Ihsan Sacko, le grand espoir du RC Strasbourg

Ihsan Sacko - AFP
13 août 2017. Strasbourg, Stade de la Meinau. Le Losc de Marcelo Bielsa se déplace en Alsace. Peu nombreux sont ceux qui donnent une chance de victoire aux locaux. Et si le scénario du match s’avère complètement fou (3-0), un joueur parvient à se sublimer davantage que les autres. Ce joueur, c’est Ihsan Sacko. Positionné à gauche, le n°7 strasbourgeois est de toutes les actions dangereuses. Sans un énorme raté de Nuno Da Costa, il aurait pu délivrer sa première passe décisive de la saison. Mais, après le troisième match de la saison à Montpellier (1-1), son compteur de buts et d’offrandes pour ses coéquipiers reste toujours vierge.
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Pas de quoi faire douter le jeune homme, qui se fixe des objectifs bien précis pour cette première expérience dans l’élite. "Je vise les 10 buts pour aider l’équipe à obtenir le maintien, explique-t-il, avec beaucoup d’assurance. Ça ne va pas être facile mais, si on arrive à avoir la même mentalité que face à Lille à chaque match, on se facilitera la tâche. D’autant plus que notre public nous donne des ailes, à domicile comme à l’extérieur. Ce qui est sûr, c’est qu’on se battra jusqu’à la dernière journée pour réussir." À 20 ans, peu de joueurs se fixent de tels objectifs, mais Ihsan Sacko est comme ça. Sûr de lui. Déterminé, même quand la vie lui met des bâtons dans les roues.
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"À Valenciennes, c’était compliqué"
Avant de découvrir la Ligue 1, le parcours de "l’Ananas", surnom donné par ses coachs en raison de sa coupe de cheveux excentrique, n’a pas été un long fleuve tranquille. Au centre de formation de Valenciennes, tout ne s’est pas passé comme prévu. "Au début, tout allait bien, ils me faisaient jouer en 10 et je faisais de bons matchs, raconte-t-il, une pointe d’amertume dans la voix. Puis après, ils m’ont mis en défense. À droite, puis à gauche, alors que je suis un attaquant. J’étais un pion pour eux, donc j’ai préféré ne pas signer là-bas."
Heureusement pour lui, le Racing flaire la bonne affaire et lui propose de participer à trois journées de détection. Mais, en pleine période d’examens pour son baccalauréat, celui qui n’a alors que 17 ans ne peut se rendre disponible qu’une seule journée. La plus importante, celle du match. "Je suis arrivé à Strasbourg le matin, je n’avais rien mangé du tout, se souvient-il. Un ami de mon recruteur est venu me chercher à la gare. Il m’a donné une barre chocolatée et un yaourt. Mais j’ai quand même fait un bon match." Tellement bon qu’une fois celui-ci terminé, le club fait tout pour le garder et lui propose de signer une licence amateur (le Racing évoluait alors en National 1). Le début de l’aventure.
La découverte de la Ligue 2 et… des longues blessures
Une fois son contrat signé, l’ascension vers le sommet s’est faite à vitesse grand V. Six mois après ses débuts avec les U19 strasbourgeois, avec lesquels il inscrit 12 buts et offre une dizaine de passes décisives, Jacky Duguépéroux, l’ancien coach de l’équipe première et légende du club, l’intègre au groupe. L’adaptation est rapide, notamment grâce à la présence de son ami Yoann Salmier, défenseur central et victime préférée du joueur lorsque l’envie de chambrer lui vient. Le titre de National 1 en poche, Ihsan Sacko démarre la saison de Ligue 2 (2016/17) en tant que titulaire. Mais, lors de la 14e journée, face à Reims, une entorse de la cheville et des rechutes successives l’éloignent des terrains pour les quatre mois suivants.
Une blessure qui l’a rendu "beaucoup plus fort mentalement", et qui l’a préparé pour la suite: l’élite. "On espère qu’il aura un grand rôle à jouer cette saison, confie Thierry Laurey, l’entraîneur du Racing Club de Strasbourg. C’est quasiment le joueur qui est le plus en forme sur les reprises, mais c’est aussi le premier à se blesser. On espère que ce ne sera pas le cas cette saison car on fonde de gros espoirs sur lui."
Son rêve? Le Paris Saint-Germain
Si le club ne manque pas d’ambition pour son joueur, Ihsan Sacko n’en manque pas non plus pour la suite de sa carrière. Titulaire lors des deux dernières journées, son objectif est de devenir indiscutable dans l’équipe. Il le prouve à chaque match. Face à Montpellier, il a grandement participé à l’action du premier but inscrit à l’extérieur par les Strasbourgeois cette saison. Et il ne compte pas s’arrêter là: "Je veux vraiment faire une grosse saison, je dois beaucoup au Racing, qui m’a fait découvrir le monde professionnel. Ensuite, il faudra enchaîner avec une autre grosse saison. Après ça, on verra bien…"
En attendant, "l’Ananas" garde les pieds sur terre, conscient que la vie ne se limite pas au football. Détenteur d’une licence en "Marketing et gestion d’entreprise" (Bac +3), il envisage de poursuivre sa formation jusqu’au bout du Master (Bac +5). S’il a la tête sur les épaules, cela ne l’empêche pas de vouloir réaliser ses rêves les plus fous. Comme tout footballeur né et élevé un en région parisienne (à Alfortville, Val-de-Marne), il ne rêve que d’un club: le Paris Saint-Germain. "C’est notre rêve à tous, de porter le maillot du PSG. Depuis tout petit, c’est comme ça, bien avant l’arrivée des Qataris." Mais avant de réaliser son rêve, il faudra qu’il montre son talent à la France entière. Aucun problème pour ça, Ihsan Sacko est paré au décollage.