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Comme Vasilyev, Labrune était persuadé que l’OL avait les faveurs des arbitres

Vincent Labrune

Vincent Labrune - AFP

Ne comptez pas sur Jacques-Henri Eyraud, à peine arrivé à son poste, pour alimenter la polémique et pointer du doigt l’Olympique Lyonnais, accusé dimanche soir par Vadim Vasilyev d’être aidé par l’arbitrage français. Vincent Labrune, son prédécesseur, était en revanche beaucoup plus chaud sur le sujet. Avant que la vente de l’OM ne monopolise son esprit, l’ex- Président de l’OM a souvent eu dans le viseur l’arbitrage favorable dont bénéficierait, selon lui, l’Olympique Lyonnais.

Aulas–Labrune, les deux hommes se sont souvent opposés frontalement sur ce thème. Il faut remonter à la fameuse saison 2014/2015 où Marcelo Bielsa était entraîneur de l’OM, pour comprendre (ou pas) le sentiment d’injustice de Labrune, qui à l’époque confiait à ses proches que « les arbitres avaient tué son rêve », et qu’il aurait sa revanche sur Jean-Michel Aulas, un jour, « quand il ne sera plus Président et que sa parole sera plus libre ». C’était avant d’imaginer siéger au Conseil d’Administration de la Ligue… où le devoir de réserve est peut-être encore plus une nécessité qu’à la direction de l’OM !

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Les dossiers et vidéos de l’OM pour prouver que l’OL est avantagé

A l’issue de la saison 2014/2015, donc, au terme de laquelle l’OM avait terminé 4e, à six points de l’OL, Vincent Labrune et ses proches collaborateurs avaient décortiqué chaque action litigieuse impliquant l’OM et l’OL. Ces calculs n’engagent que les dirigeants marseillais de l’époque, mais ces derniers étaient arrivés à la conclusion que ces erreurs d’arbitrage ou interprétations avaient « pu rapporter jusqu’à un maximum de 17 points à l’OL », et « priver l’OM de 15 points ». Cartons rouges pour les adversaires des Lyonnais, penalties généreux pour l’OL, désignation suspicieuse des arbitres, etc., le « board » de l’OM était même allé jusqu’à comparer le nombre de cartons jaunes distribués sur les périodes de dix matchs (3 jaunes en dix matchs = une suspension automatique) avec la conclusion que Marseille avait beaucoup plus de joueurs suspendus que Lyon par ce biais-là. 

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Labrune aurait rêvé de mettre les arbitres sur écoutes téléphoniques

Labrune avait aussi demandé un montage vidéo des actions les plus « polémiques ». En tête d’affiche, la double confrontation contre l’OL, lors de laquelle l’OM avait décelé (au moins) un penalty oublié sur Thauvin au match aller et un but refusé à Ocampos au retour ; Et un Bordeaux – OM avec, dans le viseur des dirigeants marseillais, deux fautes non sifflées, dans la surface : une main de Yambéré et une charge sur Alessandrini. L’OM avait aussi ressorti une longue série d’actions anodines et litigieuses… arrivant, dans son dossier, à la conclusion que « le doute bénéficie toujours à l’Olympique Lyonnais, ce qui peut conditionner le résultat d’un match », affirme un dirigeant de l’OM impliqué dans ces fameux dossiers dénonçant un arbitrage pro-lyonnais. « Ou alors, c’est le hasard », ironise notre source. « Mais le hasard ne peut pas se répéter systématiquement. »

 « Ce n’est pas possible juridiquement mais, si c’était légal, Vincent aurait même rêvé de mettre les arbitres sur écoute, c’est vous dire à quel point il était remonté ! », confie encore aujourd’hui un proche de l’ancien Président de l’OM. Vincent Labrune, qui a terminé cette saison 2014/2015 persuadé que l’Olympique Lyonnais avait été aidé par l’arbitrage dans l’optique d’accrocher la LDC avant d’entrer dans son grand stade, affirmait à l’époque « que ce sentiment d’injustice était partagé par la majorité des Président de Ligue 1 », comme a pu le déclarer Vasilyev dimanche et encore une fois ce lundi au micro de RMC Sport.

Labrune : « A l’époque, mon jugement était peut-être plus passionné »

La saison passée, lors du match aller OM-Lyon, marqué par l’ambiance délétère autour du come-back de Mathieu Valbuena au Vélodrome, Labrune avait d’ailleurs fait une sortie médiatique similaire à celle de Vasilyev en déclarant, ce 20 septembre 2015, à la mi-temps du match : « Il y a des équipes qui ont plus l’habitude de jouer à 11 contre 10 que les autres, et qui ont plus souvent des penalties que les autres, c’est le cas de l’Olympique Lyonnais. » Aulas avait ensuite traité Labrune de « guignol qui n’allait pas durer bien longtemps dans le monde du football ». Pour se défendre devant la commission de discipline, 5 semaines plus tard, Labrune et ses équipes avaient encore monté un dossier… pour prouver que la déclaration de Labrune n’était pas un jugement de valeur mais une réalité statistique !

Contacté ce lundi par RMC Sport, Labrune n’a pas souhaité faire de plus amples commentaires sur ses propos ou convictions « qui datent d’une époque où mon jugement était peut-être plus passionné », dixit Labrune. La polémique et les propos de Vasilyev n’avaient, en tout cas, pas l’air de surprendre l’ancien président de l’OM.

Florent Germain