Dossier Thiriez : le boycott de Canal + à la loupe

Frédéric Thiriez - AFP
Petit retour en arrière. Nous sommes le 10 avril au soir. Le PSG et l’OM viennent de publier un communiqué commun, lisible sur leurs sites, dans lequel ils annoncent leur intention de ne plus s’exprimer « auprès des journalistes et devant les caméras des chaînes du groupe Canal Plus jusqu’au samedi 30 mai ». Un boycott pur et simple – étendu à la Ligue des champions pour le club de la capitale – que les deux clubs ont choisi d’exécuter, à la suite des lourdes sanctions infligées la veille par la commission de discipline à leurs joueurs, Zlatan Ibrahimovic (4 matches ferme) et Dimitri Payet (2 matches ferme), en raison de propos tenus à l’encontre de l’arbitrage. Captés par les caméras de Canal + puis diffusés en boucle par la chaîne cryptée.
Celle-ci réagit en s’estimant prise en otage. La Ligue de football professionnel ne tarde pas à en faire de même non plus. Et surprend littéralement son monde, en envoyant un courrier à Canal +, lui rappelant notamment les devoirs qui sont les siens en matière de diffusion. Et, par la voix de son président au micro de RMC Sport, affirmant son soutien au boycott des deux clubs. « Ça ne me surprend pas et je vais aller plus loin : je les comprends, assure alors Frédéric Thiriez. Cette façon d’utiliser les images des coulisses à des fins de polémiques voire de scandales pose un problème dans le football. Elle pose un problème d’équité. Ce n’est pas une critique contre Canal, qui est un très bon diffuseur, mais à un moment donné, il faut arrêter d’utiliser des images de coulisses à des fins polémiques ou de scandale. »
Aulas : « La réaction de Canal + aurait pu être violente »
Si le président de la FFF Noël Le Graët comprend également ce boycott (« Il faut dire qu’il y a aussi des limites. Surtout concernant Dimitri Payet. Je ne suis pas certain qu’on aurait dû saisir des images dans le couloir de l’OM »), ce n’est pas le cas de tout le monde. Et notamment de certains présidents de clubs, pour lesquels la pilule ne passe pas. « Ce sont des gens qui donnent des centaines de milliers d’euros au football professionnel. Donc on ne peut pas boycotter un client, affirme Nicolas de Tavernost. Alors quand on a des difficultés avec un client, on se met autour d’une table, on regarde ce qui peut se faire, comment on peut améliorer les choses. Donc je pense que c’est une mauvaise querelle qui a été faite à Canal +, le diffuseur. Quand on a des partenaires, on doit les respecter, surtout des partenaires d’aussi longue date. Je pense que le rôle du président de la Ligue est actuellement extrêmement difficile puisqu’il a des intérêts contradictoires et il est soumis à une pression intensive. »
Frondeur contre Frédéric Thiriez, Jean-Michel Aulas met lui surtout en avant les répercussions que ce boycott aurait pu connaitre. « J’ai été non seulement surpris, mais choqué que la Ligue puisse reprocher l’attitude d’un opérateur qui a toujours servi les clubs et l’institution. Quand deux des plus grands clubs français boycottent la presse, ça mérite réflexion et de réunir tout le monde pour voir ce qu’il convient de faire ou de ne rien faire. Parce que la réaction de Canal + aurait pu être violente, assure le dirigeant de l’OL. En d’autres temps et avec d’autres responsables, Canal aurait pris un certain nombre de mesures qui aurait pu priver les clubs de leurs droits de rémunération. Mais le plus choquant, c’est la suite de cette histoire, puisque visiblement, c’est la fin du boycott qui a permis la décision du CNOSF. » Et la montée au créneau de JMA à l’encontre du président de la Ligue.