"Ça ne changera pas", pourquoi la gestion des déplacements de supporters ne sera pas modifiée à l’avenir

Les deux championnats professionnels (et même amateurs) ont été marqués cette saison par une explosion du nombre d’arrêtés d’encadrement et de déplacements des supporters lors des rencontres à l’extérieur. Ces privations de déplacement ont été renforcées par les menaces de dissolution sur plusieurs groupes de supporters, partout sur le territoire national. Pour le moment, aucune dissolution de groupe de supporters n’a été mise en place par le ministère de l’Intérieur. Mais l’ambiance reste toujours pesante.
Le dialogue difficile entre les parties
Face à cette situation, les groupes de supporters, via l’Association nationale des supporters, ont montré une union assez rare dans le petit milieu du supportérisme. Cette volonté de lutte, face aux dissolutions, a, dans un premier temps, inquiété les services de renseignements spécialisés, avant de connaître une fin de saison totalement normale. Ce conflit ouvert entre les autorités et les supporters n’aide pas à résoudre la question de la gestion des déplacements des supporters de football. "Il n’y a aucune volonté des autorités d’aider à améliorer la situation", constate le leader d’un groupe de supporters du sud de la France, qui a vu son groupe de supporters plusieurs fois interdits de déplacement cette saison. L’ANS répète à longueur de saison l’absence d’un dialogue constructif avec les autorités, notamment le ministère des Sports dirigé par Marie Barsacq.
Les dernières réunions de l’Instance nationale du supportérisme n’ont fait que renforcer les distancions entre les deux parties. "Je ne vois pas bien comment ça peut évoluer à l’avenir, on peut même déjà parier que le nombre d’interdiction de déplacement sera encore plus important la saison prochaine", ajoute le Kapo d’un groupe de supporters de Ligue 2. Les supporters, et certaines personnes chargées de la liaison club-supporters, constatent que cette question des déplacements n’est pas la priorité des dirigeants de la Ligue de Football Professionnel. "Et pourtant, c’est la base de notre football", juge le SLO d’un club de Ligue 1.
"Ça ne changera pas"
Dans les Préfectures, le message de Bruno Retailleau est très bien passé. Plusieurs interlocuteurs répètent mot pour mot le message diffusé par le ministre de l’Intérieur en octobre dernier sur RMC. "Le football mobilise beaucoup trop de forces de l’ordre tous les week-ends, confie en coulisses un sous-préfet qui doit gérer tout au long de l’année de nombreux matchs de football. Pour ma part, ma vision ne changera pas, nous écoutons les remontées du terrain avec nos différents services autour des rencontres mais ça ne changera pas. S’il faut demander au ministère des interdictions de déplacement, je le ferai sans aucun problème."
Plusieurs représentants des Préfectures contactés par RMC mettent aussi en avant, à tour de rôle, la mobilisation des forces de l’ordre dans les différentes régions concernées. Alors que les interdictions de déplacement explosent, la mobilisation des forces de l’ordre est elle aussi en hausse pour les matchs de football en France. Un match sans les supporters adverses mobilise sensiblement le même nombre de forces de l’ordre.
La situation entre les supporters et les autorités évolue peu ces dernières années. Il faut donc comprendre que le message de fermeté de la part des autorités face aux supporters de football ne devrait pas changer à l’avenir.