Real Madrid : ce que vaut vraiment Lucas Silva

Lucas Silva - AFP
Lucas Silva n’était pas attendu avant l’été prochain. Mais le mercato a finalement permis au Real Madrid de finaliser son arrivée dès cet hiver. Contre un chèque de 15 millions d’euros. L’idée ? Permettre au prodige de Cruzeiro de prendre ses marques dans l’arrière-cour de la Maison Blanche. En attendant de monter au front dans les prochaines années. Mais le destin a décidé de ne pas perdre de temps avec le Brésilien de 21 ans. A l’heure où Luka Modric, James Rodriguez et Sami Khedira squattent l’infirmerie, Carlo Ancelotti l'a lancé dans le grand bain samedi dernier face à La Corogne (18h), lors de la 23e journée de Liga. Après une vingtaine de minutes en forme de baptême, il va fêter sa première titularisation, ce mercredi à Schalke 04, en 8e de finale aller de la Ligue des champions.
En attendant, un certain mystère entoure le nouveau n°16 merengue. Les déboires de Cristiano Ronaldo et la claque reçue face à l’Atlético (4-0 samedi dernier) ont largement éclipsé ses premiers pas dans la presse espagnole. Alors que vaut vraiment ce jeune milieu de terrain ? « C’est un joueur très technique, qui rate peu de contrôles, éclaire Claudio Caçapa, l’ancien défenseur de Lyon, qui l’a côtoyé en tant qu’entraîneur adjoint lors du Tournoi de Toulon remporté l’été dernier par les U20 du Brésil. Il voit bien le jeu et a une bonne frappe de balle, ça lui permet de marquer quelques buts de loin. Par contre, il ne dribble pas trop. Il ne garde pas longtemps le ballon, il fait surtout jouer ses partenaires. »
« Ce n’est pas du tout un Ronaldinho »
Un joueur propre, pas forcément le plus élégant, mais redoutablement efficace. « J’ai assisté à beaucoup de ses entraînements, témoigne Nicolas Pauly, un agent spécialisé dans la détection de jeunes talents au Brésil et proche de Cruzeiro. Il a une bonne vision de jeu et surtout une très bonne technique. En revanche, ce n’est pas un dribbleur. Ce n’est pas du tout un Ronaldinho. C’est un joueur complet et polyvalent. Il est assez grand (1,82m) mais il est vif pour sa taille. Il est dans un style plutôt européen. »
Double vainqueur du championnat brésilien (2013, 2014), Lucas Silva aime évoluer devant la défense. Mais pas comme un pur n°6.« Ce n’est pas un récupérateur, confirme Caçapa, qui s’occupe à l’année de l’équipe U15 de la Seleçao. C’est plus un joueur qui fait sortir la balle. Il a une grande facilité pour les transversales. Ce n’est pas un guerrier qui va récupérer beaucoup de ballons. C’est plutôt un relayeur. Il peut jouer à tous les postes du milieu. Mais il ne faut pas le mettre sur le côté parce qu’il n’est pas très rapide. »
En dehors du terrain, en revanche, l’enfant du Minas Gerais fait rarement parler de lui. « Il est très sérieux, il a 21 ans mais il en parait quatre ou cinq de plus, assure Caçapa, Il est simple mais il sait où il veut aller. Il a un caractère assez discret. On ne le voit pas trop chambrer ses coéquipiers. C’est quelqu’un de tranquille, qui reste dans son coin. Il parle, mais ce n’est pas un blagueur. Il est un peu timide. »
« Il est prêt pour le Real Madrid »
Malgré son côté réservé, Lucas Silva semble taillé pour réussir au plus haut niveau. « Ses partenaires disent qu’il a une grande force de caractère. Au Cruzeiro, tout le monde est confiant sur le fait qu’il va réussir au Real. Un peu comme Neymar et son adaptation réussie à Barcelone », illustre Nicolas Pauly, qui travaille pour la société ARF Sport. S’il ne présente pas un physique de colosse, celui qui a triomphé à Toulon aux côtés de Marquinhos et Doria (victoire 5-2 en finale contre la France), n’est pas du genre à joueur les pleureuses. « Il n’est pas super costaud mais il tient bien sur ses jambes, résume Nicolas Pauly. Je l’ai déjà vu se prendre quelques beaux tampons dans le championnat brésilien, il encaisse bien. Je me souviens d’un gros choc contre un défenseur de Bahia. Je pensais qu’il allait sortir mais il est finalement revenu sur le terrain. Ça m’a impressionné ! »
Une grinta qui lui sera bien utile pour gagner le cœur exigeant de Bernabeu. Deux ans seulement après ses débuts professionnels à Belo Horizonte. « Je pense qu’il est prêt, conclut Caçapa. Il va falloir qu’il fasse encore mieux qu’au Brésil, mais il en est capable. Mais il va lui falloir du temps. C’est toujours difficile pour un Brésilien de débarquer dans un club comme le Real et d’être bon tout de suite. Il faudra être patient. » A moins que Lucas Silva décide de brûler une étape de plus…