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Benatia, De Zerbi, Longoria, Ravanelli: une entente encore au beau fixe dans les hautes sphères de l’OM?

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Au cœur de la crise de résultats récemment connue par l’OM, la relation entre les hommes forts de l’organigramme sportif marseillais a également été mise à l’épreuve. L’axe Medhi Benatia – Roberto De Zerbi a subi quelques turbulences, mais le lien resterait solide, promet-on, en interne.

Mercredi soir, à Rome, Pablo Longoria est resté plus de deux heures, avant le dîner, à discuter en totale décontraction avec son directeur du football Medhi Benatia et son entraineur Roberto De Zerbi. Certaines crispations, qui prennent toujours un écho plus important quand les mauvais résultats s’enchainent, auraient tout de même pu laisser des traces. L’un des épisodes concerne la gestion ou les choix de Roberto De Zerbi, notamment concernant deux joueurs majeurs, dont les attitudes ont beaucoup fait parler ces derniers temps : Luis Henrique et Mason Greenwood. Dans les jours qui ont précédé le match face à Lens, lors duquel RDZ décidera de ne pas titulariser les deux meilleurs buteurs de son effectif, la direction de l’OM, consciente que la nonchalance des deux joueurs commençait à irriter certains leaders du vestiaire, avait déjà pointé du doigt, en interne, leur manque d’implication.

Crispations autour de la gestion des cas Luis Henrique et Greenwood

Depuis l’arrivée de Medhi Benatia, les dirigeants marseillais se veulent intransigeants sur l’exigence et le professionnalisme, et veulent de la fermeté. Jonathan Clauss peut en témoigner. Les Olympiens à peine arrivés et déjà transférés cet hiver en ont également fait les frais. Concernant Luis Henrique et Greenwood, De Zerbi a hésité à durcir le ton, pour finalement choisir la "demi-sanction", en les faisant entrer tous les deux à la mi-temps, contre Lens, plutôt que de frapper plus autoritairement du poing sur la table, en laissant le Brésilien et l’Anglais plus longuement sur le banc pour envoyer un signal fort. Deux joueurs qui ne font pas toujours les efforts, mais qui gardent la confiance de leur coach, quitte à agacer certains tauliers de l’effectif. Le technicien italien se savait attendu sur ce dossier sensible, et a senti que ses choix faisaient parfois tiquer au-dessus de lui.

Les dirigeants pensent que l’effectif est largement taillé pour le podium

Le mercato hivernal a aussi pu mettre de la friture sur la ligne, en interne. Vendredi dernier, à la veille du match contre Montpellier, De Zerbi n’a pas hésité à évoquer le profil des défenseurs à sa disposition, expliquant qu’il repasserait sans aucun souci à une ligne de quatre, "s’il est encore la saison prochaine", et s’il a dans son effectif des défenseurs qui ont le profil adéquat. Le sujet est forcément sensible. Benatia s’est énormément investi sur le mercato. Honnête et lucide, il a reconnu, samedi, dans les colonnes de La Provence avoir eu des difficultés à trouver un défenseur central cet hiver.

Les remarques sur la qualité et la cohérence de l’effectif seraient donc, logiquement, de nature à irriter Benatia, d’autant que De Zerbi s’était dit très satisfait des recrues de l’hiver à la fin du mois de janvier. Sans vouloir polémiquer, les dirigeants ont globalement la conviction d’avoir mis à la disposition de leur entraîneur une équipe largement capable d’aller chercher la deuxième place ou au minimum le podium, peu importe les aléas d’une saison, et même si certains manquent à l’appel, notamment en défense.

De Zerbi moins soutenu en interne? Longoria y voit "des tentatives de désunion"

La relation De Zerbi-Benatia a toujours été décrite comme fluide et quasi idyllique. Des échanges en italien, en permanence, un directeur du football omniprésent en marge des entrainements, et souvent des discussions 100% football, l’entraineur n’hésitant pas s’appuyer sur les sensations et l’expérience de l’ancien joueur de la Juve et du Bayern. Au fil d’une deuxième partie de saison un peu chaotique, un brin de paranoïa se serait tout de même installé, De Zerbi ayant la sensation, justifiée ou non, que Benatia voire Longoria commençaient à s’interroger sur ses choix et à douter de sa capacité à remettre l’OM sur le chemin de la victoire.

Longoria entend cette petite musique depuis plusieurs semaines, et monte au créneau, pour RMC Sport : "La relation ne s’est pas détériorée", affirme le président olympien. "Ces tentatives de désunion, entretenues par des gens mal intentionnés, m’irritent. La relation avec le 'Mister' rester très saine, avec des échanges, des discussions, parfois des visions différentes que l’on partage ensemble, mais jamais de profonds désaccords ou de conflits." Et de toute façon, Longoria aime rappeler autour de lui que les conflits ont parfois des vertus, surtout celle de parler avec franchise, pour faire avancer les choses et s’améliorer. Le boss de l’OM précise aussi que lui et Benatia sont restés au plus proche de RDZ, à la Commanderie, quand le bateau tanguait le plus, après la claque à Reims.

Un échange Benatia-De Zerbi sur le rythme de travail et l’exigence auprès du groupe

Cette semaine-là, d’ailleurs, chaque témoin donnait sa version et sa vérité sur cette fameuse décision de De Zerbi de ne pas animer certaines séances. A n’y plus rien comprendre… Les pro De Zerbi expliquaient que l’entraineur italien avait juste voulu provoquer un déclic chez ses joueurs et dédramatisaient l’épisode. D’autres confirmaient une fracture avec le groupe, ce qui agacera profondément le technicien italien, encore plus convaincu, cette semaine-là, que certains prenaient un malin plaisir à le faire passer pour un entraineur ayant perdu la main sur son équipe. A cette même période, De Zerbi a aussi mal vécu certaines critiques, qui lui sont revenues aux oreilles : les joueurs auraient la sensation d’être dans le dur, car ils ne travailleraient pas assez physiquement, avec des entrainements un peu "light" et trop de jours de repos.

De Zerbi et Benatia ont effectivement évoqué ce sujet, mais sans heurts ni tensions, promet une source olympienne. L’idée était plutôt de s’assurer que le staff fasse bien comprendre aux joueurs qu’il faut bosser dur pour s’imposer à l’OM et que cette première saison du projet, – d’autant plus sans Coupe d’Europe – devait servir à inculquer au groupe du caractère, du mental et de l’exigence. "Il n’y a pas de problème avec le coach", affirme Benatia à RMC Sport. "C’est la réalité. On avance, et on lave s’il faut notre linge sale en famille. J’aime le coach car il est perfectionniste, passionné, exigeant et on sait tous se remettre en cause quand il le faut." Et l’heure du bilan sonnera plus tard, l’OM étant ultra concentré sur sa mission qualification pour la Ligue des champions, vitale et primordiale.

Ravanelli prié de moins s’approcher du secteur sportif

L’appel à l’unité publié en début de semaine dernière par Pablo Longoria n’était pas anodin. Il a récidivé, mardi, avec un message diffusé par l’OM. A retenir, et preuve que l’heure est encore à la concertation : ce sont Longoria et Benatia qui ont proposé à De Zerbi de partir en "ritiro" en Italie, ce que l’entraineur a rapidement accepté après avoir consulté ses cadres. D’ailleurs, Longoria l’affirme : "Roberto est investi dans sa mission et travaille dur, avec passion, méthode et rigueur. Nous sommes très heureux, avec Medhi, que cette initiative reflète l’unité de notre travail. On décide ensemble, et on avance ensemble."

L’objectif numéro 1 est de préparer au mieux les deux rendez-vous décisifs qui se présentent, la réception de Brest et le déplacement crucial à Lille. Et si cette mise au vert peut aussi permettre d’adoucir les relations en haut de l’organigramme marseillais, ce sera encore plus bénéfique. Ce sera en revanche sans Fabrizio Ravanelli. Selon nos informations, il a récemment été demandé au "conseiller institutionnel et sportif du président" de se concentrer… sur l’institutionnel. Les crispations des dernières semaines ont conduit l’OM à clarifier les rôles de chacun, au sein du club, pour éviter les interférences ou les susceptibilités. "Penna Bianca" n’ira donc pas à Rome.

Florent Germain