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Gambardella: privé de titre depuis 25 ans, l'OL veut réparer l'anomalie contre Caen

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Régulièrement cité comme l'académie référence en Europe et en France, l’OL n’a guère brillé en Coupe Gambardella, souvent un marqueur de la vitalité des centres de formations hexagonaux. Avec "seulement" trois succès depuis sa création en 1954-1955, et aucun depuis 1997, Lyon reste loin du palmarès d’Auxerre (sept titres). Samedi en finale face à Caen (17h15), il pourrait cependant égaler Saint-Étienne, Nîmes et Monaco (quatre victoires). Et effacer un quart de siècle d’absence.

En s’avançant vers Yannis Lagha, capitaine de l'équipe des moins de 18 ans de l’Olympique Lyonnais pour ce qui est l’une de ses toutes premières interviews, on ne prévoit pas de poser d’emblée LA question qui est sur toutes les lèvres des amateurs de l’Académie entre le Rhône et la Saône: "Connaissez-vous la date de la dernière victoire en Gambardella?" Débutons donc par l’état d’esprit qui habite le groupe après un parcours haut de gamme dans cette compétition, dont la finale oppose l'OL à Caen samedi après-midi (17h15) au Stade de France. Dès le premier tour régional, il a fallu écarter le meilleur ennemi, l’AS Saint-Étienne – et tenant du titre qui date de 2019 – dans le Forez, avant d’éliminer quelques gros favoris (Monaco, Strasbourg ou encore Troyes). Des formations qu’ils reverront pour le titre de champion de France de la catégorie en mai.

L’interview démarre à peine que le buteur des U18 lyonnais, une génération née en 2004 et 2005, met les crampons dans le plat: "Nous avons une envie folle d’être au jour J car nous savons que cela fait très longtemps que le club n’est pas allé en finale. Cette coupe, nous en parlons beaucoup, c’est la plus connue. C’était un rêve. Nous la voulons", répond-il en effet pour bien souligner d’entrée cette envie collective de marquer l’histoire. "C’est à nous de dédramatiser aussi cela et de ne pas trop insister sur 1997", coupe alors Éric Hély, l’entraîneur, qui rappellera opportunément un peu plus loin dans l’échange qu’il a peut-être été recruté pour cela (comprenez la gagner). Avec Sochaux, son club de cœur, il a en effet soulevé le trophée en tant que joueur (1983), puis comme entraîneur en 2007 (génération Martin et Boudebouz) et 2015 (face à... l’OL de Diakhaby, D’Arpino, Moutoussamy, A. Kalulu et Cornet).

Trois finales pour trois succès. Jamais trois sans quatre? L’intéressé sourit, presque gêné quand on lui évoque la série: "C’est une chance pour eux, et pour moi. Mais bon, il faut se dépêcher de la gagner car le temps passe". Alors il affiche sa recette pour ne pas trop en faire dans cette avant-finale. "C’est comme pour la présentation des adversaires, narre-t-il. À trop montrer les forces de l’équipe d’en face, ils peuvent s’en faire une montagne et penser que les autres sont plus grands, plus costauds. Ce sont les mêmes qu’eux!"

El Arouch, Sarr, Lagha, Patouillet…

Mais dans ce groupe, rode indéniablement "quelque chose de plus", peut-être à l’image du leader Mohamed El Arouch. Il s’occupe souvent de tout (il délivre deux passes décisives lors de la demie contre Troyes et provoque le pénalty du succès 3-1), mais avec ce bonus, celui d’être toujours tourné vers le collectif. "Tiens, regarde, qui est le premier sur le terrain pour l’entraînement. C’est Mohamed", fait remarquer un membre du staff à trois jours de l’événement, quand quelques minutes sont réservées à la captation des images en vue des reportages télévisés: "Il y a un peu plus de pression ici, remarquera Éric Hély. L’OL, c’est un grand club et se doit de gagner".

Quand des dirigeants de l’Académie rappellent (régulièrement) ce constat en 2021-2022, ils ont sûrement en tête les échecs de 2005 et 2006 (avec la génération 1987 de Benzema, Ben Arfa, Riou, Rémy, Mounier) ou plus récemment les équipes avec Aouar ou Cherki qui ont toutes échoué. "On ne calcule pas les efforts, on fait les uns pour les autres", explique de l’intérieur Yannis Lagha. "Notre force, c’est la solidarité. Nous sommes ainsi, comme le coach qui nous pousse beaucoup. Il nous donne cet état d’esprit de ne pas lâcher, de toujours tout donner". Éric Hély confirme: "C’est une équipe équilibrée, bien née et le relationnel se fait par la compétition entre eux. La dynamique repose là-dessus".

"La caresse et le bâton"

Quant au savoir-faire du duo Éric Hély–Pierre Chavrondier, tous les deux passés par des centres de formation (Sochaux pour le premier et l’OL pour le second), il se concrétise en maniant deux actions, opposées mais complémentaires: "Tu mènes la caresse et le bâton (sic), sourit Hély. Si c’est carré hors du terrain, cela l’est sur le terrain. Nous avons l’avantage d’être passé par là et même si c’est il y a longtemps, il y a des fondamentaux qui restent".

Des individualités prennent de l’épaisseur et structurent le onze de départ: Mathieu Patouillet, le gardien de but, serein, qui monte, Mamadou Sarr, l’impressionnant défenseur central, Mohamed El Arouch, le métronome technique et d’effort, Yannis Lagha, le serial buteur, sans oublier les prometteurs Hugo Vogel, Gwendal Degorce, Islamdine Halifa, Antonin Marsin ou Ahmed Djimé et Chaïm El Djebali, blessés et absents au Stade de France ce samedi. "Dans chaque ligne, nous avons des valeurs fortes", confirme Hély sans vouloir trop en dire plus sur chacun de ses atouts. Il préfère insister sur d’autres marqueurs de son effectif: "Ils ont le goût de l’effort en plus de leur qualité. Parfois, le don, c’est leur ennemi. Car ils pensent que cela va suffire".

Le Covid et ses effets... positifs

Pendant la pandémie, qui a privé cette génération des compétitions de mars 2020 à septembre 2021, l'OL a multiplé les séances de "vrais" entraînements, poussés sans penser (et panser) les bobos des rencontres officielles disparues pour cette tranche d'âge. C'est la "méthode de l'Académie". "Pendant le Covid, ils ont affronté des joueurs plus âgés, se souvient Éric Hély. Nous avons pris des corrections mais cela a mis au pli tout le monde et a poussé tout le monde à bosser plus. Ils se sont rendus compte que tu peux avoir des qualités techniques, physiques, mais que tu n’arrives à rien sans impact ni travail".

Désormais, les jeunes Lyonnais veulent tout: "Notre parcours doit nous donner confiance. Monaco et Strasbourg, ce sont de grosses équipes et nous avons été dans de mauvais moments, mais nous nous en sommes sortis", détaille le coach, quand son capitaine, lyonnais de naissance, voit un symbole dans cette aventure 21-22. "Après le succès face à Saint-Étienne en décembre, nous nous sommes dits qu’il fallait qu’on aille au bout, sourit-il. Ensuite, nous avons fait pas à pas. Cette Coupe, nous en parlons beaucoup, c’est la plus connue. Quand on est entré au centre, c’était un rêve. Maintenant, nous la voulons".

"Dans un parcours de jeune, c’est indispensable", glisse malicieusement Éric Hély en guise de conclusion. Comme pour réparer par les mots, avant l’action de ses jeunes hommes, un quart de siècle d’absence. Une anomalie à l’heure où l’OL entend à l’intersaison promouvoir, pour sa renaissance future, une nouvelle génération de Gones, dans la foulée des révélations de la saison professionnelle mitigée qui se nomment Malo Gusto, Castello Lukeba ou encore Bradley Barcola, derrière Maxence Caqueret, bientôt érigé par une prolongation de contrat XXL jusqu’en 2026, en capitaine et leader de la nouvelle vague OL 22-23.

Edward Jay