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Ligue 1: les cinq hommes forts de la réussite lensoise

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La réussite d’un club ou d’une entreprise est souvent liée à une symbiose entre la direction et ses salariés. Voici les cinq artisans qui font celle du Racing Club de Lens.

Invaincu depuis le début de saison et développant un jeu séduisant, le RC Lens est l’équipe qui plaît à tout le monde. Le club sang et or est en pleine "hype" et sa côte ne cesse de monter que ce soit au niveau sportif mais aussi pour la qualité de son travail avec un recrutement quasiment parfait depuis trois ans. D’ailleurs, le public de Bollaert ne s’y trompe pas puisque cela fait 14 matches de suite que c’est à guichets fermés et que le club sang et or compte 30 000 abonnés. Voici les cinq artisans qui font la réussite du Racing Club de Lens.

Joseph Oughourlian, investisseur devenu amoureux

Souvent, les investisseurs dans le foot français viennent pour faire du trading ou revendre un club dans un meilleur état dans l’optique d’une plus-value. En 2016, Joseph Oughourlian, à la tête du fond anglais Amber Capital (mais aussi président et actionnaire de PRISA grand de médias espagnols), rachète le RC Lens alors en Ligue 2. En 2018, il en devient le président tout en vivant à Londres mais assiste régulièrement aux rencontres à Bollaert. Il a même assisté à un match incognito dans le Kop avec une casquette et une écharpe du club. Lors des matches à l’extérieur en Ligue 2, il aime se retrouver dans la même tribune que ses supporters. Ses fils l’accompagnent régulièrement avec également l’écharpe sang et or autour du cou. L’investisseur diplômé de HEC se prend au jeu et devient amoureux d’un club qui ne ressemble à aucun autre. Il possède le club colombien de Millonarios et a des parts dans ceux de Padoue et Saragosse.

Pour preuve, il a dépensé plus qu’il n’avait prévu au début mais aujourd’hui la machine est bien lancée. Il veut développer le club en rachetant le Stade Bollaert-Delelis à la mairie de Lens (des discussions sont en cours), il a mandaté la banque Lazard pour trouver un partenaire financier minoritaire afin d’augmenter l’envergure financière du RCL.

Assez discret, il accorde très peu d’interviews concernant le football. Il suit de près ce qui se passe à Lens tout en déléguant avec confiance la direction du club menée par le DG Arnaud Pouille notamment au niveau de certains transferts dont le dernier en date, Christopher Wooh, parti à Rennes dans les dernières heures du mercato pour 10 millions d’euros.

Arnaud Pouille, de supporter à directeur général de son club de coeur

Après 17 ans dans le milieu du rugby (Stade Français et LNR), Arnaud Pouille devient DG du RC Lens en 2017 et Or depuis toujours: "Dans les années 90, alors que j’étais étudiant avec mon ami Thibaut, je regardais les jardiniers à la mi-temps d’un Lens-Metz et je lui ai dit que j’aimerais bosser ici m’occuper de la pelouse." Il redresse le club, d’abord financièrement puis sportivement, après des débuts très compliqués où Lens végétait en Ligue 2.

Sa fibre régionale lui fait gagner du temps et facilite son réseau avec le monde économique et politique du bassin minier. Un élément crucial dans son recrutement puisque Joseph Oughourlian voulait un DG qui soit issu du sérail "ironie de l’histoire c’est avec mon ami Thibaut que je passe la soirée la veille de mon entretien", précise Arnaud Pouille. Ses rapports avec les supporters se passent bien même s’il y a eu des tensions après le derby houleux la saison dernière où une centaine de supporters a été suspendue d’abonnement suite à leur pénétration sur la pelouse de Bollaert.

Auteur d’un parcours académique haut de gamme (ESSEC et INSEAD), Arnaud Pouille est aussi un amateur de sport en général, incollable ou presque sur les Olympiades. Très intéressé sur les questions de dynamique/cohésion à l’intérieur d’un groupe, on le voit par ailleurs régulièrement arpenter les terrains de la région pour y suivre les matchs de ses trois garçons.

Son relationnel, son pragmatisme et sa bienveillance au sein du club donnent une ambiance de sérieux dans le travail au quotidien sans être oppressant.

Florent Ghisolfi, l’entraîneur adjoint devenu directeur sportif

A seulement 37 ans, il est déjà reconnu comme l’un des meilleurs recruteurs de Ligue 1. Jonathan Clauss, Seko Fofana, Jonathan Gradit, Frankowski et dernièrement Openda... c’est lui et ses équipes de recrutement. Son arrivée à Lens fait suite à un PSE au club et donc la fin de la cellule de recrutement. A ce moment-là Arnaud Pouille cherche le profil de quelqu’un qui forcément connaît bien le foot mais avec une vision sur le business. Il se penche sur le profil de Florent Ghisolfi, le courant passe immédiatement entre les deux hommes animés d’une vision stratégique.

A son arrivée en mai 2019, il commence à réfléchir à la stratégie sportive du club en sachant que l’entraîneur Philippe Montanier est déjà en place. Son profil d’ancien joueur professionnel (SC Bastia, Stade de Reims), devenu par la suite avec beaucoup de succès coach (des féminines à Reims), adjoint (PSG féminines et FC Lorient) et chef d'entreprise, lui donne une approche riche, rare dans le milieu. En faisant le choix de nommer Franck Haise, la mayonnaise va rapidement prendre.

En dehors de la qualité du joueur, Florent Ghisolfi est très regardant sur la personnalité et surtout la mentalité du joueur. Un exemple avec l’autrichien

Grbic qui à l’époque était à Clermont en Ligue 2. Le joueur et son entourage répondent favorablement aux sollicitations mais dans un 2ème temps les surenchères arrivent et là, c’est terminé la confiance est cassée et la suite lui donnera raison avec l’échec à Lorient. L’exemple contraire est Loïs Openda recruté pour 10 millions d’euros. Tout est bouclé mais il est sélectionné par Roberto Martinez, il met un but pour sa première sélection contre la Pologne. Openda est sollicité par d’autres clubs mais le joueur appartenant à Bruges ne change pas ses plans et s’engage comme prévu à Lens. La réussite est déjà là avec 4 buts en 6 matches. L’objectif de Florent Ghisolfi est de ne pas surpayer les joueurs et de faire de jolis coups. Il dirige désormais le sportif au sens large au sein du club artésien, pilotant la formation et les féminines en plus des professionnels.

Franck Haise, formateur devenu entraîneur

En février 2020, Franck Haise, alors à la tête de la N2 de Lens, remplace Philippe Montanier suite à une lourde défaite à Bollaert contre Caen. Il sera l’entraîneur de la montée en Ligue 1 avec cette victoire contre Orléans dans un stade à huis clos pour cause de COVID.

Joseph Oughourlian valide le choix d’Arnaud Pouille et Florent Ghisolfi de le maintenir numéro 1. Lens sera sa première véritable expérience professionnelle (il a fait quelques matches matches avec Lorient en remplacement de Bernard Casoni). Son investissement dans le club bluffe les dirigeants. Il se constitue un staff très étoffé avec ceux qui étaient avec lui en N2 dont Alou Diarra. Franck Haise s’intéresse au personnel du club et il fait l’unanimité.

Son système à 3 derrière en réserve et porté vers l’avant plait à la direction et sera repris avec succès en Ligue 1. La prise de risque régale les supporters et sa prolongation jusqu’en 2025 montre aussi cette envie de stabilité au club.

Le coach lensois manage une cellule performance (yoga, psychologie, bien être….) et se montre très pointilleux dans les séances quotidiennes.

Passionné d’histoire, Franck Haise coupe avec le football et régulièrement il adore les balades avec sa femme, accompagnées de leur chien. C’est aussi un remarquable expert en vin qu’il partage avec ses amis.

Seko Fofana, l’incarnation de la réussite sportive

Sa venue de l’Udinese à Lens il y a deux saisons pour un montant proche de 10 millions d’euros (record à l’époque pour Lens) avait déjà surpris mais sa prolongation jusqu’en 2025 peut-être plus. « Comme son entraîneur, Seko Fofana s’intéresse au club. Dernièrement, cela concernait les vêtements lors des déplacements, avec les essayages…il a fait aussi bouger le club au niveau de la diététique… » précise Arnaud Pouille « c’est aussi un exemple pour les jeunes du centre lorsqu’il le voit faire tardivement sa balnéothérapie….il fait progresser les gens autour de lui…."

Ses performances qui ont porté le Racing la saison dernière ne laissait aucun doute sur un départ mais au fond de lui il n’avait pas envie. Ses larmes devant le public Lensois lorsqu’il signe sa prolongation après la victoire 5-2 contre Lorient montre son attachement au club. C’est un geste fort du capitaine lensois mais aussi l’incarnation d’une nouvelle ambition pour le RC Lens de franchir un palier et titiller les équipes qui jouent l’Europe.

Jean Bommel