RMC Sport

LFP-supporters: sans dialogue, l'apaisement dans les tribunes françaises est-il possible?

placeholder video
LES DÉFIS DU FOOT FRANÇAIS (1/5). Cette saison, les tribunes françaises ont connu plusieurs incidents. Les causes de ces tensions sont multiples mais montrent un véritable problème de dialogue entre les trois parties concernées: les supporters, les dirigeants du football et les autorités. Dans le même temps, la commission de discipline de la LFP frappe toujours très fort.

Sur l’ensemble des incidents de la saison dans les tribunes françaises, il est impossible d’en tirer une analyse générale. Les sources de tensions sont multiples. L’attaque de l’arbitre à Saint-Etienne lors du derby est une situation complètement différente du caillassage du convoi des supporters lensois à Brest.

De nombreux incidents ont émaillé la saison de Ligue 1 et de Ligue 2 poussant le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, à engager des procédures de dissolution de plusieurs groupes de supporters. Pour le moment, sans succès.

Un dialogue au point mort

Améliorer la situation? "C’est pratiquement impossible à l’heure actuelle", juge un participant de l’Instance nationale du supporterisme (ANS). Qui ajoute: "Le dialogue entre les parties est totalement au point mort. Le jour où les responsables politiques retrouveront une volonté de dialogue avec les supporters sans les juger et sans partir dans une discussion avec une volonté de fermeté, alors la situation pourrait évoluer". Cette analyse est fortement partagée par l’ANS, qui répète à longueur de temps l’absence de dialogue avec les autorités compétentes.

Ce manque de dialogue choque aussi des représentants politiques que nous avons contacté. Des députés fans de football ne comprennent pas du tout la gestion du supportérisme en France. Ce dialogue constructif est complètement inexistant depuis le départ d’Amélie Oudéa-Castéra du ministère des Sports.

Avec la menace des dissolutions, le fossé s’est creusé entre les différentes parties. "Je ne parle même pas des relations entre la LFP et les supporters qui est proche de zéro", justifie un représentant de groupes de supporters de Ligue 1. "Remettre de la sérénité dans les tribunes du championnat est quasiment impossible", admet un chargé de sécurité d’un club de Ligue 1. "Les mesures prises par le gouvernement avec des simples effets d’annonce ne changent rien."

Le déport de la violence en extérieur

Autre élément constaté depuis plusieurs saisons par les autorités: le déport de la violence à l’extérieur des enceintes. L’attaque de convoi du côté de Brest a montré des images ultra-violentes entre plusieurs groupes de supporters. Ce n’est pas la première fois. "L’une des raisons de cette violence à l’extérieur des stades renvoie surtout à l’ultra-sécurisation à l’intérieur des enceintes de Ligue 1 depuis plusieurs saisons", constate une source policière. "La situation de Saint-Étienne montre bien qu’il est aujourd’hui très difficile de créer un incident dans les tribunes du championnat. L’identification a été très rapide."

Après Saint-Étienne en milieu de saison, c’est désormais du côté de Brest que les regards se tournent pour les dissolutions de groupes de supporters. Le club est dans la tourmente avec la volonté déclarée du sous-préfet de Brest de dissoudre les deux groupes ultras Celtics Ultras et Ultras Brestois, après les violences en marge de la rencontre face à Lens. Pour le moment, cette volonté est au stade de l’étude de cas.

Les deux groupes de supporteurs ont réagi dans un communiqué, assurant que les membres identifiés avaient été exclus immédiatement des groupes. Dénonçant aussi toute sanction collective au terme d'une saison où l'engouement des supporteurs a été salué par tous, notamment lors des déplacements massifs en Ligue des champions. Le club brestois n'a pas réagi à cette affaire mais fait savoir qu'un dialogue doit être organisé rapidement entre les différentes parties pour clarifier la situation et prendre des mesures communes.

Nicolas Pelletier