Shakhtar-Rennes: "Il s’agit de survivre", le témoignage fort de Jovicevic, le coach du club ukrainien

Il a fui l’Ukraine au début de l’invasion russe, l’an passé, alors qu’il était à la tête du SK Dnipro-1. Mais après s’être réfugié quelques mois en Croatie, Igor Jovicevic est revenu l’été dernier, pour prendre la succession de Roberto De Zerbi au Shakhtar Donetsk. Dans un contexte forcément perturbé par la guerre. "On ne peut pas s’y habituer", a confié le coach de 49 ans à So Foot, avant d’affronter le Stade Rennais, ce jeudi à Varsovie (Pologne), en barrage aller de la Ligue Europa (18h45 sur RMC Sport 1). Près de trois mois après le dernier match officiel de son équipe.
"On sait où on habite. On sait que les sirènes sont quotidiennes. Tous les jours, on ressent la peur, mais on sait aussi un peu comment se comporter, quand s’arrêter à l’entraînement, quand ne pas s’entraîner. C’est difficile parce qu’au même moment, vous devez penser à survivre et à comment préparer un match de football. Il n’y a aucun autre club en ce moment en Europe qui vit ça, appuie l’ancien entraîneur du Dinamo Zagreb. C’est le poste d’entraîneur le plus compliqué du monde, parce qu’il s’agit aussi de survivre. Rien que si tu veux dormir tranquillement, ce n’est pas possible. Tu t’endors à 23 heures, et à 1h30 du matin, la sirène se déclenche. Tu te lèves et tu vas à la cave. Ce sont des situations très dures et qui vont au-delà de mon rôle de coach."
"On joue pour les Ukrainiens et les soldats qui nous défendent"
Après avoir effectué un stage en Turquie ces dernières semaines, le Shakhtar a posé ses valises en Pologne, où vit une forte communauté ukrainienne et où il bénéficie du soutien de la population locale. Mais au sein du vestiaire, la guerre continue d’occuper les esprits. "Nous commençons tous nos journées par regarder les dernières nouvelles sur Internet, témoigne Jovicevic. C’est notre quotidien et ce sont des choses qui vont déterminer ensuite nos émotions de la journée. Mais on a aussi des moments où il y a des bombardements tous les jours, donc cela a une influence énorme sur l’état d’esprit des joueurs (…) Je dois parler tactique, préparer le match. Quand je vois parfois qu’ils ne sont plus avec moi, alors je baisse l’intensité de l’entraînement, je ne donne pas d’analyse vidéo."
Cette situation tendue apporte un surplus de motivation au club du Donbass, qui se sent investi d’une mission à l’heure où l’Ukraine souffre et se bat pour résister à l’envahisseur. "Quand on joue, on joue pour les Ukrainiens. Et pour les soldats qui nous défendent, qui nous permettent de jouer à ce que nous aimons le plus, c’est-à-dire le football, explique Igor Jovicevic. Donc, grâce à leur altruisme, leur bravoure, nous pouvons jouer des championnats de football dans le même pays. Donc, je voudrais simplement leur dire merci. Sur le terrain, on doit leur rendre".