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Comment l’OL a (déjà) regagné le cœur de ses supporters

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L’OL a enchaîné vendredi une deuxième victoire éclatante (6-0) face à Angers, après son succès probant contre Monaco (3-0). Une rencontre marquée par le résultat mais aussi par la très belle ambiance en tribunes, pour la première de Juninho au Groupama Stadium en tant que directeur sportif. Depuis le retour du Brésilien dans la capitale des Gaules, le club a reconquis ses fans, en changeant sa stratégie sportive et sa communication.

C’est dans un Groupama Stadium surchauffé que les joueurs lyonnais ont été accueillis ce vendredi par leurs supporters avant d’affronter Angers, lors de la deuxième journée de Ligue 1. Au total, 49.871 spectateurs ont assisté à cette "affiche", un record pour un week-end du 15 août.

Chants et tifo à la gloire de Juninho, les fans sont venus saluer le retour du Brésilien à Lyon pour son premier match à domicile en tant que directeur sportif. Mais aussi la nouvelle politique du club. Ils ont été gâté, avec un flamboyant 6-0 final. Et les chants des spectateurs de se poursuivre encore 40 minutes après le coup de sifflet final. Une atmosphère que Sylvinho, sourire aux lèvres, salue d'un sobre mais significatif pouce levé en quittant l'enceinte.

Le cadeau d'Aulas

Car en une intersaison, l’OL a bien changé. Pour le plus grand bonheur des supporters. Jean-Michel Aulas leur a d’abord offert un magnifique cadeau en parvenant à rapatrier la légende Juninho sur la terre de ses exploits passés. Lors de la présentation de son nouveau directeur sportif, le président de l’OL n’avait pas caché son émotion. "Mon grand projet était le retour de Juninho, avait-il alors expliqué. J'ai été tenace et Juni est quelqu'un qui tient parole. Je voudrais le remercier du fond du cœur."

Un coup de maître qui permet au boss du club rhodanien de regagner la confiance des supporters, avec qui les relations ont parfois été électriques ces derniers mois. La saison dernière, Aulas n’avait pas hésité à attaquer certains d’entre eux sur Twitter, défendant contre vents et marées le bilan de Bruno Genesio.

Juninho au coeur... et sur les maillots

L'état de grâce a débuté le 28 mai, soit lors de la conférence de presse de présentation - et de lancement du nouveau projet - et se poursuit, 80 jours plus tard. Un signe suffit à s'en convaincre: les maillots vintage, floqués Juninho, qui fleurissent dans la ville.

Depuis la réorganisation du club, Aulas a pris ses distances avec les réseaux sociaux mais aussi le terrain, laissant les pleins pouvoirs sportifs à Juninho. Le Brésilien n’a pas tardé à entamer les grandes manœuvres, en nommant un entraîneur étranger – Sylvinho - faisant ainsi céder son président, opposé initialement à cette idée. "Je ne pense pas que l'arrivée d'un coach étranger serait la meilleure des choses. Je n'en ai jamais eu à Lyon, par conviction", avait déclaré Aulas à l’Équipe en septembre 2018. La donne a changé.

Redonner de l’importance aux supporters

Le nouveau directeur sportif de l’OL n’a pas oublié non plus les supporters, très présents dans son parcours de joueur. "Il faut être plus près des supporters, bien sûr le sportif c'est à nous de décider mais avoir cette reconnaissance me donne envie de tout faire pour eux" a-t-il déclaré cet été à l’émission OL Access. 

Des propos très différents de ceux tenus en février dernier par Bernard Lacombe, très remonté contre le mouvement anti-Genesio. "Les supporters arrivent et commencent à dénigrer car il y a Pierre, Paul ou Jacques qui ne jouent pas, avait-t-il commenté dans un reportage diffusé dans Breaking Sport. Mais comment ces gens-là, qui n'ont aucune compétence, peuvent-ils se permettre de venir le jour du match, comme cela, et donner des avis? Eux, ils ont vécu quoi après avoir joué en Promotion de district régional?"

La communication a changé, les supporters font désormais partie intégrante du projet OL. "Je leur demande de créer une ambiance, il faut que les adversaires se sentent tout de suite sous pression. On doit jouer pour gagner à chaque fois chez nous. Il faut que les adversaires le sentent", a-t-il demandé au micro d’OL TV après la victoire inaugurale à Monaco (0-3). Message entendu par les fans du club, présents en nombre au Groupama Stadium ce vendredi face à Angers.

Sylvinho impose son charisme et ses idées de jeu

Si Juninho arrivait en terrain conquis, Sylvinho s’est vite mis dans la poche le public lyonnais, réputé pour son exigence. "Le meilleur joueur de l’OL est né le 3 août 1950, c’est l’Olympique Lyonnais", en guise de première punchline lors de sa présentation. L’institution au-dessus des joueurs… la déclaration fait mouche chez les supporters, lassés de l’individualisme de certains éléments les saisons précédentes. "Le général Sylvinho" s’affirme d’entrée. Et a pour lui les moyens de sa politique, avec une flopée de recrues, 90 millions d'euros engagés au total... ce qui a permis de doubler tous les postes. 

Dans ces conditions, il impose aussi ses idées de jeu et explique sa vision du football. Système en 4-3-3, pressing haut à la perte du ballon ou encore travail défensif des attaquants… Des préceptes vites assimilés par les joueurs.

Emballer le public

"Le coach est venu avec une mentalité et une rigueur qu’on doit avoir sur le terrain, a expliqué Moussa Dembélé après le carton (6-0) vendredi face à Angers. On doit faire en sorte de récupérer la possession le plus vite possible à la perte de balle ou se replacer. C’est ce qu’on essaye de faire, de garder un bloc compact surtout." Même son de cloche du côté du nouveau capitaine lyonnais Jason Denayer: "Notre état d’esprit a changé par rapport à la saison dernière. Nous avons défendu à onze et cela augmente nos chances de ne pas prendre de buts."

Pour le moment, le spectacle et les résultats donnent raison à Jean-Michel Aulas et au virage pris par son club, sous l’impulsion de son duo Do Brazil. "A nous d'embarquer le public, avait insisté Sylvinho à sa présentation. Le message est passé, le public a suivi et l'entraîneur poursuit son show en haranguant la foule. Bien sûr, ce n’est que le début. La suite passera par les résultats. Mais l’OL a déjà gagné une première bataille : regagner le cœur de ses supporters.

L.Lefort avec E.Jay à Lyon