RMC Sport
INFO RMC SPORT

INFO RMC SPORT. Droits TV: DAZN voudrait rompre son contrat avec la LFP en fin de saison

placeholder video
Alors que les clubs de Ligue 1 doivent encore toucher 140 millions d’euros de droits TV domestiques en deux échéances d'ici à la fin de saison, les discussions entre la Ligue et DAZN, principal diffuseur, n’avancent pas vraiment. De quoi lasser la plateforme britannique, qui menace encore de ne pas payer la totalité de sa prochaine échéance le 30 avril et serait même prête à cesser de diffuser le foot français à l’issue de cette saison.

C’est une médiation pour le moment très secrète. Depuis le 28 février, au lendemain du déblocage des 35 millions d’euros que DAZN avait mis sous séquestre en ne payant que la moitié de son échéance de février, les discussions entre la plateforme britannique et la LFP ont donc repris avec l’appui d’un médiateur. Cette personne, par qui passent désormais exclusivement tous les échanges entre les deux parties, est très appréciée des deux côtés. Cet homme est décrit comme un médiateur compétent, franc, très au fait du dossier et qui fait l’unanimité. Même si les échanges sont jugés moins agressifs que par le passé grâce à cette médiation, sur le fond, les choses n’avancent pas vraiment.

L’engagement des clubs au cœur d’une médiation qui patine

Selon les informations de RMC Sport, lors des premiers échanges, le médiateur a indiqué à la Ligue que les arguments de DAZN sur le manque de valorisation du produit étaient entendables vu les limitations d’accès imposées par les clubs à leur principal diffuseur. DAZN avait pourtant établi un plan d’action clair qui devait permettre un accès plus important à des interviews de joueurs prestigieux, mais aussi de pouvoir tourner des sujets dans des endroits plus exclusifs afin de valoriser les droits achetés.

Mais aux yeux du média, ce plan d’action n’est pas appliqué ou pas suffisamment, les clubs ne jouant pas le jeu. Dans les discussions au sein de la médiation, DAZN tente d’obtenir une part fixe et une part variable sur la somme payée aux clubs. La part variable dépendrait du degré de respect d’engagements très précis des clubs. Le diffuseur attend aussi toujours un vrai renforcement des moyens de lutte contre le piratage. Le projet de loi récemment présenté par le sénateur Laurent Lafon pourrait répondre en partie à cette demande mais le vote potentiel de cette loi n’interviendrait pas avant la fin de l’année 2025.

DAZN serait prêt à rompre son contrat en fin de saison

Après plus d’un mois de médiation qui patine sur plusieurs points, la lassitude commence donc sérieusement à se faire sentir chez le principal diffuseur de la Ligue 1. Lorsqu’elle avait décidé de ne payer que la moitié de son échéance en février, la plateforme britannique s’attendait à un électrochoc et une prise de conscience des dirigeants du foot français et des présidents de clubs. Mais elle juge que rien ne change.

Selon nos informations, DAZN songe désormais à rompre son contrat de diffuseur plus tôt que ce que lui permet la clause de sortie au bout de deux saisons et activable en décembre prochain. En clair: DAZN souhaiterait arrêter de diffuser la Ligue 1 au plus vite, soit à l’issue de la 34e journée et des barrages prévus fin mai après seulement une saison de diffusion. Une information qui a été transmise à la LFP.

La Ligue, qui y voit là une position ponctuelle et un élément de négociation, aurait répondu qu’elle était prête à sanctionner beaucoup plus durement les clubs, avec des amendes plus importantes en cas de manquement à leur engagement. Une réponse qui n’a pas vraiment convaincu les dirigeants de DAZN, désormais pessimistes et désireux d’en finir. Réelle menace ou stratégie de négociation? Si la plateforme concrétise cette volonté de stopper la diffusion dès cet été, le ton va à nouveau se tendre car évidemment la Ligue voudra faire respecter le contrat de diffusion et toutes ses obligations financières. Un nouveau front judiciaire pourrait alors s’ouvrir avec toutes les incertitudes que cela induit à moins qu’un accord à l’amiable ne soit trouvé.

Nouvelle menace sérieuse sur la prochaine échéance de paiement

Dans un tel contexte, la Ligue réfléchit bien entendu à un plan B mais une clause dans le contrat de diffusion l’empêche pour le moment de discuter avec d’autres acteurs. Toujours selon nos informations, DAZN réfléchirait à faire sauter cette clause à condition d’obtenir une contrepartie qui resterait à négocier. Lors du collège de Ligue 1 du 14 février, Joseph Oughourlian, président de Lens et principal frondeur contre la direction de la LFP, avait "supplié" la Ligue de travailler à ce plan B pour envisager une sortie de crise rapide en indiquant que le financement à court terme de la trésorerie des clubs n’était pas l’enjeu central car des solutions financières existent. Dans son esprit, la qualité du produit sur le long terme doit être privilégiée. Le projet de chaîne produite en interne par la Ligue semble donc être, aujourd’hui, la seule voie de sortie de crise possible.

Face à des discussions si complexes et avec autant d’enjeux, la médiation devrait encore durer longtemps. Aucune date limite n’a été fixée mais la prochaine échéance de paiement des droits est fixée au 30 avril. La menace de ne pas payer à nouveau la totalité de la somme due (environ 70 millions) est réelle du côté de DAZN. Le diffuseur pourrait ne pas verser la part variable demandée à la Ligue si le cahier des charges précis des engagements des clubs n’est pas tenu. De quoi mettre encore les clubs dans une situation financière précaire à quelques semaines de la fin du championnat.

Loïc Briley et Arthur Perrot