Le patron, c’est Benzema

Karim Benzema - -
« Patron ? Je ne sais pas. » La question semble le surprendre, le désarçonner un peu. Lui si habile à faire suer les défenses adverses et à faire trembler les filets, cherche ses mots. Avant d’embrayer. « En tout cas, je me prépare pour être bien en équipe de France. Je sais que l’on attend beaucoup de moi. Je dois être bon comme toute l’équipe. Je ne me mets aucune pression et je vais tout faire pour être au top. » Karim Benzema n’ignore rien du statut qui est le sien aujourd’hui. Désigné attaquant numéro 1 du groupe France depuis l’arrivée de Laurent Blanc, l’ancien Lyonnais est l’arme fatale de la sélection. Ses trois buts et ses deux passes décisives lors des éliminatoires, ainsi que ses réalisations en amical contre le Brésil (1-0) et l’Angleterre (2-1), ont fini de l’asseoir dans ce rôle.
Mais de là à reconnaître un rôle de patron, Benzema n’en est pas là. Tout juste confesse-t-il une certaine casquette de leader : « Sur le terrain, je parle. En dehors, ça m'arrive aussi. Après, moi, ce qui m'importe, c'est d'être performant sur le terrain. » Et ça, le Madrilène le fait plutôt bien. Encore régulièrement barré par Gonzalo Higuain il y a un an, Benzema a complètement renversé la donne. Et pris définitivement son envol. Cette saison, le Français a survolé les débats : 32 buts toutes compétitions confondues (21 en Liga, son meilleur total sur une saison de championnat, 7 en Ligue des champions) et 14 passes décisives.
Evra : « Peut-être le gars qui nous fera remporter l’Euro »
L’homme, désormais titulaire, distribue les caviars, quand il ne les transforme pas lui-même. « C’est un leader technique, celui qui tire l’équipe vers le haut et qui marque des buts », lâche l’ancien entraîneur du PSG Antoine Kombouaré. « Karim, c’est le Monsieur Plus de cette équipe de France. Il fera toujours des différences », prédit Claude Puel. Les Bleus n’en attendent d’ailleurs pas moins de leur buteur attitré. « Je n’ai pas de problème à le dire. Pour moi, le mot d’ordre est le suivant : il faut jouer pour Karim », confie Patrice Evra, rappelant que même Michael Jordan avait eu besoin « de gars comme Scottie Pippen ».
Benzema, l’égal de Jordan ? Le fossé entre les deux hommes est encore profond. Peu importe, Evra place tout de même son jeune coéquipier face à ses responsabilités. « Il faut qu’il fasse ce qu’il fait au Real, poursuit le latéral des Red Devils. Il fait beaucoup de passes décisives, il ne pense pas qu’à lui. J’espère qu’il fera vraiment la même chose en équipe de France. Je lui dirai chaque jour : ‘‘tu dois être, non pas la star de l’équipe, mais le pilier de cette équipe’’. Qu’on se mette bien dans la tête que ce sera peut-être le gars qui nous fera remporter l’Euro. » A condition qu’il accepte le rôle de patron qui lui tend les bras.