Equipe de France : Benzema privé d'Euro 2016

Un tweet pour simple annonce
« Malheureusement pour moi et pour tous ceux qui m'ont toujours soutenu et supporté. Je ne serai pas sélectionné pour notre Euro en France... » C’est par ce message laconique que Karim Benzema lui-même a devancé le communiqué de presse de la FFF et révélé qu’il serait pas retenue en équipe de France pour disputer l’Euro en France (10 juin-10 juillet).
Le communiqué de presse de la FFF
"La Fédération Française de Football a eu accès, en sa qualité de partie civile dans l'affaire de la tentative de chantage à l'encontre de M. Mathieu Valbuena, au contenu du dossier d'instruction, explique la FFF dans son communiqué. Les éléments actuellement disponibles dans ce dossier ne permettent pas d'établir clairement l'implication des différents acteurs, notamment celle de M. Benzema, et il reviendra à la justice d'établir les responsabilités des protagonistes. A la lumière de ces éléments, et de la levée partielle du contrôle judiciaire de M. Benzema, qui rend à nouveau possible sa convocation en équipe de France, il n'existe aucun obstacle, sur le plan juridique, au fait qu'il soit sélectionné.
Forts de cette analyse, MM Le Graët et Deschamps se sont rencontrés pour évoquer la situation de M. Benzema. Le Président de la Fédération et le sélectionneur tiennent à rappeler que la performance sportive est un critère important mais pas exclusif pour décider de la sélection au sein de l’Equipe de France de football. La capacité des joueurs à œuvrer dans le sens de l'unité, au sein et autour du groupe, l'exemplarité et la préservation du groupe sont également prises en compte par l'ensemble des sélectionneurs de la Fédération. Il en résulte que Noël Le Graët et Didier Deschamps ont décidé que Karim Benzema ne pourra pas participer à l'Euro 2016.
L’Equipe de France n’a plus besoin de lui
Si l’absence de Benzema pour l’Euro est désormais actée, la staff des Bleus s’y était préparé le mois dernier en trouvant mieux de simples « plans B ». En l’absence de Karim Benzema, les Bleus ont remporté trois matches sur quatre, contre l’Allemagne le 13 novembre (2-0), dans un contexte très particulier, puis contre les Pays-Bas à Amsterdam (3-2) et enfin face à la Russie le 29 mars au Stade de France (4-2). Et surtout, l’attaque tricolore, hormis à Wembley face à l’Angleterre, après les attentats de Paris (défaite 2-0), a inscrit neuf buts en trois rencontres, soit une moyenne de trois réalisations par match, contre des nations toutes mieux placées que la France au classement FIFA (Allemagne 4e, Pays-Bas 15e, Russie 23e, France 24e).
Au-delà de ces résultats, Olivier Giroud et André-Pierre Gignac, deux de ses concurrents au poste d’avant-centre, se sont illustrés en marquant tous deux lors de leurs titularisations respectives en Hollande et devant la Russie, tout en étant productifs dans des rôles de points d’appui pour les Griezmann, Payet et Coman notamment. N’oublions pas à ce titre, que sur les 18 matches amicaux disputés par les Bleus depuis la Coupe du monde 2014, Olivier Giroud demeure le meilleur buteur avec cinq réalisations (11 matches joués), contre quatre pour Antoine Griezmann (16 matches) et trois pour Karim Benzema (10 matches), à égalité avec Gignac (7 matches) et Matuidi.
Parce que quatre « ailiers », c’est mieux que trois
Avec le retour au premier plan d’Hatem Ben Arfa avec Nice (16 buts, 4 passes décisives), de Dimitri Payet avec West Ham, que Didier Deschamps a d’ores et déjà décidé d’emmener à l’Euro. Ainsi que l’éclosion de Martial et Coman ces derniers mois dans des rôles d’impact players, l’idée de n’emmener que deux attaquants de pointe et de prendre quatre ailiers au lieu de trois a fait son chemin dans l’esprit du sélectionneur tricolore, qui privilégie depuis sa nomination en 2012, l’utilisation du 4-3-3. Et ce, sans parler du retour hypothétique de Nabil Fékir dans la course pour la liste des 23.
Même s’ils ne sont pas des concurrents directs au poste d’avant-centre pour Karim Benzema, les Ben Arfa, Payet, Coman et Martial, entre autre, ont en effet gagné des points en l’absence de l’ancien lyonnais, dans l’esprit de Didier Deschamps. Sans compter qu’Antoine Griezmann a récemment prouvé qu’il pouvait évoluer à tous les postes de l’attaque. Sa polyvalence a donc scellé «sportivement », le sort de Benzema, tout en sachant que le joueur de l’Atlético Madrid s’est révélé en patron de l’attaque bleue en l’absence de son voisin ibérique. L’idée de laisser Benzema de côté s’est donc imposée, afin de conserver la dynamique des deux derniers rassemblements, et de ne pas risquer un hypothétique rebondissement dans l’affaire de la sextape en pleine préparation de l’Euro. Surtout que les questions récurrentes en conférences de presse sur ce feuilleton extra sportif ont eu tendance à agacer Didier Deschamps dernièrement, obnubilé par l’idée d’aller au bout à l’Euro.
Les affaires extra-sportives rédhibitoires
Toujours mis en examen dans l’affaire de la sextape de Mathieu Valbuena, Karim Benzema a vu son contrôle judiciaire partiellement levé le 11 mars dernier. Ce qui lui permettait concrètement de croiser de nouveau son partenaire chez les Bleus, et donc d’être appelé par Didier Deschamps. Néanmoins, la juge Nathalie Boutard, qui instruit cette affaire, gardait une partie de l’avenir de l’attaquant du Real Madrid entre ses mains, en attendant son épilogue, toujours attendu. Visiblement, le fil rouge qu’a constitué ce feuilleton, lequel risquait de ressurgir durant la préparation ou même pendant l’Euro, a suffi à motiver la décision de Noël Le Graët. Ce dernier, qui avait récemment et également déploré ne pas avoir été averti par Benzema qu’il était également mêlé à une seconde affaire dans laquelle il est pour le coup entendu en tant que témoin, s’est ainsi ému de la rupture du lien de confiance qui existait entre les deux hommes.
Une information judiciaire pour «blanchiment en bande organisée» et «blanchiment de trafic de stupéfiants» a ainsi été ouverte le 17 septembre 2015 par le juge Van Ruymbeke, selon nos confrères de Libération. La société BH Event’s, dont Benzema est le principal actionnaire, aurait ainsi acquis, à l’initiative de l’associé de ce dernier auquel il avait délégué tout pouvoir, un fonds de commerce destiné à blanchir de l’argent. Une seconde affaire, qui, même si l’international tricolore s’avère être victime dans cette histoire, a été la goutte d’eau aux yeux du président de la FFF, pour celui qui avait déjà été éclaboussé par l’affaire Zahia en 2010, avant d’être blanchi. A l’époque, cela avait été une des raisons de son absence du Mondial en Afrique du Sud, qui se révèlera être un fiasco. Il manquera donc aussi le rendez-vous de l’Euro 2016 à domicile.