Euro 2022: participation historique pour le Portugal, repêché de dernière minute

Quelques secondes après sa défaite face à la Russie, lors du barrage pour l’Euro féminin, l’équipe féminine du Portugal ne se doutait pas que son été allait se prolonger. En raison de l’invasion russe en Ukraine, l’UEFA a décidé de frapper fort en excluant toutes les sélections et équipes russes de ses compétitions. Ce qui fût le cas pour la Sbornaya, initialement placée dans le Groupe C en compagnie des Pays-Bas, de la Suisse et de la Suède pour la compétition qui débute le 6 juillet en Angleterre.
C’est donc par un communiqué que l’équipe de Francisco Neto a appris son repêchage. “Nous aurions échangé notre présence à l’Euro 2022 contre un monde sans guerre et sans les événements choquants que nous avons suivis à la télévision : attentats à la bombe, morts, enfants, femmes, familles entières qui souffrent et fuient. Personne n’est indifférent”, avait réagi le sélectionneur portugais au moment d’apprendre la nouvelle.
Une équipe en constante progression
Si les circonstances de la qualification ne sont pas celles espérées, le pays a accueilli cette nouvelle avec un grand sourire. “Le Portugal reste un très grand pays de foot, souligne Angeline Da Costa, internationale U23 franco-portugaise et milieu à Torreense, à RMC Sport. Même si l’équipe féminine n’a pas de grande star comme Cristiano Ronaldo chez les garçons, les résultats sont tout de même très suivis.” Le football féminin a connu un fort essor au pays au cours de la dernière décennie. Fin mars, près de 7.800 joueuses détenaient une licence selon les données de la fédération portugaise de football (FPF), un bond de 72% par rapport à la saison 2011/2012.
La FPF a appelé les clubs à former des équipes professionnelles en 2016 et créé plusieurs compétitions afin d'améliorer la qualité de cette pratique. Depuis, tous les grands clubs portugais, à l'exception du FC Porto, possèdent une équipe féminine: le Sporting Portugal, le Benfica Lisbonne et le Sporting Braga.
L’expérience n’est pas non plus la même entre les deux sélections. Alors que les garçons ont remporté l’Euro en 2016, les filles ne participent qu’à leur deuxième compétition internationale, après l’édition 2017, qui s’est stoppée dès les poules. “Les filles n’ont rien à perdre. C’est l’occasion de se confronter à des grosses nations afin de voir ce qu’il manque pour passer au niveau supérieur”, poursuit la native de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne.
Opposées à la Suisse (9 juillet), aux Pays-Bas (le 13) et à la Suède (le 17), les “Quinas”, 29e nation au classement FIFA, ont un groupe relevé avec les tenantes du titre néerlandaises et les double vice-championnes olympiques suédoises. “Il ne manque pas grand-chose à ce groupe pour passer un cap. Ces dernières années, la mentalité a changé, il y a un vrai suivi de la sélection. Le football portugais représente le foot du futur, sachant que c’est une nation qui ne part pas de grand chose. Aujourd’hui, les résultats arrivent chez les jeunes, et le projet de jeu reste le même de catégorie en catégorie, ce qui permet aux joueuses de ne pas se perdre.” En février dernier, les filles de Francisco Neto ont réussi à battre la Norvège lors de l’Algarve Cup (0-2).
Kika Nazareth, la pépite à suivre
Pour essayer de créer la surprise en Angleterre, le sélectionneur portugais s’appuie sur un groupe majoritairement composé de joueuses locales, à l'exception de Tatiana Pinto (Levante) et Ines Pereira (Servette). Le groupe est d’ailleurs relativement jeune et Angeline Da Costa a pu en côtoyer certaines en U23. “Kika Nazareth (Benfica) est vraiment bluffante. Malgré son jeune âge (19 ans), elle a réussi à faire de gros matchs en Ligue des champions contre Lyon cette saison (malgré deux défaites en phase de groupe face aux futures championnes d’Europe, ndlr). Au milieu, Andreia Norton (25 ans, Braga) a été élue meilleure joueuse de la saison et est très importante pour le collectif.”
Le rayonnement de la sélection pour les années à venir passe aussi par les performances en club, notamment en Ligue des champions, pour espérer gagner en maturité. Mais les clubs portugais sont très peu représentés dans la reine des compétitions. Depuis la mise en place de la nouvelle formule la saison dernière, seul le champion peut participer et il doit passer par deux tours de barrages pour accéder à la phase de groupe, qui rassemble 16 équipes. “Les sélectionneurs regardent le haut niveau, donc les joueuses qui évoluent en Ligue des champions. Plus il y aura des Portugaises en coupe d’Europe, plus elles gagneront de l’expérience”, complète l’ancienne joueuse de Brest et de Soyaux.
Après deux victoires contre la Grèce (4-0, 1-0) et un nul contre l’Australie, les Quinas sont prêtes à entrer dans l’arène de Wigan, le 9 juillet contre la Suisse, pour continuer à écrire leur histoire.
Gardiennes : Ines Pereira (Servette), Patricia Morais (Braga), Rute Costa (Famalicao).
Défenseuses : Alicia Correia (Sporting CP), Carole (Benfica), Catarina Amado (Benfica), Diana Gomes (Braga), Joana Marchao (Sporting CP), Mariana Azevedo (Famalicao), Silvia Rebelo (Benfica).
Milieux : Andreia Norton (Braga), Andreia Jacinto (Sporting CP), Andreia Faria (Benfica), Dolores Silva (Braga), Fatima Pinto (Sporting CP), Kika Nazareth (Benfica), Tatiana Pinto (Levante), Vanessa Marques (Braga).
Attaquantes : Ana Borges (Sporting CP), Carolina Mendes (Braga), Diana Silva (Sporting CP), Jessica Silva (Benfica), Telma Encarnacao (Maritimo).