Espagne: "Nous avons toutes été victimes de harcèlement similaire", affirme une joueuse après l'affaire du baiser forcé

Des mots forts. Irene Paredes, Alexia Putellas et bien d'autres internationales espagnoles se sont rendues ce dimanche au centre d'entraînement du Betis, à Séville, pour expliquer une nouvelle fois la position de la sélection espagnole féminine vis-à-vis du baiser forcé de Luis Rubiales à Jenni Hermoso et des différents changements demandés ensuite.
"Nous avons toutes été victimes d'un harcèlement similaire"
Irene Paredes a été la première à se présenter devant les journalistes et a déclaré que toutes les joueuses espagnoles s'étaient déjà senties comme Jenni Hermoso à un moment ou à un autre: "Nous avons toutes été victimes d'un harcèlement similaire, à un degré plus ou moins important. Et il est temps d'y mettre fin."
"Ce qui s'est passé le jour de la finale, les jours suivants et aussi lors de l'assemblée, nous ne pouvons pas le tolérer et la Fédération ne devrait pas le tolérer non plus. Nous voulons créer des précédents positifs. Nous pensons que beaucoup de ces faits que nous reprochons sont dûs au fait que nous avons été traitées comme des petites filles alors que nous sommes des joueuses de football professionnelles", enfonce celle qui a été nommée co-capitaine de la Roja aux côtés d'Alexia Putellas.
"Si les gens ne comprennent pas, c'est qu'ils ne veulent pas comprendre"
La double Ballon d'or a d'ailleurs pris la parole dans la foulée, afin d'encore expliquer les demandes des joueuses espagnoles: "Je pense que tout est clair. Nous voulons une tolérance zéro pour ce que tout le monde a vu, pour les choses qui n'ont pas été vues parce qu'elles n'étaient pas en direct, et dont on ne peut pas parler parce qu'il y a un procès ouvert et des changements structurels en cours."
"Pendant des décennies le football féminin n'a pas été sur la liste des priorités. On l'a déjà expliqué dans la presse, dans trois communiqués... Si les gens ne comprennent pas, c'est qu'ils ne veulent pas comprendre", s'agace Alexia Putellas, alors que certains éditorialistes espagnols clamaient cette semaine que les joueuses n'avaient pas exposé clairement leurs demandes.
Des trajets à 3h du matin, 7 à 8 heures de bus...
Pour appuyer ses propos, elle donne quelques exemples de situation où les joueuses n'ont pas été traitées comme des professionnelles: un avion à 3h du matin avant de jouer un match de qualification pour l'Euro, un trajet en bus de 7 à 8 heures avant d'affronter l'Angleterre, dont l'équipe voyage elle en avion... "Nous sommes des athlètes d'élite et il y a trois choses fondamentales: l'entraînement, l'alimentation et le repos", rappelle-t-elle en citant son club, le FC Barcelone, comme modèle en la matière.
Alexia Putellas rêve d'une "structure professionnelle" en sélection, où les joueuses ne seraient là "que pour jouer au foot". "Mais ça fait des années que c'est comme ça. Depuis que je suis capitaine, nous avons eu beaucoup de réunions de ce type, à propos des voyages, des conditions... Et ce sont des choses épuisantes", explique celle qui avait affirmé avant d'affronter la Suède que les joueuses n'avaient dormi que 4 heures par nuit toute la semaine à cause des discussions compliquées avec la fédération.