
Brésil: Juninho ne voit plus "80 ou 90%" de ses proches à cause de Bolsonaro
C’est le témoignage d’un homme triste et en colère, qu’a recueilli le Guardian. Dans un long entretien publié ce mardi par le quotidien britannique, Juninho, directeur sportif de l’OL, dresse un constat accablant d’une partie de la société brésilienne, avec laquelle il ne se sent plus en phase.
A la volée, l’ancien milieu de terrain déplore "la pauvreté du système d’éducation", le manque de valeurs au sein de la population, la "cupidité" de l’establishment – en prenant pour exemple Neymar – et s’en prend surtout à un homme: le président du Brésil Jair Bolsonaro. Un dirigeant élu sur des mensonges, assure Juninho, en expliquant qu’il a coupé les ponts avec "80 ou 90%" de sa famille et de ses amis à cause de leurs divergences politiques.
"Si les inégalités s'aggravent, il y aura de la violence"
"Au moment du deuxième tour de l'élection présidentielle de 2018, j'ai essayé de parler aux gens, de leur montrer des vidéos, de leur ouvrir les yeux, se souvient l’ancien milieu de terrain. Bolsonaro est un enfant de WhatsApp et des fake news. Les personnes soutenant Bolsonaro étaient majoritaires, et c’est moi qui ai pris la décision de m’éloigner d’eux. Je sais que certains regrettent aujourd’hui leur vote. Ils pensaient que Bolsonaro était la seule option…"
Mais il est semble-t-il trop tard. "L'élite ne comprend pas l'ampleur des inégalités financières dans le pays et, si elles s'aggravent, il y aura de la violence, craint Juninho. Nous regardons le pays se détruire. Nous avons de grands journalistes, mais pas un éditeur qui aura le courage de les publier. Plus de 42 millions de personnes n'ont pas voté en 2018. Si la presse brésilienne avait fait son travail, Bolsonaro n'aurait jamais été élu. Juste du vrai journalisme: écrivez et dites la vérité à tout le monde. (…) C’est Twitter, Facebook et WhatsApp qui ont décidé de l’élection. Je suis fatigué de dénoncer les fake news sur Twitter. Je les signale tout le temps, mais aucune action n’est menée contre les auteurs..."