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Daniel Riolo: «Le PSG doit changer et vite!»

Daniel Riolo

Daniel Riolo - RMC Sport

Avant Arsenal, analyse du faux changement au PSG.

C’est trompeur la comptabilité. Après 13 journées, le PSG est dans les clous. 29 points, le huitième de Ligue des champions en poche. Du classique. Si on remonte à l’époque Kombouaré, le bilan après 13 matches de championnat oscille entre 23 et 35 points.

Mais c’est justement là qu’est peut-être le problème. Dans ce classicisme. La lecture des événements pourrait nous conduire à penser que, donc, comme d’habitude, le PSG sera champion et qu’il verra le printemps en Ligue des champions.

Reste que, tout ne semble pas aussi simple. D’abord sur les dernières saisons, Paris n’a jamais eu d’adversaire aussi costaud que Monaco. J’ose encore mettre Nice de côté. Et ensuite en LDC, le tirage au sort dira vite si envisager plus qu’un huitième est raisonnable ou pas.

Rien ne change, la saison du PSG se joue toujours sur quatre ou cinq matches.

La dictature du résultat

Mais si c’est pour faire ça, alors à quoi bon ? A quoi bon avoir vendu l’idée du changement ? Peut-être parce qu’on pensait certainement que ça serait plus simple. Un coach arrive et hop tout change. Regardez Klopp, Conte, Guardiola. La différence c’est que c’est trois-là ont pris des équipes à bout de souffle, avec, qui plus est, des joueurs qu’on pensait cramés ! Il faut ajouter qu’en outre ces entraîneurs ont une aura supérieure à celle d’Emery. Ça aide à imposer le changement. Et enfin, la grande différence, c’est que ces équipes ne gagnaient plus alors que le PSG gagne toujours ! Je ne sais pas si on mesure assez ce qu’impose la dictature du résultat !

Comment expliquer à un groupe gavé de victoires qu’il faut changer ? Vous pensez vraiment que les mecs du PSG relativisent sur le niveau de la L1 ? Vous pensez vraiment qu’ils analysent justement l’élimination face à City ? « A Manchester, c’était la faute du coach, on se fera pas avoir deux fois comme ça. » La remise en question quand on gagne, c’est rare. Et quand on perd de peu, elle dure quoi ? Cinq minutes ? La vie continue et les matches s’enchaînent.

Le public applaudit, tout va bien 

Cette équipe du PSG est pleine de certitudes. Et c’est là que réside son énorme problème. Aurier sait et a même officialisé qu’il est le chouchou du président. Il joue et court quand il veut. Il revient à la bourre sur un attaquant, tacle, se relève, ajuste son short, fait les gros yeux, le public applaudit, tout va bien. Motta joue en marchant et contrôle le match. Il rassure. Et c’est pas avec lui que le PSG passera en mode pressing et intensité. Parce que c’est probablement le plus intelligent, lui le sait. Mais avec lui, l’équipe se sent mieux. Verratti est loin d’être le taulier technique attendu, sa progression stagne, mais avec Motta, il est bien. Trois, quatre dribbles à 50 mètres du but adverse, le public est heureux, tout va bien. Matuidi ? C’est le meilleur des 3 du milieu. Lui, au moins, ne se repose jamais. Porteur d’eau ? C’est lui qui la produit et c’est tout dire !

Devant, Lucas est toujours aussi peu utile. Oui je sais, j’ai cru en tout début de saison qu’il avait mûri. Mais le fruit est tombé de l’arbre d’un coup. Le pire ? Ni Jesé, ni Ben Arfa ne sont meilleurs ! Sans latéraux, sans milieu, le PSG évolue avec une bonne charnière, un bon Matuidi, un essentiel Di Maria et le combatif Cavani. C’est trop peu.

Le changement est absolument nécessaire 

Et Emery, il faut quoi ? Pas grand-chose. Vous le voyez mettre Aurier sur le banc ? Motta et Verratti aussi ? Meunier et Krychowiak sur le terrain ? Ceux qui attendent Emery le couteau à la main, ceux qui veulent absolument Ben Arfa titulaire, je vous vends ça : Un milieu à 2, sans Motta, HBA derrière Cavani + Lucas et Di Maria. Si ça ne marche pas tout de suite, si ça ne marche pas tout court ? Il va se passer quoi ? La dictature du résultat va revenir en force non ? Et au diable les essais. Bon, avec Pastore, ça serait peut-être plus simple d’innover, mais…

Pourtant, derrière ces résultats, le changement est absolument nécessaire. Emery doit les imposer. Contre Arsenal et à Caen trois jours plus tard, Krychowiak a joué. Est-ce que c’était moins bien que ce qu’on voit avec le « fameux » milieu à 3, à mes yeux totalement cramé ? Non !

Contre Arsenal, Emery avait tenté. Le PSG avait été bon, pas constant, mais n’aurait-il pas mérité mieux que le 1-1 ? Le match à Toulouse dans lequel l’équipe fait 2 énormes cadeaux a tout arrêté. C’est regrettable. Je préfère un PSG qui évolue, se plante, se relève et avance, qu’un PSG ronronnant. Emery doit s’imposer, faire des choix, défaire des statuts. Plus facile à dire qu’à faire. Peut-être. Mais il doit le faire, sinon ce PSG n’avancera pas.

Daniel Riolo