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Foot français : c’est la crise dans les instances

Frédéric Thiriez, président de la LFP

Frédéric Thiriez, président de la LFP - AFP

La décision de la LFP de revalider les deux montées et des deux descentes en Ligue 1/Ligue 2 a ravivé les tensions. RMC Sport fait le point sur la crise qui touche actuellement les instances du football français.

La Ligue 1 veut une séparation avec la Ligue 2

« Avant, on était censé être une famille. Aujourd’hui, on se tire tous dans le dos et à coup de fusil à pompe. » La métaphore de ce membre du conseil d’administration de la LFP n’est vraiment pas heureuse, mais elle résume bien la crise que traversent actuellement les instances du football français. Une crise qui touche d’abord les clubs professionnels. Une scission est née entre la Ligue 1 et la Ligue 2. D’un côté, la colère des présidents de Ligue 1 qui considèrent que la Ligue 2 a trop d’importance. D’un autre, ceux de la Ligue 2 qui considèrent que la Ligue 1 veut tuer le championnat inferieur. Une grogne résumée par le président du comité de surveillance de Saint Etienne, Bernard Caïazzo : « La L1 a toujours soutenu la L2, on verse même 80 millions d’euros par an à la L2. Et aujourd’hui, des clubs de Ligue 2 veulent diriger la Ligue, ce n’est pas possible. Nous ne pouvons pas accepter que le rapport de force s’inverse. » Et certains présidents de L1 vont encore plus loin. Aujourd’hui, une réflexion est clairement menée au sein de la LFP et parmi certains boss des grands clubs français pour séparer la Ligue 1 et la Ligue 2.

« C’est une nécessité, notre championnat est confronté à des problèmes de concurrence grave en terme de sportivité, de fiscalité et de contraintes économiques face aux autres championnats, explique un président de L1. La séparation en deux entités, comme l’ont fait les Anglais et les Italiens, devient vitale pour notre championnat. » Face à cette perspective, des présidents de Ligue 2 sont en colère. Une réunion téléphonique s’est tenue ce jeudi après-midi entre certains présidents de L2 pour évoquer la décision du CA de la Ligue sur les deux montées et deux descentes en L1/L2. Certains présidents évoquent même la possibilité d’un boycott des matchs de Ligue 2. Claude Michy, représentant des clubs de Ligue 2 au CA, est remonté. « C’est un passage en force des clubs de L1, déplore le président de Clermont. Une porte ouverte pour la Ligue 1 à 18 clubs, une baisse des droits TV pour notre championnat, etc… » Claude Michy disposerait d’une lettre signée par 23 clubs professionnels lui permettant de réclamer une assemblée générale extraordinaire pour demander la révocation du CA de la LFP.

L'UCPF perd Aulas et Louvel

Depuis plusieurs mois, Jean-Michel Aulas milite pour une augmentation des pouvoirs pour les clubs de Ligue 1. Le président lyonnais a d’ailleurs démissionné ce matin de l’Union des clubs professionnels de football. A l’UCPF, d’ailleurs, l’ambiance est froide. Jean-Pierre Louvel, le président du Havre, a présenté ce jeudi matin sa démission de son poste de président lors du conseil d'administration de la LFP, justifiant en partie sa démission par « son agacement face aux différentes jalousies, volte-face qui règnent actuellement dans le foot ». Il a convoqué un comité exécutif en septembre pour élire le nouveau président de l'UCPF.

Entre Thiriez et Le Graët, c’est toujours glacial

Ce conflit L1/L2 remonte même dans les hautes sphères du football français. L’ambiance était encore une fois tendue entre Frédéric Thiriez, le président de la LFP, et Noel Le Graët, le président de la FFF. Le premier reprochant même publiquement au second de ne pas avoir fait voter la réforme des montées et des descentes par l’assemblée de la FFF. Le Graët, pour sa part, n’a aucune sympathie pour Thiriez et sa relation est glaciale avec le président de la Ligue.

Une image désastreuse

Cette crise rejaillit négativement sur l’image du foot français. « C'est vrai qu'il est dommage, alors que le football français donne une bonne image sur le plan sportif, que les instances elles-mêmes ne donnent pas une bonne image, concède Frédéric Thiriez. C'est malheureusement la division entre clubs qui est à l'origine de cette mauvaise image. On est la seule "entreprise" où tous les associés, c'est à dire les clubs, sont en même temps concurrents les uns des autres. Ça crée forcément un climat difficile et moi, mon rôle là-dedans, c'est quoi ? C'est d’essayer de trouver un chemin commun pour que les gens avancent à peu près dans la même direction. Mais sans renoncer aux réformes. Là, je ne lâcherai pas, il y aura des réformes. La preuve... » 

M.Bo. avec J.Ré