Ligue 1: Michy (syndicat des clubs pros) appelle le foot français à la "décence"

Dans cette période de crise sanitaire, la solidarité est-il un vain mot dans le football?
Effectivement, la médiatisation du football et l’intensité de la lumière peuvent déformer l’humain de temps en temps. Donc on a des comportements un peu particuliers. Ce qui est important dans la vie, dans une période délicate comme celle-ci où il y a des milliers de morts, des gens à l’hôpital, des familles endeuillées, il faut minimum de décence et savoir tendre la main quand l’autre en a besoin. Laurent Nicollin (président du Montpellier HSC, ndlr) l’a très bien fait deux fois en collège de Ligue 1 et en conseil d'administration. On a aujourd'hui dix ou onze clubs qui sont dans cette optique là. Et il y a un certain nombre de clubs qui ne veulent pas tendre la main. Ceux-là, les gens qui les dirigent, ne sont pas propriétaires. Un décalage existe. Il faut que tout le monde retrouve un peu de sérénité. C’est dommage de montrer ce visage du football pour des questions pécuniaires. Aujourd’hui, les moyens existent en partie et il y a une notion de répartition.
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Le déplafonnement des droits TV voulu par la Ligue 2 a été refusé par la Ligue 1. Une solution est-elle encore possible?
Il faut l’unanimité. Si les clubs de Ligue 1 avaient voulu, on aurait pu l’obtenir. Maintenant, il y a un groupe de travail sous l’égide de Noël Le Graët, patron du football en France, qui souhaite que des choses aboutissent. Il faut passer un étage au-dessus: sortir de ces discussions abruptes et qu'une notion humaine se dégage. Parce qu’il y a des valeurs dans le sport et c’est quand même au sport de montrer qu’elles existent. Et pas d’être dans un déchirement permanent, comme ça existe depuis de nombreuses années.
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Plusieurs clubs vont être en difficulté. Est-ce cela qui rend nerveux les présidents?
Il est normal que chacun défende son club, que chacun prenne la méthode qu’il souhaite. Des filières économiques en difficulté, aujourd’hui, il y en a beaucoup. Des entreprises vont malheureusement fermer leurs portes, des gens n’auront plus de boulot… Là, on est dans un étage où les choses fonctionnent, avec des investisseurs et des propriétaires de club qui ont remis de l’argent. Je suis plus sur une notion philosophique entre guillemets, même si elle peut paraître utopique. Il faut d’abord que chacun reprenne un peu de sérénité dans le sujet. Et que ce soit pas des discussions qui existent depuis très longtemps et n’aboutissent pas.
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Il y a-t-il un problème de gouvernance dans le football français?
Le mille-feuilles est trop important. Il y a tout un tas de strates, de cabinets entre guillemets fantômes qui s’installent, parce que chacun a ses intérêts propres en fonction de son classement et autres. Ce n’est pas choquant, mais pas conforme à la viabilité à long terme. C’est un vrai sujet.
Avez-vous envie de continuer dans cette aventure, en tant que président de l'UCPF?
Je suis toujours mandataire social à Clermont, parce que j’ai une petite action. Ahmet Schaefer, qui a repris le club, a souhaité que je reste dans les instances. Je devais y rester jusqu’au mois de mai de l’année dernière, mais un certain nombre de clubs de L1 et de L2 ont demandé à ce que je reste à l’UCPF. J’ai accepté à partir du moment où on pouvait être utile, mais il y a un moment aussi où le monde change et les hommes doivent changer. Moi aussi, je vais laisser ma place pour que d’autres essaient de faire avancer le bateau. J’ai un côté plutôt rural, mais un certain nombre de ciomportements ne sont pas dans mes valeurs et il faut aussi laisser ma place, je n’ai pas d’ego. Je peux vivre tranquillement sans m'occuper de football, j’ai d’autres activités assez lourdes et sympathiques.
Mais c’est un beau milieu, avec des gens très intéressants. C’est ce qui est très dommage, quand on voit la qualité de tous les hommes autour des tables et dans les différents clubs et qu’on assiste à des foires d’empoigne. Ce n’est pas normal. Je ne vais pas tirer sur l’ambulance. Simplement, il faut que chacun se reprenne. Je n’ai pas de leçons à donner, je suis très détendu sur le sujet. Il y a de très grands présidents. Jean-Michel Aulas est un vrai stratège. Des gens ne l’aiment pas, d’autres oui... Il défend sa boutique. Chacun a ses méthodes. Olivier Sadran a dit qu’il voulait rester en Ligue 1. Ok, très bien. Mais la règle fait que la Ligue 1 c’est 18 à 20 clubs. La Ligue 2, c’est 20 à 22. C’est le règlement. Il faut aussi que chacun ait une connaissance exacte des règles et accepte de les appliquer.
Est-ce qu'on aide mieux certains clubs que d'autres?
D’après ce que je sais, 67% de l’aide du prêt garanti par l'État sera pour, je dirais, 20% des clubs. Aujourd'hui, 11 ou 12 clubs de Ligue 1 sont favorables au déplafonnement des droits TV. Un certain nombre, les grands clubs notamment, ne le sont pas. Dans les favorables, il y a beaucoup de propriétaires. Dans les non-favorables, il y a peu de propriétaires. Ils font bien leur travail, aussi, parce qu’ils défendent leur actionnaire.
Pensez-vous que la FFF va refuser la Ligue 2 à 22 clubs?
Il y a des règles et la Fédération utilisera les règles qui lui permettent de prendre une décision favorable ou défavorable. On peut considérer que, même avec une décision défavorable, les clubs continueront d’essayer d’avoir un avis du CNOSF ou d’une autre structure d’arbitre qui permettrait aux gens d’aller au bout de leur demande.
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N'y a-t-il pas un risque de jurisprudence?
Pas obligatoirement. Noël Le Graët a très bien dit qu’il fallait regarder très précisément la réglementation. Celle de la Ligue 2 permet d’être entre 18 et 22. En Ligue 1, c’est de 18 à 20. Je ne sais pas pour les différentes divisions amateur, c'est certainement quelque chose de très compliqué. Faisons confiance à la Fédération et aux structures qui nous dirigent et qu’on ne remette pas toujours en cause, comme c’est souvent le cas, les décisions prises.