Diouf : "Je demande aux joueurs africains de réagir"

Pape Diouf - AFP
Pape Diouf, êtes-vous choqué par les propos de Willy Sagnol ?
Evidemment. Ne peut me choquer que ce qui a dû aussi vous choquer ou aurait dû vous choquer. Il suffit d’entendre ce qui a été dit. Ce qui est formidable aujourd’hui, c’est qu’ils veulent se tirer de cette partie par la voie de la maladresse, comme si par ce mot de maladresse on arrivait à mettre un bémol, à sauver le « soldat Sagnol ». Je ne trouve pas le procédé digne, ni honorable. C’est en droite ligne de ce que nous vivons aujourd’hui en France, cette période d’incertitude ou la parole et l’attitude sont libres. Voilà ce que ça illustre.
Demandez-vous aux joueurs africains du championnat de France de réagir ?
Je leur demande évidemment de réagir. La seule manière de le faire est de montrer leur force, leur nombre et leur qualité. Lorsque les pilotes d’Air France ont voulu démontrer qu’ils existaient, ils l’ont démontré. Lorsque les routiers voudront le faire, ils y parviendront. Donc je pense qu’il suffit simplement de montrer qu’ils sont là, en montrant par leur nombre que les différents championnats en France ne valent absolument rien sans leur présence. Grève, ce n’est pas le mot, mais en disant symboliquement : « Pour cette journée-là, nous ne prendrons pas part aux joutes et on verra bien ce que ça va donner. » On verra si le championnat pourra se disputer et s’il ne sera pas tronqué.
Willy Sagnol doit-il être sanctionné par les instances du football ?
Si c’est moi qui dois dicter la ligne de conduite aux instances, c’est qu’on peut vraiment les plaindre. Où est la réalité de cette situation ? C’est que quand vous prenez la proportion de joueurs noirs ou d’Afrique qui sont dans le championnat et qu’à la fin de leur carrière, vous essayez d’en compter quelques-uns qui occupent un poste à responsabilités, il n’y en a pas ! Tout le problème est là. Le problème des quotas (en avril 2011, un enregistrement dévoilait le contenu d’une réunion technique tenue quelques mois plus tôt, durant laquelle des dirigeants de la FFF évoquaient l’instauration de « quotas officieux » pour limiter le nombre de binationaux, ndlr) n’a pu exister parce que ceux qui étaient là ont pu discuter car ils n’avaient ni à gauche, ni à droite, des gens issus de ce qu’on appelle la diversité. Si cette diversité-là était représentée comme elle l’est tous les week-ends dans les championnats, jamais ce discours-là n’aurait eu lieu.