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Nantes: la lutte pour le maintien, son avenir en sursis, le PSG... les confessions de Kombouaré

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Antoine Kombouaré en avait fait la promesse il y a plusieurs semaines: répondre à notre demande d’entretien individuel avant le match face au Paris Saint-Germain ce samedi (21h). Un engagement tenu malgré le contexte sportif défavorable pour le FC Nantes (neuf rencontres sans victoire), un avenir incertain, des incidents en tribune lors du dernier match face au Havre et un calendrier à venir de haut vol (Paris, Brest, Rennes, Lille et Monaco). Un échange serein avec un coach toujours incisif.

Même l’alarme de la Jonelière qui s’est déclenchée après quelques minutes de discussion n’aurait empêché Antoine Kombouaré de perdre son sourire. "Tout le monde va pouvoir dire qu’il y a le feu à la Jonelière!", s’amuse l’entraîneur des Canaris dans une mauvaise passe actuellement. Et quand on le remercie d’avoir maintenu le rendez-vous malgré la situation délicate de son équipe le coach garde sa ligne de conduite.

"Il faudrait que je vienne parler que quand ça marche? Que quand je gagne? Non, j'ai promis que je ferai cet entretien donc je me tiens là, face à vous, et j'assume. Je suis en souffrance sportive par rapport aux résultats, par rapport au travail que l'on met en place en ce moment. Je vis mal la situation. Mais, en revanche, il faut que je vienne ici, parce que c'est ma nature. Je suis l'entraîneur qui doit montrer l'exemple, qui doit donc, aujourd'hui, remonter l'équipe, trouver les solutions avec le staff."

Un entraîneur en sursis mais toujours combatif

S’il est un reproche qu’on peut difficilement faire à l’entraîneur des Canaris, c’est de manquer de courage. Après la défaite 0-2 face au Havre dimanche soir c’est une petite phrase dans un article de la presse locale cette semaine qui l’a fait sortir de ses gonds. "Tu peux tout dire: il n'a pas de solution, ce n’est pas un bon tacticien, il n'y arrive pas, donc c'est compliqué... Mais de dire que moi je suis résigné, que je ne suis pas combatif ça me met en rogne. Peut-être que je suis un peu maso mais plus c'est dur, plus je vais être combatif. Je ne vais jamais être résigné."

L’entraîneur kanak a donc distillé toute la semaine son énergie à son groupe avant un déplacement dans la capitale qui pourrait s’intituler "mission impossible". Et même si ses nuits sont plus agitées actuellement, le sexagénaire n’est pas du genre à se plaindre. "Bien sûr qu’on n'est pas content de ce qu’on propose. Je ne dors pas bien, c'est mon problème. Et puis, c'est qu'un problème de foot. Il y a des gens qui le 10 du mois se disent comment je vais faire? J'ai froid, je ne peux pas me chauffer... J'ai vécu récemment la perte de mon père. Là, le cœur a saigné. Je n'ai jamais eu autant mal de ma vie. C'est ça, la vraie souffrance."

Le limogeage au PSG comme un déclic

Il faut dire que depuis le 22 décembre 2011, Antoine Kombouaré a appris à relativiser. Ce jour-là, le coach du PSG champion d’automne avec trois points d’avance sur Montpellier, qui deviendra champion six mois plus tard, est limogé et doit céder sa place à Carlo Ancelotti. "À partir du moment où j'ai vécu cette situation, j'ai compris qu'il fallait que je sois armé et que j'accepte l'idée qu'à tout moment, un dirigeant pouvait appuyer sur un bouton et dire, 'c'est fini pour toi Antoine, la porte de sortie est là'. J'ai beaucoup appris de cette expérience. Je me suis dit maintenant, bien sûr tu peux être viré parce que tu as des mauvais résultats, mais tu peux aussi être premier et être viré. Je ne dis pas que je le vis bien, mais tu acceptes mieux et tu passes vite à autre chose."

Malgré ce tournant, les souvenirs parisiens sont nombreux. Et ce samedi, à l’approche du Parc des Princes, il espère que ses joueurs capteront les ondes positives qu’il peut dégager. "Il y a toujours une émotion particulière et des souvenirs qui reviennent. J'ai le sentiment qu'on a toujours livré des matchs intéressants face au PSG. Peut-être parce que les joueurs savent que j'ai été un joueur là-bas, un entraîneur dans ce club. Peut-être qu’ils font un peu plus pour me faire plaisir. Ils savent que, de toutes façons, si tu arrives et que tu n'es pas prêt à courir, à défendre, tu peux prendre une belle gifle."

Une victoire en trois matchs pour garder son poste

Les Nantais ont donc profité de la semaine pour travailler en courant derrière le ballon avec un staff qui a axé son travail sur la frustration qui accompagne souvent les confrontations avec le leader du championnat. Antoine Kombouaré, lui, ne veut pas s’intéresser à son avenir. Mais à la question "que faudrait-il pour qu’il soit toujours entraîneur des Canaris début janvier ?", la réponse fuse quasiment.

"Pour moi, il faut gagner au moins un match. Je ne sais pas lequel, parce qu'il y a trois rencontres difficiles qui nous attendent. Il y a le déplacement à Paris, la réception de Rennes, gros derby, et puis un autre derby, avec le déplacement à Brest. Il faut gagner au moins un match et essayer d'arriver à 13 points. C'est l'objectif." Un calcul personnel qui laisserait malgré tout le FC Nantes dans le dernier tiers du classement avec la promesse d’une fin d’hiver encore délicate. Antoine Kombouaré espère bien être de ce combat-là.

Pierre-Yves Leroux