le défenseur central, appelé en remplacement de Raphaël Varane, de déclarer sa flamme aux Bleus et à son pays.

Adil Rami, vous étiez dans le train quand vous avez appris votre sélection pour l’Euro 2016. Racontez-nous…

J’étais à côté de Kevin Gameiro, en train de mater un film qui s’appelle « Entourage ». L’histoire de quatre jeunes à Los Angeles. C’est là-bas que j’avais prévu mes vacances. J’étais un peu « loin ». Puis je regarde mon téléphone. Je reçois un message. C’était le sélectionneur qui me demandait de le rappeler. J’ai senti que je devais annuler mes vacances (rires). Je l’ai rappelé, on s’est expliqué sur ce que j’ai pu dire sur RMC (il avait critiqué les choix de Deschamps, ndlr) et sur mon ressenti sur toutes ces années durant lesquelles je n’ai pas été appelé. On s’est dit des choses. J’en ai compris pas mal. Il m’a dit de venir à Clairefontaine. Pour moi, ça a été un choc émotionnel de plus en cette fin de saison. J’étais à la fois surpris, heureux et pressé d’appeler mes proches.

Lorsque vous êtes arrivé à Clairefontaine, tout était rentré dans l’ordre avec Didier Deschamps ?

Oui, je suis super ouvert et sociable. Ceux qui me connaissent très bien savent que je suis aussi très sensible. Pour moi, ça a été facile d’oublier tout ce qu’il s’est passé avant. Mon destin était de retrouver l’équipe de France.

Pourquoi ne pas avoir décidé de dire stop ?

Parce que je crois toujours en ma bonne étoile. Parfois, ça a été super difficile. J’ai eu du mal après Valence. Je suis resté six mois sans jouer. Après, je suis allé au Milan AC. L’équipe de France était en train de se refaire. Mais j’ai du sang bleu en moi. Je ne l’acceptais pas. Je ne pouvais pas rester sur un gout d’inachevé avec l’équipe de France (sa dernière sélection remontait au mois de juin 2013, ndlr).

Vous avez la fibre patriotique…

Oui, j’ai grandi en France. Les Bleus m’ont fait rêver en 1998. J’étais gamin. Le lendemain de la victoire contre le Brésil, on avait acheté des pétards avec les copains. On avait fait tout péter. Plus tard, quand j’ai eu la chance d’être professionnel, j’ai eu le soutien d’un entraîneur qui m’a permis de croire à l’équipe de France, Claude Puel. Je ne l’oublierai jamais. Il m’a dit de ne pas me mettre de barrières. J’ai tout mis en œuvre pour être dans cette équipe de France, notamment mes choix sportifs.

Durant La Marseillaise, avant le match contre l’Ecosse, on vous a senti ému…

En fait, ça a été super difficile face au Cameroun (3-2). Tout est arrivé en même temps. On a fait deux finales en une semaine avec le FC Séville, j’apprends peu de temps avant que ma femme est enceinte et que je vais être papa. Derrière, le sélectionneur m’appelle. Je ne pensais pas être titulaire et je le suis. Contre le Cameroun, j’étais plus dans un nouveau rêve que dans la réalité. Face à l’Ecosse, j’étais plus concentré sur l’hymne. J’ai eu les frissons comme à chaque fois, mais c’était une émotion différente. Je n’ai pas envie de me mentir. Avec le temps, on va commencer à me connaître. J’accepte ma mauvaise prestation (face au Cameroun). Après le match, je n’attendais qu’une chose : travailler et rejouer contre l’Ecosse pour montrer que je vais monter en puissance. J’ai la tête et le corps 100% avec mon pays.

Comment se passe votre association avec Laurent Koscielny ?

On n’est pas dans la même chambre, mais je parle beaucoup. Dès que j’ai un doute, je n’hésite pas à aller voir « Bak » (Bakary Sagna), « Lolo » (Laurent Koscielny) ou Hugo (Lloris). Je dis comment je fonctionne en club et je demande comment je dois me positionner en équipe de France. Je reçois beaucoup d’aide. Pat Evra est aussi très important dans cette équipe. Il est venu me voir après le match face au Cameroun et même avant. Ça fait vraiment du bien.

A lire aussi>> Juventus : un an de plus pour Evra

Avez-vous l’impression d’être sous-estimé ?

En France, oui, parfois. Partout où je suis allé, j’ai toujours eu une bonne cote, j’ai toujours été apprécié et aimé. En France, après mon départ de Lille, c’était différent. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que je suis trop franc. Le discours formaté, ce n’est pas pour moi. Je ne changerai pas.

Qu’est-ce qui a changé entre le Rami de l’Euro 2012 et celui de l’Euro 2016 ?

Eh ben, il va être papa (rires) ! Plus sérieusement, je ne sais pas. En quatre ans, il y a eu énormément de matches. Je pense avoir mûri. J’ai 30 ans. J’aborde les matches différemment.

Vous comptez 28 sélections. Vous vous sentez plutôt comme un nouveau ou comme un cadre ?

Dans le groupe, je me sens comme un joueur expérimenté mais qui reste à sa place. Un groupe a été constitué depuis trois, quatre ans. Je n’ai pas envie de bousculer tout ça. L’homme fort est celui qui s’adapte. C’est ce que je suis en train de faire en ce moment.

A lire aussi>> Euro 2016 : à Saint-Etienne, la grève des éboueurs inquiète

Propos recueillis par Antoine Wargnier