Riolo : "Les Bleus prennent une leçon de foot…"

Recevoir l’Espagne, ça fait match de gala. Parce que cette Espagne est de nouveau forte et impressionnante.
Les Bleus viennent avec une équipe fraîche. Un module neuf aussi. Un 4-3-1-2 ou 4-4-2 losange. Griezmann est derrière deux attaquants. Je ne me souviens même plus depuis combien de temps on n’avait pas vu les Bleus comme ça. J’ai toujours eu un faible pour ce schéma. Ça laisse la place à un 10. C’est un système qu’on disait « argentin » à une époque.
Les Espagnols, eux, sont dans leur 4-3-3 classique. Et le losange a beau être séduisant, ça reste du papier. Parce que sur le terrain, les Bleus prennent un bouillon. Deux réactions, deux occasions pour la France, c’est peu, mais c’est déjà énorme face à une telle adversité. Le milieu est mangé tout cru. Rabiot, Tolisso et Kanté jouent les chefs de gare. A gauche, Kurzawa fait le comptable et tient le registre pour savoir combien de fois Carvajal et Pedro passent.
Ça pourrait faire penser à la première période contre l’Allemagne à l’Euro. Allez, en moins pire.
Reste que les adeptes du foot épicier pourront toujours dire que l’Espagne n’a pas tant d’occasions que cela et qu'avoir le ballon ça ne sert à rien. Et oui, le foot, ça peut être vu comme du running par certains. Donc les Bleus courent. L’Espagne joue. La porte reste ouverte à une balle de contre, un coup de pied arrêté. Mbappé va tellement vite qu’il peut créer de beaux espaces.
Les Bleus avancent dans ce match avec une possession digne de celle qu’aura Avranches contre le PSG en Coupe de France. On serre les dents, on tient, on attend. C’est un projet de jeu ? Oui, il paraît. Contre ce genre d’adversaire, si on veut exister, il faut, par exemple, faire du Conte, style Chelsea ou Italie à l’Euro. Il faut être au moins à 115 km par équipe, être efficace et technique. Ça fait beaucoup d’éléments ! Là, on est loin de tout ça. Même l’intensité, élément simple, n’est pas là. Mais tant qu’il y a 0-0, Deschamps est content.
Après la pause, Bakayoko entre. Un peu de densité physique en plus. La technique de Rabiot n’a de toute façon servi à rien. Ça reprend bien pour les Bleus qui marquent tout de suite. Mais événement mondial, le but est refusé par la vidéo ! Un hors-jeu. On remballe la joie et les cris.
A l’entrée de Bakayoko, Lopetegui répond en lançant David Silva et Thiago Alcantara. Pas le même genre de foot.
Les Bleus affichent un autre visage à présent. Plus hauts, plus agressifs, ils ne sont font plus marcher dessus. C’est la bonne méthode pour gêner l’Espagne. Le bon moment des Bleus est court. L’Espagne reprend sa nette domination. C’est bien en contre que la France pourra faire quelque chose. Seulement comme ça.
Un but a été refusé pour hors-jeu grâce à la vidéo, mais à la 64e, Mbappé est lancé en profondeur. Il est signalé hors-jeu, sauf que l’image montre qu’il ne l’était pas. Ça ne marche que dans un sens ? Bizarre, non ? Il fallait qu’il marque pour que l’on consulte l’assistant ? Dans ce cas, il ne faut plus arrêter les actions. J’ai vu une action de « peno » sur Griezmann qui pouvait être contrôlée. Une action sublime des Espagnols stoppée nette avec image pas nette du tout… Mais sinon, ça va être génial la vidéo !
Dans le jeu, l’Espagne aura donc attendu la 68e pour enfin marquer. Un penalty, sans vidéo. Pourtant, beaucoup ont dû penser que ça pouvait ne pas se siffler.
Cette équipe de France peut faire des coups. Assurément. Elle dispose de bons joueurs. Pour gagner une compétition, on peut avoir un style, ou avancer en faisant des coups. Après, il faut un bon tirage, ça arrive. Mais combien de coups faut-il faire pour aller au bout ? Et il se passe quoi si sur le seul match que vous dominez, vous vous faites plomber par une autre équipe de coups ? Je préfère le style. Ça laisse moins de regrets. Imposer son idée, c’est toujours mieux que de réagir à celles des autres.
L’idée développée dans le 2e but des Espagnols est magique. C’est une action absolument éblouissante. Du grand football. Les Bleus continuent avec leur trois 6, leur deux 9, leur milieu bancal… Comprenne qui pourra… Le finaliste heureux de l'Euro s'est fait promener par une équipe qui a raté ses deux dernières compétitions. Les disciples du "roi résultat" vont expliquer ça comment ?
Il paraît qu’on a une génération extraordinaire. Ok, et pour l’Espagne, ça s’appelle comment alors ? Notre meilleur joueur, c’est Antoine Griezmann né en 1991, formé en Espagne…