Klinsmann : « Ribéry est un peu fou, j’aime ça ! »

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Jürgen, qu'attendez-vous du match de vendredi face à l’équipe de France ?
Pour nous, c'est une opportunité très excitante d'affronter une grande équipe comme la France. On est en train de restructurer l'équipe nationale, on fait appel à de jeunes joueurs. On est dans une phase de transition. Donc ce match peut nous permettre d'apprendre beaucoup de choses. Heureusement que la France s'est qualifiée directement pour l'Euro, sinon nous aurions dû annuler le match. Merci à Nasri qui a obtenu le penalty et l'a transformé (rires) ! Mais on reste ambitieux. On vient ici avec l'esprit de compétition. Notre objectif à terme est de titiller les équipes du Top 15 mondial, dont la France fait partie (la France est actuellement 15e au classement FIFA, ndlr).
Estimez-vous réellement que l'équipe de France fasse toujours partie du Gotha mondial ?
Absolument. Il suffit de regarder la qualité des Français, leur expérience, le nom des clubs dans lesquels ils évoluent. Benzema, Ribéry, Nasri, Rémy : il y a de quoi être en admiration. Cette équipe fait toujours partie du top avec l'Espagne, l'Allemagne, le Brésil, l'Argentine, etc. J'étais en Afrique du Sud pendant les événements de Knysna. C'était un désastre. Un accident industriel. Mais ça n'avait rien à voir avec la qualité individuelle des joueurs français.
Quel regard portez-vous sur le travail de votre homologue Laurent Blanc ?
J'ai le plus grand respect pour Laurent. J'ai joué quelques fois contre lui. Mais je ne me souviens pas très bien ! Il fait un excellent boulot depuis qu'il a commencé sa carrière d'entraîneur. C'est un mec bien sous tous rapports. Un gentleman et quelqu'un d'intelligent. Tous les entraîneurs ont de la curiosité pour son travail. Et je lui souhaite le meilleur.
« Avec Monaco, on aurait gagné le titre sans l’œuvre (sic) de Tapie »
Vous avez entraîné pendant une saison (2008-09) Franck Ribéry au Bayern Munich. Que pensez-vous de lui ?
J'ai pris beaucoup de plaisir à l'entraîner, même s'il n'avait pas été épargné par les blessures. Si vous arrivez bien à le comprendre, si vous connaissez son passé, si vous le prenez tel qu'il est, alors vous allez vous régaler. Il était triste quand j'ai été licencié au printemps 2009. J'espère qu'un jour, il pourra montrer toute l'étendue de son talent dans un grand moment, que ce soit une finale de Ligue des champions, d'Euro ou de Coupe du monde. Parce qu'il a tout. Il est créatif, rapide, techniquement parfait. D'une certaine manière, il est un peu fou. Il ne sait pas toujours ce qu'il va faire du ballon, et donc son adversaire non plus. Et j'aime les joueurs qui ne font rien comme les autres ! Quand il est heureux et en bonne santé, il peut décider à lui seul et en l'espace de deux secondes du sort d'un match. Ça va être très compliqué pour nous vendredi soir. Il va falloir que je lui mette deux ou trois joueurs sur le dos (rires).
Quels souvenirs gardez-vous de votre passage comme joueur à Monaco (1992-94) ?
Je me suis éclaté ! J'ai passé deux années merveilleuses sous les ordres d'Arsène Wenger. J'ai appris beaucoup à son contact et aujourd'hui je mets en application certains de ses principes. Il y a vingt ans, le championnat de France était très technique, très rapide. A l'époque, on avait eu d'incroyables batailles avec Marseille et le Paris-Saint-Germain. Et on aurait gagné le titre sans l'œuvre (sic) de Tapie (en 1993, ndlr). Je suis toujours en contact avec des gens de Monaco. Ce fut une formidable expérience et je ne l'oublierai jamais.
Comment vivez-vous la situation actuelle de Monaco, qui est dernier de Ligue 2 ?
Je suis triste parce que c'est un club fabuleux, dans un environnement merveilleux. Je croise les doigts pour qu'ils renversent la situation. Je suis sûr que le Prince Albert souffre en ce moment mais qu'il saura remettre le club sur le bon chemin.