Le document qui divise l’OM et les groupes de supporters

Le document qui divise l’OM et les groupes de supporters. - AFP
Dix-sept pages. Dix-sept pages pour un accord qui se voudra historique… quand il sera signé. Mais la grogne a gagné plusieurs associations de supporters marseillais, qui dénoncent un manque de dialogue et un passage en force de l’OM sur ce dossier de la reprise de la commercialisation des abonnements en virages par le club.
RMC Sport, qui a consulté cette « convention pluriannuelle visant au renforcement de l’animation et de la prévention entre l’Olympique de Marseille et les associations de supporters reconnues », livre ici les passages clés de ce document source de tensions entre Vincent Labrune et les leaders de plusieurs associations de supporters.
L’OM redéfinit le rôle des associations de supporters
En préambule, l’OM prend soin de préciser « que les associations de supporters sont à but non lucratif » et qu’elles sont « régies par les dispositions de la Loi 1901 ». Le document rappelle que les associations ont pour « vecteur commun le rassemblement des supporters et le soutien de l’OM » et qu’elles « organisent des animations de type visuel, sonore telles que tifos, drapeaux et chants, au sein des Virages, ce qui contribue à donner une ambiance festive, dynamique, conviviale, chaleureuse, passionnelle et singulière ».
L’Olympique de Marseille se félicite même de pouvoir compter sur ces associations de supporters qui représentent « un atout exceptionnel, à même de stimuler, transcender et sublimer les joueurs » puisque « leur vocation est de proposer un supportérisme de premier plan et unique en Europe ».
Le document précisera plus tard, dans les articles 3 et 4 de la convention, que ces animations au Stade Vélodrome sont « à la charge exclusive des associations de supporters » et qu’elles sont obligatoires pour pouvoir bénéficier du tarif préférentiel qui sera proposé aux adhérents des associations.
La fin de la gestion des abonnements par les associations
La convention entre ensuite dans le vif du sujet en stipulant que « la gestion associative qui existe depuis plus de vingt ans ne répond plus aux exigences des pouvoirs publics et de l’arsenal législatif propres aux stades de football. C’est pourquoi, d’un commun accord, les parties entendent mettre fin à cette gestion associative des abonnements dans les Virages du Stade Vélodrome, à compter de la saison sportive 2016/2017.»
L’article 5 interdit formellement aux associations de supporters « toute interférence ou ingérence dans le processus de vente par l’OM des abonnements et des places sèches ». Plus généralement, l’OM veut mettre fin, dans cette convention, à tout flux d’argent entre le club et les associations de supporters.
La convention entre également dans le détail en annonçant que la tarification associative (réservée aux supporters qui auront adhéré au préalable à une association de supporters, NDLR) est « fixée à 155 euros pour la saison 2016/2017, au lieu de 185 euros » pour le grand public (les supporters qui achèteront directement leur place auprès de l’OM, NDLR).
Toujours dans l’article 5, la convention insiste sur un point crucial : « Chaque adhérent de chaque association de supporter se voit attribuer un unique code adhérent abonnement ou place sèche. »
Pour l’OM, cela donne la garantie d’avoir un nom d’adhérent par abonnement ou place vendue match par match. Avoir des abonnements ou des billets nominatifs était l’une des revendications principales des autorités. Même si, selon nos informations, aucun contrôle d’identité n’est prévu à l’entrée du stade la saison prochaine.
Quand l’OM demande poliment aux supporters… de ne pas trop se plaindre
Lors d’une première version de 19 pages, l’OM avait demandé aux groupes de supporters de se porter responsables des agissements de tous leurs membres en cas de débordements dans l’enceinte du Vélodrome. Les associations de supporters considérant que ce n’était pas leur rôle d’assurer la sécurité au stade, cet alinéa a été supprimé et la convention se contente aujourd’hui de « reconnaitre les efforts des associations de supporters dans leurs actions de prévention et d’encadrement auprès de leur sociétaire (…) ce qui justifie la mise en œuvre d’une tarification associative ».
L’article 7 pourrait, lors d’une prochaine réunion, être dans le viseur des associations de supporters. Il y est d’abord question de renoncement à des indemnités en cas de travaux, huis-clos ou reports liés aux intempéries. Ensuite, la convention stipule soudain que « les associations de supporters déclarent reconnaitre et accepter le caractère aléatoire des compositions d’équipe, du résultat sportif et de la qualité de toute manifestation sportive ».
Une petite phrase qui a du mal à passer chez certains groupes de supporters… Selon nos informations, ce passage pourrait faire partie de ceux qui seront renégociés avec les associations de supporters.
A noter que la fin de la convention précise, dans son article 9, qu’ « en cas de changement d’actionnaire ou, plus généralement, de vente du club » les droits et obligations afférents à la présente convention pourront être cédés et transférés au nouvel actionnaire majoritaire.
Pour justifier la nécessité de cette convention, la perspective de la vente du club a, selon nos informations, été d’ailleurs brandie ouvertement par Vincent Labrune lors des réunions avec les supporters.
