Crise des droits TV: pourquoi le foot français joue sa survie ce mardi

Le football français espère y voir plus clair au terme de cette journée. La médiation dans le litige financier sur les droits TV de la Ligue 1 entre DAZN et la Ligue de football professionnel (LFP) prend fin ce mardi 15 avril. Plusieurs scénarios sont sur la table, dont celui qui pousserait les clubs à se tourner vers la création d'une chaîne TV pour diffuser les matchs de la saison prochaine.
La procédure de médiation avait débuté fin février, après l'assignation lancée par DAZN devant le Tribunal des activités économiques. Le diffuseur réclamait 573 millions d'euros à la LFP pour "manquement observé" et "tromperie sur la marchandise". Objectif du médiateur: trouver un accord entre les deux parties. En cas d'échec, l'affaire peut repartir chez les juges. Et surtout s'éterniser.
- L'agenda du jour
Les collèges de Ligue 1 et Ligue 2, organes consultatifs avec les présidents des clubs des deux championnats, se réunissent à 14h puis 15h. Une réunion du conseil d'administration de la LFP a ensuite lieu à 16h pour officialiser la position du football français au terme de cette médiation.
- Les scénarios envisagés
Selon les informations de RMC Sport, DAZN propose comme solution de renégocier complètement le contrat en vigueur. La plateforme britannique voudrait récupérer tous les matchs, en obtenant donc celui diffusé par beIN Sports chaque samedi à 17h. Il serait aussi question de revoir le montant du deal: 200 à 250 millions d'euros en fixe par an jusqu'en 2029, auxquels s'ajouteraient 150 à 200 millions d'euros en part variable.
Du côté de la LFP et des clubs, nombreux sont les dirigeants à vouloir arrêter avec DAZN. Avant même l'activation de la clause de sortie fixée en fin d'année. Mais en plus des 140 millions d'euros dus en deux échéances d'ici cet été, la Ligue voudrait une indemnité de rupture de contrat de 200 millions d'euros. Une somme jugée trop élevée par la plateforme, toutefois ouverte à l'idée de ne pas poursuivre l'aventure. Une séparation obligerait ensuite à trouver un nouveau diffuseur ou à lancer le projet tant discuté de chaîne de la LFP.
Et puis il y a l'hypothèse de l'échec de la médiation. Au-delà du marathon judiciaire qui pourrait s'en suivre, la LFP risque de voir DAZN refuser de payer les prochaines échéances du contrat en cours. Un versement est prévu le 30 avril. S'il n'est pas honoré, les clubs se retrouveraient dans une situation financière très délicate. La Ligue serait alors contrainte de puiser dans son fonds de réserve pour combler les trous de trésorerie.
- Les comptes du football français sont dans le rouge
L'enjeu de cette journée est majeur pour les clubs, qui rêvaient encore il y a peu de se partager un milliard d'euros par an en droits TV. Lors de la saison 2023-2024, les pertes du football français professionnel se sont élevées à 1,2 milliard d'euros. C'était avec des droits TV à 734 millions d'euros. Ils sont aujourd'hui à environ 500 millions d'euros.
Depuis l'été dernier, au terme de négociations difficiles, DAZN s'est engagé à payer 400 millions d'euros par an jusqu'en 2029 pour la diffusion de huit matchs par journée. Le neuvième match est retransmis par beIN Sports pour 78,5 millions d'euros par an et 20 millions d'euros en sponsoring.
Sans oublier que le fonds d'investissement CVC, au titre de son investissement à 1,5 milliard d'euros dans le football français en 2022, touche désormais 13% des recettes de la Ligue.