Ligue 1-Ligue 2: la saison en cours est-elle vraiment "ultra-violente"?

Dans le jargon journalistique, on peut appeler ça un marronnier en évoquant la violence dans le football français. La Ligue 1 et la Ligue 2 ont repris depuis plusieurs mois, et comme tous les ans, ce sujet hautement sensible revient sur le devant de la scène, souvent à la même période de l’année. L’arrivée d’un nouveau gouvernement, à la fin du mois de septembre, a aussi poussé ce thème à la Une de l’actualité.
Les violents événements en marge de la rencontre Montpellier-Marseille représentent le point de départ de cette déferlante médiatique. Le nouveau ministre de l’Intérieur s’est rapidement emparé de ce dossier, avant d’annoncer des mesures quelques jours plus tard sur l’antenne de RMC. A ce mélange, il faut ajouter les chants homophobes dans plusieurs tribunes du championnat et la banderole 'Free Palestine' du Parc des Princes, vous obtenez un cocktail parfait pour surfer sur l’état des tribunes françaises pendant plusieurs semaines. C’est surtout la Ligue 2 qui a connu des turbulences avec un début de saison agité, notamment sur le sujet de la programmation du championnat, en particulier du côté de Lorient.
Les arrêtés d’interdiction de déplacement explosent
Et pourtant, par rapport aux dernières saisons, ce début d’exercice se déroule plutôt dans le calme. Cette tendance est même confirmée par plusieurs sources policières. Il faut dire que les arrêtés d’encadrement et d’interdictions de déplacement des supporters adverses explosent ces derniers mois. Ce qui limite fortement les possibles incidents. Depuis le début de saison, plus de soixante arrêtés d’encadrement de déplacement ont été publiés par les Préfectures françaises et une vingtaine d’arrêtés d’interdiction de déplacement ont été signés par le ministre de l’Intérieur. Ces deux données pourraient battre des records à la fin de la saison.
Les quelques mesures annoncées par le ministère de l’Intérieur n’ont pas chamboulé les tribunes françaises. Depuis plusieurs semaines, c’est surtout un fossé qui est en train de se creuser entre les supporters et les autorités. Avec l’ancienne ministre des Sports, les échangent étaient réguliers et beaucoup plus faciles entre les différentes parties prenantes. Aujourd’hui, ils sont inexistants. Pourtant, Amélie Oudéa-Castéra n’avait pas hésité à lancer un moratoire la saison dernière après la mort par arme blanche d'un supporter du FC Nantes juste avant une rencontre face à Nice. Mais la discussion était possible, notamment lors des plénières de l’Instance Nationale du Supporterisme.
"Une forte baisse des interpellations"
Dans son rapport de la mi-saison 2023-2024, la DNLH notait une "hausse globale des interdictions de stade", notamment au niveau des interdictions administratives de stade qui sont passées de 63 en 2022-2023 à 148 en 2023-2024. Au même moment, la DNLH note "une forte baisse des interpellations" en Ligue 1 et en Coupe d’Europe. Passant de 246 interpellations en Ligue 1 en 2022-2023 à 131 en 2023-2024. En revanche, à la même date, l’utilisation des forces de sécurité intérieure est toujours très importante sur ces dernières saisons, ce qui irrite le ministre de l'Intérieur. Mais pour le moment, peu de solutions existent pour abaisser le nombre de policiers et gendarmes mobilisés autour des matchs de football en France. Au même moment, le nombre d’arrêtés d’interdiction de déplacement des supporters adverses explose. Ce qui démontre que même sans des supporters adverses dans une rencontre de football, le nombre de policiers et gendarmes mobilisés reste sensiblement le même. La DNLH expliquait quand même qu'il y avait une "aggravation de la nature des faits violents commis malgré une baisse des faits constatés".
Dans les prochaines semaines, plusieurs rencontres sensibles sont programmées en France, notamment un Brest-PSV Eindhoven à Guingamp. Les arrêtés d’interdiction de déplacement des supporters devraient pleuvoir.