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Incidents OL-OM: ce que dit le rapport de M. Buquet sur le déroulé de la soirée

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À deux jours des décisions de la commission de discipline de la Ligue de football professionnel concernant les incidents qui ont provoqué l'interruption d'OL-OM le 21 novembre dernier, RMC Sport s'est procuré le rapport de l'arbitre Ruddy Buquet, dans lequel il explique n'avoir jamais voulu reprendre la rencontre.

C'est un document qui revient, quasiment minute par minute, sur l'intégralité de la soirée ubuesque du dimanche 21 novembre dernier vécue par plus de 55.000 personnes, les joueurs de l'Olympique Lyonnais et de l'Olympique de Marseille, et les dirigeants des deux clubs au Groupama Stadium. RMC Sport s'est procuré le rapport rédigé par l'arbitre de la rencontre, Ruddy Buquet, dans lequel il détaille la manière dont il a mûri sa réflexion avant d'interrompre définitivement le choc des Olympiques.

Avant cette décision prise en toute fin de soirée, et les menaces de Jean-Michel Aulas qui s'en sont suivies, il y a donc eu le jet de bouteille sur Dimitri Payet à la quatrième minute de jeu. L'arbitre précise dans son rapport qu'"à la 2e minute, plusieurs objets, notamment une bouteille et des briquets, ont été lancés de la tribune de Lyon en direction de M. Payet Dimitri" et qu'il a "demandé qu'une annonce soit faite pour prévenir de l'arrêt du match en cas de récidive".

Il n'aura pas fallu plus de deux minutes pour que celle-ci intervienne. Le numéro 10 de l'OM est atteint par une bouteille au visage. "M. Payet Dimitri s'est retrouvé au sol, à proximité du piquet de coin. J'ai alors immédiatement appelé les soigneurs de l'équipe concernée, pour qu'ils aient la possibilité de prodiguer des soins aux joueurs. J'ai immédiatement demandé aux joueurs des deux équipes de s'écarter de cette zone et de regagner les vestiaires, en spécifiant que la rencontre était interrompue", écrit Ruddy Buquet.

L'arbitre n'a pas voulu reprendre la rencontre

Débutent alors, dans les coulisses du Groupama Stadium, les discussions entre les différents acteurs: délégués de la rencontre rattachés à la Ligue de football professionnel, représentants de la Direction départementale de la sécurité publique, de la préfecture d'Auvergne-Rhône-Alpes, et dirigeants de l'OL et de l'OM. Dans son rapport, l'arbitre assure qu'il n'a jamais rééllement voulu reprendre la rencontre.

"Une réunion de crise a été organisée. (...) Chacun a pu s'exprimer sur les événements inacceptables venant de se dérouler. De mon côté, j'ai affirmé que ma priorité était de préserver l'intégrité physique des joueurs et que ce soir, à la vue des deux événements successifs constatés, je ne pouvais pas la garantir! Et par conséquent, que je n'étais pas favorable à une reprise du jeu", est-il indiqué dans le rapport.

Si Vincent Ponsot, directeur du football de l'OL, a indiqué à Ruddy Buquet "qu'un dispositif spécial serait mis en place", sans garantir "la sécurité des joueurs comme pour chaque rencontre", l'arbitre répète qu'il n'est "pas favorable à la reprise de la rencontre". Dans la foulée, la déclaration de Pablo Longoria, président de l'OM, va dans le sens de l'homme au sifflet.

Un sentiment de pression sur les épaules de Ruddy Buquet

"Il a été mentionné par le président de Marseille que la victime, M. Payet Dimitri, était touchée psychologiquement et aurait une commotion, écrit Buquet. M. Aulas Jean-Michel a évoqué suite à ces éléments la possibilité que cette commotion puisse être établi par un médecin neutre. (...) Sa non-participation (de Payet, ndlr) poserait de ce fait une réflexion sur l'équité sportive pour la reprise de la rencontre."

S'ensuit alors une discussion entre l'arbitre et le préfet d'Auvergne-Rhône-Alpes, Pascal Mailhos: "J'ai demandé à Monsieur Le Préfet s'il pouvait me garantir la sécurité des joueurs sur le terrain. Ce à quoi, il m'a répondu que jamais il ne pouvait me garantir et en aucune circonstance la sécurité des joueurs sur le terrain".

Mais Pascal Mailhos a alors apporté une précision, selon les dires de Ruddy Buquet. "En revanche il a été très clair sur les risques encourus. En cas d'arrêt définitif du match, il me garantissait des troubles à l'ordre public lors de l'évacuation des 55.000 personnes. Il a ajouté à plusieurs reprises de manière significative que 'chacun prendrait ses responsabilités' en pareil cas, ce que j'ai ressenti comme un message de mise en garde sur les conséquences et responsabilités qui seraient les miennes en cas d'arrêt définitif de la rencontre", explique l'arbitre dans son rapport.

Une deuxième réunion organisée avec les joueurs et entraîneurs des deux équipes

Face à cette pression des autorités, évoquée le lendemain des incidents par Ruddy Buquet, ce dernier envisage la reprise de la rencontre sans "en préciser le cadre ou d'annonce à officialiser" et en insistant sur la nécessité de "s'enquérir de l'état général des joueurs, particulièrement de la victime et de son état de santé".

Alors qu'il retourne dans son vestiaire après cette première réunion de crise, Buquet constate qu'un "responsable de l'Olympique Lyonnais" indique dans le tunnel menant au terrain "qu'aucune annonce officielle ne serait faite". Quelques minutes plus tard, le speaker du Groupama Stadium évoque pourtant la "reprise imminente" du match, qui n'ira finalement pas plus loin.

Une nouvelle réunion est organisée, cette fois avec les entraîneurs, Peter Bosz et Jorge Sampaoli, ainsi que les représentants des deux équipes, Houssem Aouar et Steve Mandanda. "Chacun a pu s'exprimer notamment Monsieur Mandanda Steve sur l'état général de son vestiaire, écrit Buquet dans son rapport, avant de poursuivre. Considérant l'ensemble de ces éléments, j'ai alors convié l'ensemble des personnes qui étaient présentes lors de la première réunion de crise, pour leur signifier que je prenais mes responsabilités et confirmais ma décision sportive de prononcer l'arrêt définitif de la rencontre et de l'annoncer officiellement."

La fin d'une (très) longue soirée au Groupama Stadium, dont l'épilogue va finalement se jouer ce mercredi 8 décembre lors de la réunion de la commission de discipline de la LFP. Cette dernière devra décider des sanctions à infliger à l'OL après ces incidents, qui pourraient aller du huis clos à un retrait d'un point avec sursis pour le club rhodanien.

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