Ligue Europa: ce qui attend Bordeaux tactiquement face à Mariupol (jeudi sur RMC Sport)

L'équipe-type
L'entraîneur Oleksandr Babych s'appuie sur une organisation à trois défenseurs centraux, un 3-5-2 qui se mue en 5-3-2 en phase défensive. Le week-end dernier, face à l'Arsenal Kiev de Fabrizio Ravanelli (victoire 2-1, la première de la saison en championnat après trois journées), le jeune technicien (39 ans) avait fait tourner une bonne partie de son équipe-type et adapté son système en conséquence, en 3-4-3, avant de revenir à son 3-5-2 mieux équilibré à la mi-temps.
Cette équipe de Mariupol comporte plusieurs éléments expérimentés, passés par les deux plus grands clubs du pays, le Dynamo Kiev et le Shakhtar Donetsk, sans jamais réussir à s'y imposer : le gardien et capitaine Rustam Khudzhamov, les défenseurs Serhiy Yavorskyi et Maksym Bilyi, et l'avant-centre Ruslan Fomin.
L'effectif est également complété par sept joueurs prêtés par le Shakhtar grâce à un partenariat, dont les titulaires Igor Kyryukhantsev (latéral droit), Oleksandr Pikhalyonok (milieu axial) et Vyacheslav Churko (attaquants), tous internationaux ukrainiens dans les catégories de jeunes. À noter également la présence dans le groupe du robuste (1,94m) défenseur camerounais Joyskim Dawa Tchakonte, né à Colombes et passé par l'AS Monaco (2014-2016), pour l'instant joueur de rotation.
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Le style de jeu
Sur la double confrontation face à Djurgardens comme contre l'Arsenal Kiev, Mariupol n'a pas eu la possession et a surtout subi dans son camp, sans effectuer de pressing haut sur la défense adverse. Les Ukrainiens évoluent donc principalement en contre, même s'ils ont éprouvé des difficultés à ressortir proprement les ballons lorsqu'ils étaient mis sous pression dans leur camp, faute de solutions de jeu vers l'avant en nombre suffisant. La victoire 2-1 en championnat le week-end dernier tenait du hold up : deux buts marqués sur deux tirs cadrés en première période (un penalty suite à une faute sur un rare corner obtenu ; un contre après un corner concédé, bien aidé par la glissade du dernier défenseur adverse), deux poteaux subis en seconde, avec une équipe certes mixte mais renforcée par les titulaires habituels au fil des entrées.
Sur les quelques situations de jeu placé, comme dans le premier quart d'heure à Kiev dimanche, la première relance s'effectue avec les trois défenseurs centraux écartés. Serhiy Yavorskyi, le plus central, est en charge d'initier les actions. Les circuits de construction s'effectue généralement suivant deux schémas :
- le ballon est écarté sur le défenseur latéral, qui cherche alors à lancer dans la profondeur l'un des deux attaquants ou un relayeur qui effectue un appel extérieur dans l'espace, dans le dos du latéral adverse. Pour les Bordelais, gare donc aux couvertures derrière Poundjé du Brésilien Pablo, plusieurs fois en retard dans l'exercice à Ventspils.
- sans solution sur les côtés ou dans l'entrejeu, Yavorskyi allonge vers Fomin ou vers le latéral droit Kyryukhantsev, le plus offensif des deux latéraux, pour faire monter le bloc et tenter de gagner le deuxième ballon.
Les points faibles
Le FK Mariupol a affiché quelques lacunes organisationnelles dans l'entrejeu. Ses trois milieux de terrain sont ainsi assez facilement mis hors de position, notamment lorsqu'ils sont contraints à coulisser d'un côté à l'autre pour couvrir toute la largeur du terrain. Les Girondins pourraient en profiter, eux dont les trois milieux (à choisir parmi Tchouameni, Plasil, Sankharé et Lerager) sont mobiles et échangent fréquemment leurs positions en possession du ballon pour ouvrir des brèches.
Le principal point faible identifié, toutefois, concerne les phases de centres, à la fois à l'origine et à la conclusion. Par sa disposition en 5-3-2, dans laquelle ce sont les milieux axiaux qui couvrent la largeur devant la ligne défensive, Mariupol maîtrise d'abord mal les montées des latéraux adverses après un renversement de jeu. Le temps requis pour que le milieu axial coulisse et vienne fermer génère une infériorité numérique défensive sur le côté. Là encore, Bordeaux a les armes pour en profiter, avec un duo Poundjé-Kamano côté gauche qui s'est déjà bien mis en évidence sur le plan offensif au tour précédent, face à Ventspils.
Ensuite, une fois le centre effectué, les défenseurs ukrainiens manquent de rigueur dans le marquage. Les latéraux à l'opposé ferment mal, ou en tout cas de manière irrégulière : contre l'Arsenal Kiev, Mariupol a concédé l'ouverture du score sur un centre au deuxième poteau, puis été sauvé par un montant sur une situation similaire. À Djurgardens, au deuxième tour, les Ukrainiens avaient également concédé l'égalisation à la 94e minute (1-1) sur un centre repris dans les six mètres par Aliou Badji, intercalé dans l'espace trop grand entre défenseur central et latéral. La faute à une attention trop focalisée sur le ballon.
La patte gauche du jeune Bordelais Zaydou Youssouf, ailier droit qui aime repiquer intérieur pour centrer de son pied fort, pourrait encore être déterminante. Déjà buteur à Ventspils sur un magnifique coup franc direct, l'international français des moins de vingt ans avait d'ailleurs trouvé le poteau au retour, sur un centre transformé en tir.
Dernier point, enfin : Mariupol défend les corners en zone intégrale. De quoi, peut-être, se rappeler encore au bon souvenir de Ventspils, qui se disposait également de cette manière : lors du match retour, Jules Koundé avait marqué sur corner après une remise de Pablo.