Daniel Riolo: "Je savais que la révolution au PSG ne donnerait rien"

Nasser Al-Khelaïfi et Luis Campos, c'est quasiment déjà terminé. Le premier ne supporte plus beaucoup le second. Cela a commencé avec toutes les exigences de l'été et notamment l'interview donnée à Jérôme Rothen, qui n'est pas passée en haut lieu. "On a raté notre mercato", a dit le conseiller sportif portugais, alors que le dirigeant qatari dit qu'il a fait ce qu'il a voulu. Luis Campos dit non parce qu'il y avait Antero Henrique. On en avait déjà parlé de cette petite guéguerre, où chacun se rejette la responsabilité de ce qui a marché, ce qui n'a pas marché. Al-Khelaïfi en a un petit marre, déjà, de Campos. Il parait qu'il est là pour deux ans, avec l’objectif de tout mettre en place pour la Ligue des champions. On verra. Tout va très vite dans le football. Mais à l’heure actuelle, il y a un gros problème en interne à ce sujet, ce trio qui ne marche pas très fort.
Au centre du problème, il y a les fameuses promesses dont on n’arrête pas de parler. Tout tourne autour de ça. De ce qui a été annoncé et de ce qui est fait, de ce qu’on nous a vendu et de ce qu’on reçoit aujourd’hui.
"Finalement, Nasser Al-Khelaïfi n’en a rien à faire de Kylian Mbappé"
Tout tourne également autour de la prolongation de Kylian Mbappé. On s’aperçoit au final que Nasser Al-Khelaïfi était comme d’habitude dans une opération de communication. Finalement, il n’en a rien à faire de Kylian Mbappé. Ce que le président disait et qui est toujours dit : Mbappé ne partira pas libre. "On va le garder, on va réussir". Et comme est arrivée l’humiliation face au Real, il a fait exactement ce qu’il avait fait après la remontada du Barça : briller sur le marché des transferts. Là, c’était "Mbappé va rester, ce sera notre victoire". Ce qu’on n’a pas eu sur le terrain, on l’a en coulisses. C’est sa réflexion, il croit que ça marche comme ça et que c’est formidable.
Sauf qu’il a sorti cette victoire d’un tas de promesses. Ce qui donne quoi aujourd’hui ? Une situation inextricable avec Mbappé qui est au bout du rouleau. Aujourd’hui, il se fait tomber dessus par à peu près tout le monde. Les critiques sont très négatives. Les supporters le jugent très négativement, pour une succession de caprices. Il faut dire que Mbappé ne fait pas grand-chose pour redorer son image. Il s’enfonce lui-même dans cet esprit négatif, au point qu’il peut lui arriver de dire en privé qu’il partirait en janvier s’il y a une ouverture à ce moment-là.
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"Entre ce qu’on lui a dit et ce qu’il y a, je peux comprendre que Mbappé en ait marre"
En tout cas, c’est terminé à la fin de l’année. Il en a marre, tout simplement. Je ne vais pas forcément le défendre. Juste, que chacun se dise : si mon patron me fait autant de promesses et qu’à l’arrivée je me fais prendre pour un con à ce point, est-ce que je vais réellement bien le vivre ? Entre ce qu’on lui a dit et ce qu’il y a, je peux comprendre qu’il en ait marre. Le penaltygate est fondamentalement, pour les joueurs de ce niveau-là, avec un tel ego, une humiliation totale peu importe le club.
Il a donc pu se dire : "Ce n’est pas moi le patron, soi-disant on devait construire autour de moi". Et puis il y a la promesse du numéro neuf. Elle a quand même conduit Luis Campos à considérer que ça allait peut-être être Hugo Ekitike ce n°9. 35 millions d’euros pour un vrai-faux recrutement, parce que ce sera pour l’année prochaine. Il a été recruté une fortune, il ne joue jamais. Les remplaçants au PSG, c’est Jacquouille dans Les Visiteurs. C’est les mecs qui sont assis dans un coin, les sénateurs sont à table et on leur balance les miettes. Rien n’est fait pour leur acclimatation. Les mecs auront un temps de jeu très limité, ils ne prendront jamais la confiance et feront comme ceux des dernières années qui ne se sont jamais imposés.
"Je ne pensais pas que ça se dégraderait aussi vite"
Ce devait être une équipe pour Mbappé et on s’aperçoit au final que Mbappé est le seul joueur de cette équipe avec, peut-être dans une certaine mesure Verratti, qui ne joue pas à son poste ou comme il a envie de jouer. On a construit un 3-4-3 pour faire jouer Ramos, pour mieux utiliser Hakimi et Mendes, mais aussi pour faire jouer les trois de devant. Et celui qui s’en plaint tout le temps, c’est Mbappé, qui n’arrive pas à supporter cette situation.
On oublie que l’année dernière, Mbappé est le seul joueur valide qu’il y avait au PSG. Le seul qui a tenu le club dans une débandade totale. Des mecs ne venaient même plus s’entraîner et il y avait des clans. Neymar a fait cinq ans de caprices, et les supporters semblent avoir déjà oublié son vrai-faux départ, les insultes permanentes au club… Luis Campos devait instaurer une discipline, mais les joueurs, notamment Neymar et Messi, n’en ont toujours rien à cirer des supporters. Ils ne vont toujours pas saluer le public, ils n’en ont rien à faire. Résultat : ça donne le match de samedi. Les Parisiens se sont comportés comme des chiffonniers dans leur ensemble.
Voilà où on en est aujourd’hui au Paris Saint-Germain. Je savais que la révolution ne donnerait rien, mais je ne pensais pas que ça se dégraderait aussi vite. Il n’y a pas d’équipe, pas de groupe, pas d’entraîneur, un directeur sportif déjà contesté. Ils vont avancer dans leur saison comme d’habitude, en misant sur les exploits éventuels des individualités, en étant toujours l’équipe qui court le moins en Ligue des champions.