"Ça devient banal": le PSG est champion d’automne... mais personne n'en parle

Triple champion de France en titre, le PSG possède dix points d’avance sur son premier poursuivant au classement. Mais même avant son précieux succès en match avancé de la 16e journée à Monaco (4-2), le club francilien s’était assuré le titre honorifique de champion d’automne à la mi-saison. Une nouvelle qui n’a pas vraiment révolutionné la Ligue 1 ni même fait frissonner les supporters parisiens.
"Je pense que c’est parce que le PSG, depuis quand même pas mal d’années, est souvent champion à la fin de l’année. Si on regarde sur les dix dernières années, ils sont huit fois champions", observe Tony Vairelles. "Je pense qu’aujourd’hui les gens sont habitués à voir le PSG champion. Donc qu’ils soient champions d’automne ce n’est plus vraiment une surprise."
Et le consultant RMC Sport de préciser: "Peut-être aussi que les gens et les Parisiens attendent maintenant plus de résultats en Ligue des champions, par exemple. Et le titre honorifique de champion d’automne, ça intéresse peut-être un peu moins les gens."
Vairelles reconnait une "certaine importance" au titre de champion d’automne mais…
Solide leader de Ligue 1, le PSG a remporté le titre de champion d’automne avec sa victoire face aux Gones. Pourtant, personne dans l’effectif de Luis Enrique n’a semblé le célébrer. Là encore Tony Vairelles a une explication et non, ce n’est pas à cause d’un désintérêt total pour le classement à la moitié de la saison.
"Ça a toujours une certaine importance. Mais quand on est joueur, on sait pertinemment que ça ne veut pas dire grand-chose en fait", insiste encore l’ancien attaquant passé notamment par Nancy, Lens et Lyon. "Parce que vous pouvez faire un super début de saison et puis derrière… Nous par exemple, quand on a été champion avec Lens (en 1998), il me semble que c’était déjà le Paris Saint-Germain champion d’automne (Metz, NDLR). Ça ne veut pas dire grand-chose au final parce qu’à l’arrivée vous êtes champion d’automne mais derrière il y a encore toute une moitié de saison. Et la plus importante."
"On a beau dire ce qu’on veut, c’est indéniable qu’il faut faire un bon début de saison, mais la partie plus importante c’est la fin de saison. C’est là que tout se joue et qu’il faut être performant."
"Ça aurait été une autre équipe que le PSG, je pense que là, ça aurait fait parler"
Tony Vairelles a poussé plus loin son raisonnement en comparant le fait d’être champion d’automne avec le début d’une compétition internationale, un Euro ou une Coupe du monde.
"C’est une bonne comparaison, la Coupe du monde ou l’Euro, parce que c’est sur une courte période. On a souvent vu des équipes cartonner en préparation, mettre des 5-0 ou 6-0, et ne pas aller au bout parce que leur pic de forme est trop tôt. Le titre de champion d’automne, c’est pareil. Quand tu es joueur à mon avis tu ne peux pas dire que tu t’en fous. Mais c’est loin d’être ta priorité", glisse encore le buteur aux huit sélections chez les Bleus. "Ta priorité c’est d’être là à la fin. Même s’il faut peut-être au début ne pas être dans le peloton de tête parce que ta préparation est différente."
Et de souligner sur le titre presque anonyme du PSG en décembre: "Aujourd’hui je pense aussi que les amoureux du PSG sont tellement habitués avec le PSG aujourd’hui, ils les ont vus tout le temps en haut depuis dix ans, que ça devient banal. Ça aurait été une autre équipe que le PSG, je pense que là ça aurait fait parler. Mais là je pense qu’aujourd’hui, pour le PSG ça devient normal d’être champion, ça devient une normalité d’être champion d’automne."
"Si c’est le PSG c’est normal et si c’est un autre ça met un peu de piment à la saison. Mais ça c’est dans l’inconscient. Comme le PSG termine souvent champion ces dernières années, ça devient une normalité qu’il soit champion d’automne."
"Une pression supplémentaire" pour le champion d’automne, la saison pas pliée
Les supporters du PSG un peu blasés, ceux des autres clubs désabusés à l’idée de voir les Franciliens tuer le suspense en Ligue 1. Pourtant, selon Tony Vairelles, la saison est loin d’être pliée. Au contraire, le PSG se retrouve avec une cible supplémentaire dans le dos avec ce titre de champion d’automne. Une étiquette pas toujours facile à assumer pour les joueurs.
"Non je ne pense pas (que la saison est pliée). Sincèrement je ne pense pas parce que, justement, les équipes ça les motive. A contrario, quand tu es champion d’automne, à mon avis ça te met une pression supplémentaire", enchaîne l’homme aux deux titres de champion avec Lens et Lyon. "Ok, le PSG parce que c’est une grosse armada le sent peut-être un peu moins. Mais quand tu es champion d’automne les autres années, quand le championnat est un peu plus disputé, je pense que le fait d’être champion d’automne ce n’était pas toujours un bien. Parce qu’après tout le monde se disait que c’est l’équipe à battre. C’est comme quand tu es champion, l’année d’après."
"Je ne pense pas que ça va étouffer la Ligue 1"
Voir le PSG posséder une telle avance au moment de la trêve hivernale peut inquiéter. Le championnat ne serait plus assez compétitif aux yeux de certains. Mais ça, Tony Vairelles n’y croit pas ne seconde.
"Je ne pense pas que ça va étouffer la Ligue 1. Après c’est vrai qu’aux yeux des amoureux du foot, le fait que ça soit souvent le PSG et qu’il y ait un peu moins de compétitivité, on peut se dire que le championnat est moins intéressant. Mais je ne pense pas qu’au niveau des équipes ce soit le cas", juge finalement l’ancien attaquant tricolore. "En tant que supporter, oui. Mais en tant que joueur, je pense que tu es motivé de jouer contre le PSG. Chaque match du PSG, tu as envie de les battre. Justement parce que c’est l’équipe qui est, entre guillemets, depuis dix ans la plus performante en Ligue 1."
Et de conclure sur l’attrait que peut apporter une telle domination du PSG: "En tant que joueur, si je mets à leur place, je pense que tous sont motivés de jouer contre le PSG. Et ça crée de la motivation. Ça c’est sûr. Après, au niveau des supporters peut-être qu’il y a une certaine habitude qui peut s’installer de voir le PSG là-haut et ça peut donner l’impression d’avoir moins de compétitivité. Mais je pense que ça n’est pas le cas. Je pense qu’il y a toujours autant de combativité et de compétitivité sur le terrain. Tout le monde veut battre l’ancien champion ou le champion en titre."