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Affaire Sala: ce qu'attendent Nantes et Cardiff de l'audience 14 avril

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Un nouveau volet s'ouvrira dans le dossier du décès d'Emiliano Sala, disparu le 21 janvier 2019 lors d'un vol entre Nantes et Cardiff, le 14 avril prochain. Une audience de procédure pour clôturer la demande de pièces justificatives par Nantes à Cardiff qui réclame plus de 120 millions d'euros. 

L'affaire Sala ne connaîtra pas son épilogue le 14 avril prochain, mais cette audience est nécessaire pour avancer dans le dossier ouvert depuis 2019, année du décès de l'attaquant argentin. 

La bataille juridique, elle, a débuté il y a deux ans, au tribunal arbitral du sport de Lausanne, en Suisse. Une première procédure technique afin de savoir à qui appartenait le joueur au moment de l'accident tragique. Nantes, conforté par la LFP, estimait l'avoir vendu à Cardiff qui, de son côté, niait la validité de l'accord de transfert. Le TAS avait finalement donné raison au club ligérien et Cardiff avait versé les 17 millions d'euros d'indemnité de transfert au FC Nantes. 

Cardiff réclame 122,5 millions d'euros de préjudices

Mais le 11 mai 2023, Cardiff revient à la charge et assigne le FC Nantes à comparaître devant le tribunal. La réponse nantaise intervient le 23 novembre pour contester les faits qui leur sont reprochés. Des faits que voici: Nantes aurait engagé un intermédiaire pour organiser le vol d'Emiliano Sala et par conséquent, serait responsable du décès du joueur. 

C'est par un courrier du 19 avril 2024 que le club gallois fait parvenir à Nantes les raisons de l'assignation et l'explication de la somme demandée: 122,5 millions d'euros de préjudices. Cette somme inclurait 52,9 millions d'euros de manque à gagner entre les saisons 2018 et 2022, 67,3 millions d'euros de perte de valeur du club (dont les 17 millions d'indemnité de transfert versée au FC Nantes) et 2 millions de préjudice réputationnel. 

Pour arriver à ces chiffres "nous avons fait appel à Data Analytics" expliquent Olivier Loizon et Céline Jones, deux des avocats du Cardiff City Football Club "c'est un des experts en matière de données de foot au Royaume-Uni, ils ont réalisé des études approfondies et poussées pour arriver à une très forte probabilité de maintien avec Sala dans l'effectif. Cette boîte n'a pas été créée pour cette affaire, elle était déjà utilisée pour acheter des joueurs, elle travaille avec le PSG notamment. C'est notre expert à la Cour de cassation qui s'est appuyé sur Analytics pour faire ses calculs financiers." Résultat de l'enquête notamment: avec 60% de matchs joués par Emiliano Sala, Cardiff aurait eu 54,2% de chances de se maintenir en Premier League." 

En janvier 2025, une séquence procédurale se tient au tribunal de commerce après les demandes du FC Nantes d'obtenir des preuves. Le club de Ligue 1 réclame trois choses: les échanges de la procédure contre William McKay, les rapports d'expertises concernant le calcul des préjudices, les documents liés au dédommagement de 6,8 millions d'euros dans son contentieux avec son ex-courtier que Cardiff a obtenu à l'amiable avec Miller, une société britannique "pour manquement de devoir de conseil", le décès de Sala n'étant pas couvert par sa police d'assurance. Le 13 janvier, le tribunal de commerce ordonne à Cardiff de fournir uniquement les pièces liées à un dédommagement de son courtier d'assurance et déboute Nantes sur ses deux autres demandes.  

"Les demandes de Cardiff sont extravagantes"

Cette procédure devant le tribunal de commerce initiée par Cardiff suivra donc son cours le 14 avril prochain "l'objet est de se faire indemniser" martèlent les avocats du club gallois "Cardiff considère que Nantes a commis une faute par l'intermédiaire de l'agent Willy McKay dans l'organisation du vol et qu'il se trouve être responsable de la situation donc doivent être indemnisé des préjudices subis. Notre position est de dire que Willy McKay a été engagé par le FC Nantes de manière occulte car il n'avait pas le droit d'exercer et nous avons tout un faisceau d'indice en notre faveur, ce sera désormais au tribunal de décider." 

De son côté, Nantes regrette de devoir prolonger l'affaire Sala après la décision définitive du Tribunal Arbitral du Sport de 2023 et une fois la décision de l'indemnité de transfert et de l'appartenance du joueur à Cardiff rendue. "Ce que nous demandons, c'est que Cardiff soit débouté de toutes ses demandes car nous contestons toute responsabilité dans cette affaire", insiste Me Jérôme Marsaudon du cabinet Reinhart Marville Torre, avocat du FC Nantes "les demandes de Cardiff sont extravagantes, ça ne rime à rien. Leur action est dénouée de sérieux. Nous demanderons également la réparation du préjudice subi par le FC Nantes en raison de cette procédure abusive de Cardiff."  Nantes a également fait travailler ses propres experts pour contester les calculs et conclusions du CCFC "Nous n'avons pas le choix, nous devons nous défendre" explique-t-on dans les rangs nantais. 

Ce 14 avril, l'audience de procédure devrait correspondre à la fermeture de la parenthèse de la demande procédurale soit vulgairement à la fin des échanges de pièces justificatives. Le fin mot de l'affaire n'est pas pour tout de suite, "le plus rapidement possible" espère-t-on dans les deux camps. 

Clément Brossard