Info RMC Sport. Plus de 60.000 policiers et gendarmes déployés la saison dernière pour sécuriser le football

Les forces de police devant le stade Pierre-Mauroy avant le derby du Nord Lille-Lens le 29 mars 2024 - Daniel Derajinski/Icon Sport
Fin octobre, dans l'émission "Rothen S'enflamme" sur RMC, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, évoquait la trop forte mobilisation des policiers et des gendarmes pour les rencontres de Ligue 1 et de Ligue 2 tous les week-ends partout en France. Dans un rapport édité par les services de la DNLH (Division Nationale de Lutte contre l'Hooliganisme), dont RMC Sport a pris connaissance, sur la saison 2023-2024 ce sont 47.812 policiers et gendarmes qui ont été déployés dans les enceintes de Ligue 1 et de Ligue 2. Du jamais vu pour le football français. Dans le détail, 26.231 policiers ont été engagés pour sécurises les rencontres de football, 17.762 CRS et 3.819 gendarmes.
Dans ce document, une hausse de 6% est notée par rapport à la saison 2022-2023. "L’engagement des FSI est en constante progression depuis la pandémie de COVID. Entre 2018 et 2023, l’effort consenti représente une hausse de 86 %. L’investissement des Compagnies Républicaines de Sécurité est en augmentation de 47 %. Cette donnée s’explique par la hausse des demandes de renforts formulés par les autorités préfectorales et par le réajustement du mode de comptabilité des forces employées", note le document. Et de poursuivre : "L’activité des Compagnies Républicaines de Sécurité se concentre essentiellement sur les villes de Paris, Marseille et Lyon qui représentent à elles seules 50 % de leur emploi total sur les matchs de L1 et L2".
60.000 policiers/gendarmes avec les Coupes d'Europe
A ce premier chiffre qui concerne les rencontres de Ligue 1 et de Ligue 2, il faut ajouter les 12.420 policiers et gendarmes mobilisés pour sécuriser les rencontres de Coupes d'Europe en France. "Cet engagement, en constante augmentation, est à mettre en parallèle avec le nombre, lui aussi en hausse, de mesures réglementaires édictées pour sécuriser les rencontres ; l’encadrement des déplacements avec escorte policière implique naturellement un engagement important des Forces de Sécurité Intérieure (FSI). Les mesures d’interdictions totales de déplacement de supporters ne se traduisent pas non plus par une baisse de l’emploi des FSI, leur présence est en effet nécessaire pour en garantir le respect", écrit le rapport de la DNLH.
Et de terminer : "Cet investissement marqué du ministère de l’Intérieur dans la sécurisation des rencontres de football a porté néanmoins ses fruits avec une baisse des faits constatés et a contribué à l’apaisement du climat au sein des enceintes et à leur proximité immédiate". Au total, sur l'ensemble de la saison dernière, ce sont 60.232 policiers et gendarmes mobilisés pour toutes les rencontres professionnelles en France. A noter, la baisse des blessures du côté des forces de l'ordre, de l'ordre de 80%.
Une baisse des interpellations
Ce rapport met aussi en avant une "baisse" des interpellations autour des rencontres de Ligue 1, Ligue 2 et de Coupes d'Europe en France la saison dernière. Au total, 718 personnes ont été interpellées toutes compétitions confondues, dont 352 lors des matchs de Ligue 1. "La baisse de 33 % des interpellations constatée en Ligue 1 s’explique notamment par la réduction du nombre de rencontres (le championnat comptant 36 rencontres de moins que la saison précédente) et par un investissement perfectible en matière de judiciarisation", ajoute le document.
Et de poursuivre : "L’augmentation sensible des interpellations de 31.5 % en Ligue 2 s’analyse pour partie par les incidents causés par les nombreux supporters suivant les clubs anciens pensionnaires de Ligue 1. À noter cependant que 42 % de ces interpellations ont concerné des faits d’alcoolémie et de pyrotechnie. L’augmentation des interpellations de 62 % lors des matchs de coupes d’Europe s’explique principalement par le bon parcours des clubs français dans ces compétitions augmentant sensiblement le nombre de rencontres disputées et donc mécaniquement le nombre d’infractions commises et d’individus interpellés".
Explosion du nombre d'arrêtés
Enfin, les arrêtés d'encadrement et d'interdiction de déplacement ont explosé en France la saison dernière. 271 arrêtés ont été pris lors de la saison 2023-2024, "soit un niveau nettement supérieur à la saison passée (+48%)", note le rapport de la DNLH. Ce dernier met en avant plusieurs explications pour justifier cette hausse : "la multiplication des arrêtés préfectoraux d’encadrement, mesure préconisée lors des réunions préparatoires pour assurer une meilleure sécurisation des rencontres" et enfin "le moratoire sur les déplacements suite au décès d’un supporter à Nantes le 02/12/23 ayant impacté 18 matchs de championnat de France et de coupe de France".
Si l'on zoom sur les clubs particulièrement visés par ces arrêtés, plusieurs équipes de Ligue 1 se retrouvent dans ce classement. "Les clubs les plus visés à l’extérieur par ces mesures réglementaires puisque sur 17 déplacements au cours de la saison de L1, ceux de Nantes (16), Marseille (16), Paris (15) ou Lens (13) ont quasi systématiquement fait l’objet de mesures de restriction afin d’empêcher toute rencontre entre supporters antagonistes mais également d’assurer une meilleure gestion du flux important de supporters", ajoute le rapport.
Les notes de la DNLH déterminent le dispositif policier autour d'une rencontre. Sur l'ensemble de la saison dernière, en Ligue 1, 148 rencontres de Ligue 1 ont été classées sur 309 rencontres au total. C'est en augmentation par rapport à la saison 2022-2023 (39%). "45 % ont fait l’objet d’un classement à un niveau de risque élevé (supérieur ou égal à 3 sur 5)", explique le rapport. Avant de poursuivre : "Cela a été particulièrement le cas pour le FC Nantes, l’Olympique de Marseille, le PSG et le RC Lens dont 94 % des rencontres à l’extérieur ont été signalées à risques". Toutes compétitions confondues, "295 rencontres ont fait l’objet d’un classement à risque par la DNLH" lors de cette saison 2023-2024. Ce volume est en légère augmentation (+6%).