Ribéry, le Bayern, les Bleus : mauvaise intention ou incompréhension ?

En voulant déclarer sa flamme à son club, le Bayern Munich, Franck Ribéry a quelque peu égratigné l’équipe de France. Une sortie qui fait tache, alors que sa cote auprès des supporters était enfin remontée. Il a démenti en début de soirée.

Il avait pourtant mis un temps fou à faire oublier, au moins en partie, l’affaire Zahia et le fiasco du Mondial sud-africain. Grâce une communication largement axée sur l’amour du maillot tricolore et quelques belles prestations en sélection, Franck Ribéry s’était finalement remis dans la poche un public français qui le boudait ouvertement depuis le sombre été 2010. Mais le supporter est versatile et la passion ne tient souvent qu’à un fil. Aussi, Ribéry aurait peut-être dû mesurer ses propos au moment de réaffirmer son amour pour son club, après son but et la victoire du Bayern Munich face à l’Eintracht Francfort (2-0), samedi. En quelques petits mots malheureux, le milieu de terrain munichois pourrait bien s’être remis son public à dos.

« Ici, c’est toujours bien, je suis heureux et je m’amuse. Pour moi, c’est plus important que l’équipe nationale », a lâché le premier buteur du match au micro de Sky. Aïe. « Kaiser Franck » aurait difficilement être plus maladroit vis-à-vis de la sélection. Les supporters des Bleus, qui rêvent de voir en équipe de France « le Ribéry du Bayern » (3 buts et 6 passes décisives en 7 matchs de Bundesliga), auront là le loisir d’apprécier qu’il ne s’agit pas forcément du même joueur. Mettons cela sur le compte d’un excès de spontanéité. L’ancien Marseillais aura en tout cas tout intérêt à signer une prestation de haute volée contre l’Italie en amical, mercredi (20h50), pour que cette déclaration ne vire pas à la polémique.

La thèse de l’accident linguistique

En début de soirée, dimanche, il a déjà tenté d'éteindre l'incendie dans un communiqué transmis à l'AFP. « Je ne maîtrise peut-être pas encore assez bien la langue allemande pour dire clairement les choses mais il est évident que contrairement à ce que l'on veut me faire dire, je ne préfère pas le Bayern à l'équipe de France, pas plus que l'inverse, a-t-il indiqué. Il est ridicule de comparer et d'opposer les deux. Le Bayern est un très grand club, je m'y sens bien depuis des années et il s'est toujours comporté avec moi de façon exemplaire. L'équipe de France, c'est autre chose, sur un tout autre plan. Je n'y ai pas connu que des moments faciles, mais rien ne me réjouit plus que d'y avoir retrouvé toutes mes bonnes sensations et d'y prendre vraiment du plaisir. Entendre de nouveau le public français scander mon nom après les galères que j'ai connues, c'est fabuleux. Alors que ce soit bien clair, j'aime le Bayern et j'aime l'équipe de France et je suis prêt à tout donner pour l'un comme pour l'autre. »

Le titre de l'encadré ici

Deschamps à la rescousse |||

Didier Deschamps, le sélectionneur de l’équipe de France, a apporté son soutien à Franck Ribéry ce dimanche. « Je n’ai aucun doute sur son attachement à ce maillot, a-t-il affirmé dans Stade 2. Il joue en Allemagne. Vous imaginez Franck dire en Allemagne que la sélection est plus importante que son club ? C’est impossible. Il faut être joueur à l’étranger pour comprendre ça, peut-être. Le Bayern, c’est son pain quotidien. Et Dieu sait si ce club a fait des choses pour lui. L’équipe de France n’a pas toujours été rose pour lui. Ça ne sert à rien de créer un cas et ce n’est pas sa dernière performance avec l’équipe de France en Espagne qui va me faire changer d’avis. »

Alexis Toledano